10 juin 2017
Nocturne
La mort est si proche
à chaque aube
que je la sens
monter en moi
comme un fleuve
souterrain
qui charrie
dans mon corps
ses éclats empoisonnés
la mort est si proche
quand je me tais
qu'il suffirait
d'une seconde d'oubli
pour qu'elle envahisse
mon sang
et me jette
dans une terre
sans soleil
Francis Giauque (1934 - 1965)
La nuit est bien avancée, la fenêtre de la cuisine est ouverte. J'écoute le Trio / Notturno, en mi bémol majeur, pour piano, violon et violoncelle "Triosatz" D897 de Schubert. Soudain, l'adagio débute et vous déchire l'âme. Le corps frissonne. Je suis mal barré, en écoutant cette musique d'une beauté vénéneuses, je lis des poèmes de Francis Giauque. Entre la musique et le texte, aucun répit pour le repos de l'esprit. Tout vacille, dans cette soirée d'été tiède. Des effluves du philadelphus montent du jardin. Ce parfum entêtant s'ajoute au spleen ambiant. Pour rompre ces tourments de l'âme, je plonge mes lèvres dans une petite tasse blanche, ma dose de ciguë, qui a pour nom café, m'y attend. Ce breuvage rompra le maléfice.
Au loin, un clocher égrène les douze coups de minuit...