Un automne masqué - Nuit 7/18 - Beethoven
La cuisine est faiblement éclairée. Par l'œil de bœuf entrouvert arrivent les rumeurs de la ville, l'odeur des masques chirurgicaux qui gisent dans le caniveau. Après usage, les voyageurs mettent bas les masques. il est aussi possible d'entendre les cris de Paola, la chatte des voisins du dessous, qui défend le jardin.
Le petit poste à galène, posé sur un coin de la table, diffuse le "triple concerto" de Beethoven. Le concert a été gravé sur des disques de cire lors d'une exécution au festival de Salzburg en 2009. Martha est au piano, les frères Capucon au violon et violoncelle, Gustavo Dudamel à la baguette et le "Simon Bolivar Youth Orchestra of Venezuela" restitue les notes écrites par Beethoven.
Dehors, la lune est belle, sa rondeur est presque atteinte. Sur la gazinière, la cafetière italienne fume tandis que le petit poste à galène diffuse le largo. Les araignées qui tissent des toiles numériques dans les coins de la cuisine sont bercées par ce mouvement lent.
Un printemps au temps du coronavirus - S'improviser pizzaïolo
Vendredi, ce fut pizza !
Ingrédients :
150g de farine.
Choisir, si il y a des intolérants au gluten à la tablée, une farine composée de farine de soja, farine de lin, farine de pois, poudre à lever, cosses de psyllium et sel. On trouve des paquets de cette farine, fabriquée en Allemagne, commercialisée par Erdschwalbe. C'est un produit bio.
Coulis de tomates
Mozzarella
Jambon
Shitake
Préchauffer le four
Verser la farine dans le bol d'un robot (R2-D2) ménager, ajouté de l'eau, un peu d'huile d'olive (extra vierge, première pression à froid etc ...) et robotiser 2 à 3 minutes. Rassembler la pâte en boule
Entre 2 feuilles de papier cuisson, abaisser la pâte aussi fine que possible.
Cuire à blanc ce fond de pizza avant de le garnir d'un peu de coulis de tomates, de mozzarella tranchées assez finement, mais pas trop, de jambon et de champignons shitake fraîchement poêlés.
Enfourner la pizza qui cuira pendant que vous mangez une salade de votre invention.
En guete
Les mois d'hiver - Émotion
Deux légendes...
Lugano, 2016
Martha Argerich, Seiji Ozawa -Beethoven,Choral Fantasy
La cérémonie du café
C'est un café "Candelaria", fraîchement grillé à l'Adriano's bar, qui coule dans les veines de la cafetière italienne; cafetière grande taille ce samedi soir. La 1ère symphonie de Beethoven passe en sourdine dans la cuisine.
Le mystère est complet au sujet de Léo, le chaton jaune des voisins du dessous. A-t-il été enlevé par la bande à Bader, est-t-il parti en TGV à Paris pour soutenir un candidat malheureux, qui fait campagne pour les présidentielles françaises du printemps prochain? Le président des Etats-Unis l'a-t-il bombardé ministre des félins issus de l'immigration? lit-il en catimini l'ultime numéro de L'Hebdo? L'Hebdo, c'est fini en ce début février, ainsi en a décidé Ringier, le propriétaire du titre. 1981-2017... Un journal qui meurt, c'est l'espace de liberté qui se rétrécit. Léo n'est-il tout simplement pas dans son lit en train de ronfler? Devant tant d'interrogations, une tasse de café est nécessaire... (Affaire à suivre)
P.-S. Pour le dîner, il y avait du lapin... à fourrure jaune!!!
La Pastorale
Nota Bene: le samedi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style. Lakevio, c'est à cette adresse: www.lakevio.canalblog.com
Paul Rafferty "Hydrangeas - Contre-Jour"
La Pastorale
Allegro ma non troppo
Erwachen heitererEmpfindungen bei der Ankunft auf dem Lande
Eté 1900, la porte-fenêtre du petit salon est ouverte, les arbres du parc de la villa Si-Ma-Y frisent avec légèreté, une bise mollissante chasse quelques nuages. Un guéridon, un fauteuil tapissé d'une toile moutarde, sont les seuls meubles de cette pièce. Accroché au mur, à gauche de la porte-Fenêtre, un tableau représentant un paysage alpestre, signé Alexandre Calame.
Sur le guéridon un bouquet d'hortensias roses, une peinture miniature encadrée, une boîte en bois, achetée à Pékin en 1898, un pied en bois de dimension modeste, sur lequel se fixe un lutrin.
Une douce chaleur pénètre dans cette pièce à contre-bise. Iris, sans bruit, fit le tour du salon. Elle retira ses gants en dentelle. Innocemment, elle passa son indexe sur le guéridon; aucune trace de poussière. On joue du piano dans la galerie. Le frère d'Iris massacre la version pour piano de la symphonie numéro 6 de Beethoven. Iris est heureuse, son frère lui fera visiter l'exposition universelle, à Paris. Elle saisit la peinture miniature et eut un sourire amusé, elle représentait...
Andante molto grosso
Szene am Bach
...Un petit salon de style anglais début du siècle. Un poste de T.S.F. était allumé dans la salle à manger. Par les portes ouvertes, on entendait le speaker annoncer un concert enregistré sur disques phonographiques le 8 janvier 1938 à New-York. Toscanini dirigera la 6e symphonie de Beethoven. Iris était dans le petit salon. Elle arrangeait un bouquet d'hortensias dans un vase en verre rose. Il trônait sur un guéridon, à côté d'une boîte en bois, souvenir de l'exposition universelle de 1900 à Paris. Ce guéridon était un des seul meuble, avec un fauteuil en toile moutarde visible dans cette pièce. Son frère entra dans le petit salon par la porte-fenêtre, elle donnait sur le parc. A gauche de la porte-fenêtre était accroché un tableau intitulé "La femme qui pleure" signé Picasso 1937.
On entendait le murmure du ruisseau qui traversait la propriété. "Il parait qu'Arturo à des colères légendaires, les musiciens le craignent", dit Iris en tentant de mettre de l'harmonie dans le bouquet d'hydrangeas.
Le mois de juillet s'annonçait beau. En cet été 1938, l'air était irrespirable en Allemagne. Iris avait décidé d'émigrer à Buenos Aires. Elle tentera une dernière fois de convaincre son frère de la suivre lors du souper.
Elle aimait le chant des oiseaux, le bruit du ruisseau, le bruissement des feuilles des arbres, une quiétude,ici, à la campagne, qui n'existait pas à Berlin.
Iris saisit une peinture miniature que cachait le vase. Elle sourit, amusée, elle représentait...
Allegro
Lustiges Zusammensein der Landleute
...Un petit salon à la mode anglaise du début du siècle. Un guéridon occupait le milieu de la pièce complété par un fauteuil en toile moutarde. Une porte-fenêtre donnait accès au parc. Un des battants était ouvert. On entendait au loin les rires et les chants d'une noce paysanne. Le mois d 'août s'achevait et la journée avait été magnifique. A gauche de la porte fenêtre était accroché un tableau, "Les constructeurs, état définitif", huile sur toile de Fernand Léger achevée en 1950. Cette toile complexe ne plaisait pas à Iris qui arpentait le petit salon. "Mon frère se damnerait pour des oeuvres modernes qui n'ont pas de sens" soupira-t-elle en admirant un bouquet d'hortensias qui trônait, dans un vase en cristal de baccarat, sur le guéridon. Il y avait également une boîte en bois, noire laquée, ramenée de Chine à la fin du siècle passé par un oncle, mort depuis longtemps et une petite peinture miniature.
Un électrophone, installé dans la bibliothèque voisine, diffusait la Pastorale de Beethoven. La pochette du microsillon, procédé nouveau, indiquait que Furtwangler dirigeait l'orchestre philharmonique de Berlin. L'enregistrement en direct datait du 23 mai, juste avant le début de cet été 1954.
Iris saisit la peinture miniature et eut un sourire amusé, elle représentait...
Allegro
Gewitter - Sturm
... Un petit salon meublé à l'anglaise de façon fort spartiate, on pouvait voir un guéridon et un fauteuil de toile moutarde. Une porte-fenêtre permettait de sortir dans le parc. A gauche de la porte-fenêtre, était accroché un tableau, "White Light", un Pollok de 1954. Le guéridon était encombré; un vase avec quatre hortensias roses, une boîte en bois, une étoile de mer, un tableau miniature et les gants d'Iris ne laissait guère d'espace pour poser un livre.
Cette journée d'été 1962 était orageuse. Un transistor, posé sur la table de la cuisine avait le volume poussé au maximum. "Mon frère exagère" pensa Iris. La 6e de Beethoven déversait le fracas de l'orage sur une campagne auparavant riante. George Szell dirigeait l'orchestre de Cleveland. Il s'agissait d'un enregistrement studio datant du début de l'année.
Iris ferma la porte-fenêtre. Une forte pluie s'était mise à tomber. On voyait des éclairs au loin. La retransmission du concert était émaillée de grésillement du à l'orage.
Iris saisit la peinture miniature, sur le guéridon et eut un sourire amusé, elle représentait...
Allegretto
Hirtengesang. Frohe und dankbare Gefühle nach dem Sturm
...un petit salon au charme désuet. Les rares meubles de la pièce sont probablement d'origine anglaise du début du siècle passé. Il y a un guéridon, sur lequel est posé un vase en plastic. Des hortensias artificiels y trouvent place, ils sont de couleur vieux rose. A côté du vase, une boîte en bois, laquée noire, probablement ramenée de Chine à la fin des années 1800. Une carte postale encadrée, photographie d'un tableau connu
Une porte-fenêtre permet d'accéder au parc. A gauche de cette porte-fenêtre est accroché une toile de Paul Rafferty intitulée "Hydrangeas - Contre-Jour". L'ameublement sommaire de cette pièce est complété d'un fauteuil en toile moutarde.
Iris ouvre la porte fenêtre. L'orage qui sévissait pendant la matinée s'est éloigné. Les arbres s'égouttent, le soleil est revenu et les oiseaux ont repris leur gamme.
"Mon frère a oublié d'éteindre sa tablette" remarqua Iris. Elle était abandonnée sur le fauteuil. On y voyait la retransmission en direct de la symphonie numéro 6 de Beethoven. Un déroulant indiquait: Royal Albert Hall, 23 july 2012. Barenboim, impérial, dans cette immense salle de concert, s'épongeait le visage avec un mouchoir blanc, tout en gesticulant pour amener le West-Eastearn Divan Orchestra à bon port. Ce concert fait partie des mythiques Proms.
Iris saisit la carte postale encadrée, sur le guéridon et eut un sourire amusé, elle représentait...
Notes: Crée le 22 décembre 1808 au Theater an der Wien de Vienne et publiée en avril 1809 chez Breitkopf & Härtel, la symphonie no 6 en fa majeur, opus 68, dite Pastorale, de Ludwig van Beethoven, est composée entre 1805 et 1808.
Le spleen de Berne - Fruits de saison
Les fruits de saison se bousculent au portillon, ils veulent tous un selfie. Ayant négligé d’inscrire sur mes listes de cadeaux de Noël ou d’anniversaire, la perche à selfie, je suis privé de cet accessoire absolument indispensable pour réussir une vie sociale épanouie et être dans le courant de la modernité. Je suis un « perdant magnifique », totalement hors sujet ! Je ne brandis pas mon téléphone portable, ma tablette ou mon téléviseur fiché à l’extrémité d’une baguette en bambou, pour faire des autoportraits compulsifs que je posterai ensuite sur ma chaine « Votre Tube » afin que mes 2 suiveurs me localisent 24/24. Je ne suis pas populaire sur le « gazouillis », je suis totalement inconnu, je ne suis rien. En revanche, j’ai de la ressource. J’ai emmené mon panier de fruits de saison chez un photographe afin, que dans un éclair de magnésium, il immortalise le sourire béat des noix ou des bonnes poires. Le photographe, distrait par la lecture d’un courrier électronique coquin posté par sa muse, a oublié de mettre de la pellicule dans son antique boitier Agfa. Nous sommes privés d’un florilège de photographies en couleur frugivore à regarder le soir sur le display de la gazinière…
je me console en écoutant, sur un poste à galène, la sonate No32 de Beethoven interprétée par Barenboïm.
L'Hippopotame (feuilleton) 3 - 4
L'hipo, trempé de café, promène son spleen dans la "pastorale" de Beethoven. L'hipo joue à la cafetière...
La cafetière fumante qui n'est autre que l'hipo contrit, erre dans les sillons champêtres d'un disque en vinyle noir. Karajan dirige "la pastorale". Musique.