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Rêveries
23 janvier 2017

La Pastorale

Nota Bene: le samedi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style. Lakevio, c'est à cette adresse: www.lakevio.canalblog.com

Paul Rafferty - Hydrangeas contre-jour
Paul Rafferty  "Hydrangeas - Contre-Jour"

La Pastorale

Allegro ma non troppo
Erwachen heitererEmpfindungen bei der Ankunft auf dem Lande 

Eté 1900, la porte-fenêtre du petit salon est ouverte, les arbres du parc de la villa Si-Ma-Y frisent avec légèreté, une bise mollissante chasse quelques nuages. Un guéridon, un fauteuil tapissé d'une toile moutarde, sont les seuls meubles de cette pièce. Accroché au mur, à gauche de la porte-Fenêtre, un tableau représentant un paysage alpestre, signé Alexandre Calame.
Sur le guéridon un bouquet d'hortensias roses, une peinture miniature encadrée, une boîte en bois, achetée  à Pékin en 1898, un pied en bois de dimension modeste, sur lequel se fixe un lutrin. 
Une douce chaleur pénètre dans cette pièce à contre-bise. Iris, sans bruit, fit le tour du salon. Elle retira ses gants en dentelle. Innocemment, elle passa son indexe sur le guéridon; aucune trace de poussière. On joue du piano dans la galerie. Le frère d'Iris massacre la version pour piano de la symphonie numéro 6 de Beethoven. Iris est heureuse, son frère lui fera visiter l'exposition universelle, à Paris. Elle saisit la peinture miniature et eut un sourire  amusé, elle représentait...


Andante molto grosso
Szene am Bach 

...Un petit salon de style anglais début du siècle. Un poste de T.S.F. était allumé dans la salle à manger. Par les portes ouvertes, on entendait le speaker annoncer un concert enregistré sur disques phonographiques le 8 janvier 1938 à New-York. Toscanini dirigera la 6e symphonie de Beethoven. Iris était dans le petit salon. Elle arrangeait un bouquet d'hortensias dans un vase en verre rose. Il trônait sur un guéridon, à côté d'une boîte en bois, souvenir de l'exposition universelle de 1900 à Paris. Ce guéridon était un  des seul meuble, avec un fauteuil en toile moutarde visible dans cette pièce. Son frère entra dans le petit salon par la porte-fenêtre, elle donnait sur le parc. A gauche de la porte-fenêtre était accroché un tableau intitulé "La femme qui pleure" signé Picasso 1937. 
On entendait le murmure du ruisseau qui traversait la propriété. "Il parait qu'Arturo à des colères légendaires, les musiciens le craignent", dit Iris en tentant de mettre de l'harmonie dans le bouquet d'hydrangeas. 
Le mois de juillet s'annonçait beau. En cet été 1938, l'air était irrespirable en Allemagne. Iris avait décidé d'émigrer à Buenos Aires. Elle tentera une dernière fois de convaincre son frère de la suivre lors du souper.
Elle aimait le chant des oiseaux, le bruit du ruisseau, le bruissement des feuilles des arbres, une quiétude,ici, à la campagne, qui n'existait pas à Berlin.
I
ris saisit une peinture miniature que cachait le vase. Elle sourit, amusée, elle représentait...


Allegro
Lustiges Zusammensein der Landleute 

...Un petit salon à la mode anglaise du début du siècle. Un guéridon occupait le milieu de la pièce complété par un fauteuil en toile moutarde. Une porte-fenêtre donnait accès au parc. Un des battants était ouvert. On entendait au loin les rires et les chants d'une noce paysanne. Le mois d 'août s'achevait et la journée avait été magnifique. A gauche de la porte fenêtre était accroché un tableau, "Les constructeurs, état définitif", huile sur toile de Fernand Léger achevée en 1950. Cette toile complexe ne plaisait pas à Iris qui arpentait le petit salon. "Mon frère se damnerait pour des oeuvres modernes qui n'ont pas de sens" soupira-t-elle en admirant un bouquet d'hortensias qui trônait, dans un vase en cristal de baccarat, sur le guéridon. Il y avait également une boîte en bois, noire laquée, ramenée de Chine à la fin du siècle passé par un oncle, mort depuis longtemps et une petite peinture miniature.
Un électrophone, installé dans la bibliothèque voisine, diffusait la Pastorale de Beethoven. La pochette du microsillon, procédé nouveau, indiquait que  Furtwangler dirigeait l'orchestre  philharmonique de Berlin. L'enregistrement en direct datait du  23 mai, juste avant le début de cet été 1954. 
Iris saisit la peinture miniature et eut un sourire  amusé, elle représentait...


Allegro
Gewitter - Sturm 

... Un petit salon meublé à l'anglaise de façon fort spartiate, on pouvait voir un guéridon et un fauteuil de toile moutarde. Une porte-fenêtre permettait de sortir dans le parc. A gauche de  la porte-fenêtre, était accroché un tableau, "White Light", un Pollok de 1954. Le guéridon était encombré; un vase avec quatre hortensias roses, une boîte en bois, une étoile de mer, un tableau miniature et les gants d'Iris ne laissait guère d'espace pour poser un livre. 
Cette journée d'été 1962 était orageuse. Un transistor, posé sur la table de la cuisine avait le volume poussé au maximum. "Mon frère exagère" pensa Iris. La 6e de Beethoven déversait le fracas de l'orage sur une campagne auparavant riante. George Szell dirigeait l'orchestre de Cleveland. Il s'agissait d'un enregistrement studio datant du début de l'année.
Iris ferma la porte-fenêtre. Une forte pluie s'était mise à tomber. On voyait des éclairs au loin. La retransmission du concert était émaillée de grésillement du à l'orage. 
Iris saisit la peinture miniature, sur le guéridon et eut un sourire  amusé, elle représentait...


Allegretto
Hirtengesang. Frohe und dankbare Gefühle nach dem Sturm

...un petit salon au charme désuet. Les rares meubles de la pièce sont probablement d'origine anglaise du début du siècle passé. Il y a un guéridon, sur lequel est posé un vase en plastic. Des hortensias artificiels y trouvent place, ils sont de couleur vieux rose. A côté du vase, une boîte en bois, laquée noire, probablement ramenée de Chine à la fin des années 1800. Une carte postale encadrée, photographie d'un tableau connu
Une porte-fenêtre permet d'accéder au parc. A gauche de cette porte-fenêtre est accroché une toile de Paul Rafferty intitulée  "Hydrangeas - Contre-Jour". L'ameublement sommaire de cette pièce est complété d'un fauteuil en toile moutarde. 
Iris ouvre la porte fenêtre. L'orage qui sévissait pendant la matinée s'est éloigné. Les arbres s'égouttent, le soleil est revenu et les oiseaux ont repris leur gamme.   
"Mon frère a oublié d'éteindre sa tablette" remarqua Iris. Elle était abandonnée sur le fauteuil. On y voyait la retransmission en direct de la symphonie numéro 6 de Beethoven. Un déroulant indiquait: Royal Albert Hall,  23 july 2012. Barenboim, impérial, dans cette immense salle de concert, s'épongeait le visage avec un mouchoir blanc, tout en gesticulant pour amener le West-Eastearn Divan Orchestra à bon port. Ce concert fait partie des mythiques Proms.
Iris saisit la carte postale encadrée, sur le guéridon et eut un sourire  amusé, elle représentait...

 

 

Notes: Crée le 22 décembre 1808 au Theater an der Wien de Vienne et publiée en avril 1809 chez Breitkopf & Härtel, la symphonie no 6 en fa majeur, opus 68, dite Pastorale, de Ludwig van Beethoven, est composée entre 1805 et 1808.

 

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Commentaires
V
Joli voyage dans le temps ; on vit l'Histoire à travers la leur...
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B
Quant à moi, je veux la suite ! Car j'étais bien partie pour continuer ce voyage dans le temps avec Beethoven et Iris !<br /> <br /> Quelle idée originale !
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Q
La Pastorale... (J'aime bien la 9ème aussi).<br /> <br /> <br /> <br /> Et le concerto L'Empereur... <br /> <br /> <br /> <br /> Ont beaucoup compté pour moi...
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Q
Je vais devoir relire ces différents mouvements... La Pastorale a beaucoup compté dans ma vie (il y a vingt ans, si pas un peu plus), un moment donné... Je ne sais pas ce que j'éprouverais si je la réécoutais... ... ... ... Que de poèmes j'ai écrits en l'écoutant !
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L
J'aime cette évocation du temps qui passe... Vos textes sont toujours si originaux. Lier les mouvements de la Symphonie aux époques différentes avec notes picturales à l'appui : du grand style ! Iris est un rêve perpétuel ; elle peut sourire de la carte imaginaire. Mais vous,avez-vous une idée de ce qui l'aurait amusé ?...<br /> <br /> J'aime vraiment votre devoir du lundi.
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E
Jolie idée pour le défi. Et suspens avec le geste d'Iris. A suivre ?
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P
Beethoven, envolées lyriques et... mystère et sourire amusé... on en saura peut-être plus une autre fois. Bravo à vous.
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J
J'aime toujours autant vos petits devoirs de Lakevio. Quel talent ! Une symphonie fantastique. Mais, qu'y avait-il sur la carte qui amène à chaque fois un sourire sur les lèvres de la belle ? Iris peut-être elle-même !!!!
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C
J'ai eu un sourire amusé en suivant les différents mouvements de La Pastorale ! merci pour cette belle immersion dans le temps !
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M
J'adore votre texte ! :-)
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L
Remarquable série de concerts !<br /> <br /> Tout aussi remarquable récit.
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H
Un voyage immobile, les chefs d'orchestre changent, la Pastorale reste.<br /> <br /> Que représente cette carte ?
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M
Virtuose et prenant voyage dans le temps.
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CINÉMA

- Mais... c'est l'intervention de cette grosse femme... C'est un ptit peu... enfin... ça va très loin.
- C'est là que je me rends compte que malheureusement, je vous ai beaucoup moins bien réussi que le porc.

Pierre et Thérèse.
Le père Noël est une ordure 

 

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Valéry

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