65e été - Une silhouette
95ème Devoir de Lakevio du Goût (ICI)
Il s’en va.
Mais où ?
Pourquoi ?
Si vous avez une idée, faites-en part lundi…
-Vous êtes revenu ?
Elle avait ouvert la porte avec brusquerie. Elle resta bouche bée. La cage d’escalier était silencieuse, déserte. Elle en était certaine, elle avait vu l’ombre familière du voisin de l’étage du dessus passer devant la porte aux vitres dépolies de son appartement. Sans bruit elle s’approcha de la rampe d’escalier et jeta un regard vers le bas. Personne, pas le moindre souffle d’un déplacement.
Pendant des années, en sortant de sa chambre, elle avait vu depuis son vestibule au dimensions modestes, l’ombre devenue familière de ce qu’elle pensait être le voisin du quatrième. Le voisin silencieux du quatrième. Une silhouette svelte, vêtue d’un éternel blouson de cuir gris ou peut-être noir, qui passait devant sa porte lorsqu’elle sortait de sa chambre.
-Vous êtes revenu ? cria-t-elle une seconde fois.
Elle se décida, elle monta sur la pointe des pieds au quatrième étage. Elle était abasourdie, il n’y avait pas d’appartement au-dessus de chez elle. L’escalier finissait en cul de sac. Soudain, un souvenir lui traverse l’esprit. Un jour, elle était rentrée d’un voyage tôt le matin, et elle avait décidé d’attendre la silhouette familière assise dans le fauteuil qui trainait depuis des lustres dans l’entrée, au rez-de-chaussée. Elle avait attendu jusqu’à midi, personne n’était descendu. Le lendemain, la silhouette passait devant sa porte au moment où elle sortait de sa chambre.
Cela faisait plusieurs semaines maintenant que la cage d’escalier était silencieuse, sans ombre, sans silhouette.
Elle sursauta, un claquement déchira le silence. C’était la porte de son appartement qui venait de se fermer, poussée par un courant d’air. Elle redescendit au troisième et rentra chez elle. Personne n’habitait au-dessus de chez elle, il n’y avait pas d’appartement au quatrième.
Quand elle rentra de sa promenade quotidienne, elle trouva dans sa boîte aux lettres une carte postal. Le texte était court. Une plume à encre bleu royal avait tracé « Je suis un rêve ». Il n’y avait pas d’adresse. Elle retourna la carte. Elle resta pétrifiée. La photographie représentait la cage d’escalier et la silhouette familière qui descendait les marches. Elle retourna la carte, un texte publicitaire vantait les mérites d’un savon noir. Elle regarda une nouvelle fois la photo. Tout se passa très vite, la silhouette fit un signe de la main puis s’estompa. Un bon proposait une réduction pour l’achat de deux bouteilles d’un savon noir réputé.
En montant chez elle senti quelqu’un la frôler, sans doute un courant d’air pensa-t-elle.
-Vous êtes revenu ?