Il automne - Inoxtag !
Feuilles d'automne
191e devoir de Lakevio du Goût
Une photographie, un peu jaunie, des participants au devoir du lundi datant de l'été 2016 est accrochée ICI, pour l’éternité…
La consigne :
Cette toile d’Anne-Françoise Coloumy, à défaut d’être nette, me renseigne.
Ce n’est pas la première fois que je vous propose de raconter une histoire sur une toile de cette dame.
Cette fois, je vous en demande une autre à propos de la toile qu’elle a peinte et que je soumets à votre imagination.
Comme vous, j’espère en savoir plus lundi…
Consigne proposée par Le Goût ICI
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Danser sur le toit du monde
Vendredi 13, nous avons dévalisé notre compte en banque et écumé les points de vente proposant des billets à gratter ou à tirage au sort. Le mauvais sort jeté sur nous par quelques voisins envieux a fortement gangrené nos chances de gains. Nous avons promptement annulé les agapes prévues « Chez Chose », restaurant couvert de constellations, gastronomie fine, un plat signature souvent imité jamais égalé, la fricassée de hérisson au jus de crocodile sauce gribiche. Ce désistement d’ultime minute est facturé au prix d’une bouteille de Romanée Conti. Nous avons recentré nos appétits sur un restaurant proposant de la nourriture à emporter ou, moyennant un généreux pourboire, à consommer sur place. « Chez Truc », qui imite les recettes de chez « MD », la carte décline le pain farci d’un steak haché couvert de légumes pour le prix d’un Pétrus d’une année gâchée par le gel et la grêle.
Un vendredi 13 qui confirmerait que le 13 ne porte pas chance et, qu’au lieu d’hypothéquer sa fortune dans des placements à haut risque dans des jeux de hasard, faire la sieste en compagnie du chat apportera un gros capital sur le plan de la santé mentale.
Nous avons terminé cette journée désastreuse en nous précipitant dans le premier cinéma venu. La salle obscure affichait complet, moyennant quelques dessous de table, nous avons rejoint une cohorte de spectateurs, des gamins surchauffés, pour voir, en séance unique, un documentaire qui fera demain le buzz sur une plateforme de mise en ligne de vidéogrammes. « Kaisen - un an pour gravir l’Everest » est un documentaire qui raconte la préparation physique et psychologique à une aventure risquée, l’ascension de l’Everest, d’un jeune gars de 21 ans. Le documentaire dévoilera si l’expédition parviendra à toucher le ciel depuis le toit du monde. Ce jeune qui bouscule les codes de l’alpinisme, les codes tout court, ce jeune qui dérange, on aurait préféré le voir passer ses journées devant sa console de jeux ou traîner dans les rues plutôt que de réaliser son rêve, ce jeune avait pris soin de fermer ses réseaux sociaux dès son arrivée dans l’Himalaya. Ce soir sur les toiles de cinéma et demain sur la toile virtuelle seront projetées les images de cette folle aventure. Absent pendant plusieurs mois du monde numérique le jeune intrépide a laissé courir les nouvelles les plus farfelues ou les annonces les plus invraisemblables qui affolaient les réseaux à son sujet. Ce gars aux 10 millions de suiveurs est un génie de la communication, son nom inonde depuis des semaines les écrans.
Nous regagnons nos pénates peu après minuit dans une banlieue au décor et à l’atmosphère d’un Vendredi 13 énième mouture. Une pile de cartons, cartons soigneusement pliés et attachés par paquet de quinze, nous attendent devant l’entrée de la maison. Dans la nuit ces amas cartonnés ressemblent à des zombies, ces morts vivants avides de vivants.
En ouvrant la porte du salon l’épouvante nous saisit. Au-dessus de la cheminée, le grand miroir au cadre doré reflète un désordre indescriptible. La bibliothèque semble dévastée, des livres par dizaine trainent sur le sol, les portrait de famille sont décrochés. Un négligé de soie est accroché à un escabeau de quatre marches, escabeau qui encombre la pièce. Nous soupirons. Dès potron-minet nous nous y mettrons, remplir les cartons empilés devant la porte.
Ce soir, on déménage !
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15 septembre
dimanche
Avant de remplir les cartons, croisière sur le lac de Thoune à bord du MS Berner Oberland, la plus grosse unité de la BLS. Ce géant des lacs peut accueillir 1000 passagers. Nous croisons le mythique bateau à vapeur Blümlisalp.
et cetera desunt