Nuit 11/16 - Les mois d'hiver - Venise
Dans l'anthologie des poètes français contemporains, Paris Delagrave éditeur, 1918, c'est sous le nom de Madame Alphonse Daudet que sont reproduit deux poèmes de l'épouse de Daudet, extraits de "Reflets sur le sable et sur l'eau", Alphonse Lemerre, éditeur, 1903
L'un d'eux est un poème sur Venise.
En octobre 1985, j'ai eu un immense coup de coeur pour Venise. En 2004, j'ai eu un coup de blues en retournant dans cette ville aux souvenirs élouissants. La ville était devenue un attrape-touristes. Les chats qui 19 ans plus tôt erraient partout avaient disparu. Je ne pense pas que je retournerai à Venise.
MADAME ALPHONSE DAUDET
VENISE
Vieux canaux, vieux palais, et vieux ponts sur l'eau morte
Où des ombres s'en vont hâtives et drapées
Si fièrement, et se posant de telle sorte,
Qu'on croit voir aux haillons luire des blancs d'épée !
Cela passe et s'engouffre au coin de quelques portes,
Cependant que le flot sur les pierres trempées
Pleure, et noircit de tout ce qu'il porte et rapporte
Les maisons, de mystère ancien enveloppées.
Ce n'est plus la Venise inclinant ses façades
Vers Saint-Georges enflammé d'un couchant toujours rose,
Et mirant des balcons, des toits, des colonnades
Au grand canal, où glisse, avec les sérénades,
La gondole qui porte en ses voiles moroses
Le deuil silencieux et persistant des choses !
(Reflets sur le sable et sur l'eau.)