Les fleurs du mal
Le chat de la roseraie est en pleine préparation du souper de la tomate au chocolat pour les fêtes du printemps.
Photographies du haut, les cerisiers du Japon à la roseraie. La floraison magnifique est éphémère. C'est magique. Toute la communauté d'Asie de la Ville fédérale et des environs accourt à la roseraie pour se plonger dans un extrême orient imaginaire.
Photographies du bas, un magnolia stellata près de la Gelateria di Berna
L'ENNEMI
Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?
— Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie,
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le cœur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
Charles Baudelaire
"Les Fleurs du mal"