L'été de tous les dangers - Les mystères de la nuit
126ème Devoir de Lakevio du Goût
Cette toile de Vettriano me fait irrésistiblement penser à Baudelaire.
Je verrais bien un devoir qui commence par :
« Je logeais dans la maison du principal, et j'avais obtenu, dès mon arrivée, la faveur d'une chambre particulière »
Et qui finirait par :
« Néanmoins un moment de réflexion me décida à attendre la fin de l'aventure. »
Ça, ce serait chouette…
Ce devoir est proposé par Le Goût (ICI)
« Je logeais dans la maison du principal, et j'avais obtenu, dès mon arrivée, la faveur d'une chambre particulière »
Vers minuit un orage avait salué l’arrivée de l’été météorologique. La pluie parfois diluvienne avait cessé. Les horloges indiquaient deux heures. Un chat rasait les murs et de rares taxis chassaient l’eau du tarmacadam. Quelques fenêtres allumées, des rats dans une ruelle, un ivrogne trempé animaient cette nuit d’été naissant. La journée avait été chaude, la nuit moite, l’orage avait rafraîchi l’atmosphère.
Une fenêtre à guillotine était ouverte, le rideau de toile verdâtre n’avait pas été tiré. On pouvait voir à l’intérieur d’une chambre d’hôtel. Le mobilier était sobre. Une penderie, une lampe de chevet allumée diffusant une faible lumière, un lavabo à côté de la porte et un lit en bois massif composaient un décor désuet.
La tête reposant sur deux oreillers, un homme était allongé sur le lit. Vêtu d’un pantalon noir, d’un gilet bordeaux et d’une chemise d’un blanc différent de la literie, il lisait une lettre. Sa jambe gauche était repliée vers le bassin. Il fumait une cigarette. La fumée grisâtre montait en volutes en direction du plafond.
L’incipit de la lettre le plongea dans la rêverie et l'homme relâcha son bras droit qui se posa sur le bord du lit. La lettre se balançait mollement au bout de ces doigts. On pouvait y lire la dernière phrase,
« Néanmoins un moment de réflexion me décida à attendre la fin de l'aventure. »