Chez Placide - Tence
Publié le 12/12/2011 à 06:00 Journal Le Progrès
Tence. Avec la fermeture définitive de cette institution gastronomique, un pan de la richesse patrimoniale du Haut-Lignon vient de s’effondre
L’année 2011 restera empreinte de tristesse dans les annales des gourmands et gourmets de la région. Elle aura en effet vu s’achever l’histoire de l’Hostellerie Placide, à Tence. Véritable institution, l’établissement appartenait à la richesse patrimoniale du Haut-Lignon : en quatre générations, l’enseigne s’était mitonnée une fameuse réputation avec ses maîtres successifs qui perpétuaient l’âme de la maison, un souffle indissociable de son fameux « pain d’écrevisse ». Ce n’est plus aujourd’hui qu’un délicieux souvenir.
Il faut remonter à l’an 1900, date de la création de l’Hôtel Chol, près de la gare. Tandis que son mari assurait, en diligence, le va-et-vient des voyageurs du train à vapeur, Antoinette, la maîtresse du logis, se tenait aux fourneaux et accommodait les plats : c’est elle qui imagina la recette du fameux « pain d’écrevisses ». La réputation de l’auberge de la route d’Annonay avait dépassé largement les frontières, puisqu’à cette époque, des clients séjournaient plusieurs mois, venus des colonies comme l’Indochine ou l’Afrique du Nord.
L’établissement connaissait un nouvel essor avec le mariage, en 1920, d’une fille de la maison, Marinette, avec un Yssingelais, Armand Placide (lire par ailleurs). L’hôtellerie agrandie devint le Grand Hôtel Placide. Puis l’Hostellerie Placide subit encore des transformations avec le fils Placide, Jean, et son épouse Simone. Solidement enracinés sur les bords du Lignon, ils en avaient fait un havre de paix et de succulence culinaire. Ils avaient enrichi l’esprit d’une étape, d’un logis qui puisait ses inspirations dans la large palette de produits qu’offrait la région : avec des recettes riches en saveur et en authenticité qui pouvaient se décliner à l’infini et avec beaucoup d’émotion. Celle que l’on partage toujours avec plaisir autour d’une bonne table.
C’était, depuis toujours, une devise pour Pierre-Marie Placide qui avait grandi au milieu des casseroles et avait coiffé la toque des artisans du goût : depuis plus de vingt ans, il avait mis du relief à la bonne cuisine vellave. Mais les aléas de l’existence ne font pas toujours bon ménage avec la passion d’un métier.
Le journal Le Progrès