15 octobre 2017

Lignières, nuit 3/3

Lignières 2017

Chocs esthétiques
Le silence des six fontaines
Le silence du cimetière
Le silence dans la maison
Un nom, "Les Broues"
Un invisible lien relie cet écheveau d'histoires qui se diluent dans le temps.
C'est au cimetière, en parcourant les tombes, que les fils se démêlent.
Willy, mon grand-père maternel, membre fondateur avec 4 autres villageois de la fanfare en 1922, devenue "Brass-Band l'Avenir de Lignières", était aussi le fontainier jusqu'en 1968. Elles étaient belles à cette époque-là, les six fontaines. Elles avaient encore l'usage d'abreuvoir pour les vaches. En ce magnifique automne 2017, les fontaines ne chantent plus, les bassins sont vides. La pénurie d'eau a eu raison des jeux d'eau. Lentement, la pierre de ces fontaines s'effrite.
Adrienne, ma grand-mère maternelle, a tenu les orgues du temple de Lignières pendant 55 ans.
Roger, mon grand-oncle, repose avec son frère Willy.
Poursuivant le voyage dans le temps, en cheminant entre les tombes, on trouve Bernard et Madeleine, mon oncle et ma tante. Ils avaient habité quelques années aux Broues, dans la ferme qui avait été patrimoine familial.
Les grands arbres de l'allée, près du ruisseau, juste avant la route cantonale, ont été en partie abattus. Une nouvelle génération a pris racine entre les troncs à l'abandon. Ébranlé par cette coupe, dont j'ignore le motif, j'ai téléphoné sur le champs à ma soeur, qui, comme moi, adorait cet endroit. Ce lieu magique nous avait servi de décor pour le tournage de quelques plans d'un documentaire qui racontait une journée de ma grand-mère.  D'après l'état des restes, la scie a fait son oeuvre il y a longtemps. Il y a longtemps également que je n'avais pas marché jusque là. Quand je suis au village, mes pas me portent jusqu'à la fromagerie ou à l'épicerie. Je ne quitte guère le village historique. Aujourd'hui, j'ai erré aux quatre points cardinaux. Partout des maisons débordent sur les champs. Des voitures inondent les rues. Je n'avais pas voulu voir cette métamorphose, ce dimanche, je suis stupéfait par ces rues nouvelles. En soixante ans et quatre mois, le village a pris des allures de quartier urbains...
Il reste à se plonger dans "Le régent de Lignières" un roman d'Oscar Huguenin, paru en 1903, réédité en 1986...

Posté par jeanjacques1957 à 23:11 - - Commentaires [5] - Permalien [#]
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