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Rêveries
7 août 2017

L'été russe - Un été à Cumberland

Nota Bene: le samedi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style. Lakevio, c'est à cette adresse: www.lakevio.canalblog.com

James Durden, été à Cumberland (1925)

Un canapé coudé en toile était adossé à la baie vitrée. Au loin, on voyait un paysage de plaine, de lac au pied de montagnes abruptes. Les couleurs étaient celles d'un été finissant, tirant sur le jaune et l'ocre. Devant le canapé, une table basse nappée de blanc sur laquelle reposait un plateau garni de tasses, soucoupes, théière et coupelles remplies de biscuits signalait au chat, qui ne se trompait jamais en matière de gastronomie, que l'heure du goûter avait sonné. Yvonne et Eva s'assirent de part et d'autre du canapé. Le chat jouait le séducteur, il savait qu'il gagnerait quelques miettes du festin. Un diamant, à la vitesse de 33 tours et demi minute, sillonnait un vinyle.
Le haut parleur situé au-dessus de la machine à café... [Ce plan a été intégré par erreur. Ceux qui suivent l'actualité auront reconnu un fragment de l'Adriano's bar. Le lobby du café a imposé à la production cette fraction de seconde subliminale.] La musique de Mozart emplissait la pièce. Marc arrivé de l'extérieur se tenait dans l'embrasure de la fenêtre ouverte. Yvonne remplit les tasses d'un thé vert japonais de premier ordre, un Sencha No5 de la région de Kagoshima, cueillette 2016, et tendit une tasse reposant sur une soucoupe à chacun. L'Été, le bel été dansait. Vieillissant, il ne tarderait pas à disparaître, rongé par l'automne qui en catimini prenait ses marques. L'image se figea, le mot FIN apparut en surimpression, les lumière se rallumèrent. Trois secondes de silence, qui parurent des siècles, s'égrenèrent avant que les 8000 spectateurs de la Piazza Grande, debout, ne fassent une très longue ovation au film "Un été à Cumberland". Une fois encore, la magie de la place avait agit. La voûte étoilée avait inspiré les spectateurs. Ce qui, selon les rumeurs, devait être un navet, un film de série Z, était un chef-d'oeuvre. Les réseaux sociaux étaient saturés, le public applaudissait depuis une demi-heure. "Un été à Cumberland" semblait bien parti pour obtenir le Léopard d'or. Le 70ème Locarno Festival - Films battait son plein. Il se produisit ce dimanche soir 6 août un événement qu'aucun festivalier n'avait jamais vécu et qui probablement ne se reproduirait pas avant septante ans, le film fut projeté une seconde fois. Minuit sonnait au clocher d'une église voisine de la place. Le chat du film, grisé par le triomphe dévorait des sardines en cachette au "Bar de l'entracte". Il flottait un air de fête sur la Piazza Grande. Le cinéma n'était pas encore mort.

 

NOTES:
Le Locarno Festival-Film se déroule cette année du 2 au 12 août.
En plus des sept salles de cinéma utilisées, la Piazza Grande peut accueillir chaque soir jusqu’à 8 000 personnes. La récompense principale décernée par le jury est le Léopard d'or (Pardo d'oro).
Plus d'infos: https://www.rts.ch/info/culture/cinema/8806501-le-festival-du-film-de-locarno-fete-ses-70-ans.html

(Photos tirées de la toile)

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Commentaires
V
Bonne nouvelle ! Nous pourrons nous délecter encore longtemps de savoureuses scènes projetées sur grand écran. Bonne semaine.
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C
Excellent Jean-Jacques ! passez une belle semaine !
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L
Jean-Jacques, ce texte touche au sublime. j'ovationne complètement l'enchantement de la séquence de fin, y compris le message subliminal. Absolument génial.
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M
Superbe, belle toile!!! Bise, bon mardi dans la joie!
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H
Je lis ton texte et immédiatement je revois un film de Woody Allen, l'esthétique et les couleurs de Magic in the moonlight.
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L
Bravo !
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- Mais... c'est l'intervention de cette grosse femme... C'est un ptit peu... enfin... ça va très loin.
- C'est là que je me rends compte que malheureusement, je vous ai beaucoup moins bien réussi que le porc.

Pierre et Thérèse.
Le père Noël est une ordure 

 

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