Doppio et lecture de la presse à l'Adrianos bar. Dans Le Temps daté de samedi 18, dimanche 19 et lundi 20 septembre 2021, Z fait la une. On parle de lui jusqu'ici ! Chappatte en a fait le sujet de son dessin de presse. Il y avait foule en ville. La Place fédérale était le théâtre d'une manif convoquée par les syndicats. Le Palais fédéral (parlement) est protégé par des barrières. Jeudi, une manif anti passe sanitaire et antivaccin a tourné à l'émeute. Les manifestants voulaient faire une reprise de l'attaque du Capitol à Washington. Ils voulaient entrer dans le parlement.
Leonard Cohen - Suzanne
Suzanne takes you down to her place near the river You can hear the boats go by You can spend the night beside her And you know that she's half crazy But that's why you want to be there And she feeds you tea and oranges That come all the way from China And just when you mean to tell her That you have no love to give her Then she gets you on her wavelength And she lets the river answer That you've always been her lover
And you want to travel with her And you want to travel blind And you know that she will trust you For you've touched her perfect body with your mind
And Jesus was a sailor When he walked upon the water And he spent a long time watching From his lonely wooden tower And when he knew for certain Only drowning men could see him He said "All men will be sailors then Until the sea shall free them" But he himself was broken Long before the sky would open Forsaken, almost human He sank beneath your wisdom like a stone
And you want to travel with him And you want to travel blind And you think maybe you'll trust him For he's touched your perfect body with his mind
Now Suzanne takes your hand And she leads you to the river She is wearing rags and feathers From Salvation Army counters And the sun pours down like honey On Our Lady of the Harbour And she shows you where to look Among the garbage and the flowers There are heroes in the seaweed There are children in the morning They are leaning out for love And they will lean that way forever While Suzanne holds the mirror
And you want to travel with her And you want to travel blind And you know you can trust her For she's touched your perfect body with her mind
"Banjo" There's something that I'm watching Means a lot to me There's something that I'm watching Means a lot to me It's a broken banjo bobbing On the dark infested sea It's a broken banjo bobbing On the dark infested sea
Don't know how it got there Maybe taken by the wave Don't know how it got there Maybe taken by the wave Off of someone's shoulder Or out of someone's grave Off of someone's shoulder Or out of someone's grave
It's coming for me darling No matter where I go It's coming for me darling No matter where I go Its duty is to harm me My duty is to know Its duty is to harm me My duty is to know
There's something that I'm watching Means a lot to me There's something that I'm watching Means a lot to me It's a broken banjo bobbing On the dark infested sea It's a broken banjo bobbing On the dark infested sea
Une Buick Riviera, noire, modèle 1971, roulait silencieusement sur l'autoroute des Titans. Le compteur du coupé indiquait 110KM/H, la vitesse maximale autorisée sur ce tronçon de route mythique. Le pilote de la Buick connaissait bien ce tronçon de route rapide. Il était passé à cet endroit magique par temps de pluie, de vent, de neige, de soleil et, ce lundi soir de mi-novembre, éclairé par la lune. Une lune bien joufflue. Un communiqué, radiodiffusé tout à l'heure, annonçait une nuit de Super Lune. L'astre, conquis par les hommes en été 69, serait si proche ce lundi, qu'avec la main, on pourrait caresser les chats lunaires. La Buick dépassa une 2CV. Le pilote admirait ce paysage baigné d'une lumière douce. La radio de bord laissait entendre "La Sonate no 14 en do dièse mineur, opus 27 no 2" de Ludwig van Beethoven. La glace avant, côté chauffeur, était baissée, une étole rouge s'en échappait. La vitesse la faisait virevolter. Une chouette l'adopta comme perchoir. Quand le pilote utilisait l'avertisseur, l'oiseau de nuit hululait. Sur le siège du passager avant était posé un roman de la collection 10/18. Un livre qui semblait avoir été lu et relu. C'est une plume chantante, tarie depuis peu de jours, qui avait écrit ce roman au titre et au contenu inspiré par les acides et les poudres blanches au mitant des années 60. Son titre, "Les perdants magnifiques".
Le pilote, en route pour un rendez-vous galant, avait déposé une grande enveloppe enrubannée sur le siège arrière. Elle contenait la célèbre recette du lapin à la moutarde de B. A côté, une caisse de vin d'Asti et, dans un sachet doré, quelques madeleines .
Le pilote se souvenait avec précision de la scène. "la fille", installée dans le petit salon se maquilla puis mis des pendants d'oreilles. Ils étaient bleus et en forme de grappe de raisin. Il observait la fille depuis le vestibule, à la sauvette. Il aimait sa peau blanche.
-Entre, ne fait pas le timide.
Il s'approcha.
-Sur qu'à part ta mère, tu ne vois personne se maquiller.
Il rougit. Il aurait voulu être ailleurs. Soudain elle se leva, l'enlaça et ses lèvres s'approchèrent des siennes. Il resta pétrifié puis se laissa aller. Puis la fille le repoussa. Elle mit son index sur la bouche du gamin en signe de silence.
-Pas un mot à Paul. Tu sais comme ton frère est jaloux.
Elle pris son sac à main,saisi ses talons aiguilles et décampa sur la pointe des pieds.
Il resta immobile plusieurs minutes puis sorti en courant.
-Christian, j'ai embrassé une fille, Christian...
Il n'avait pas revu la fille. Son frère s'était tué dans un accident stupide quelques semaines plus tard. Une histoire de jeunes.
Il avait quinze ans, elle en avait vingt.
La toile virtuelle, mystérieuse, pleine de cachettes, permet, parfois, des faire des rencontres insolites. Ce fut le cas pour le pilote.
La Buick amorçait un long virage avant d'emprunter un imposant viaduc qui se terminait par un tunnel.
-J'avais 15ans, elle en avait 20. J'ai 65 ans, elle en a 70! C'est une vieille et moi un vioque.
Il éclata de rire. Un rire qui secoua la vallée.
Les dernières notes de la sonate de Beethoven étaient jouées, la chouette s'envola précipitamment de son perchoir de fortune, le pilote fit un signe de la main à la lune, elle lui fit un clin d'oeil. Il appuya sur l'accélérateur, la 2CV le rattrapait. Le coupé sport disparu, happé par le tunnel.
Un nuage assombrit le décor. Un lièvre courait à perdre haleine. Une tortue se hâtait. Sur sa carapace on pouvait lire, écrit en lettres rouges: A SUIVRE.
Nota Bene: le samedi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style. Lakevio, c'est à cette adresse: www.lakevio.canalblog.com
Samedi, c'est jour de marché dans la Ville fédérale.
À l'Adriano's bar c'est la presse. Il est difficile de trouver une place libre.
Les deux ventilateurs, fichés au plafond, baillent d'ennui. Ils sont au repos forcé. Le haut parleur, situé au-dessus de la machine à café diffuse de la musique légère. La une du quotidien "Le Temps" et du journal "Le Monde", datés du samedi 12 novembre 2016, annoncent la mort de Leonard Cohen. Ils consacrent, chacun, une pleine page intérieur à cette légende de la chanson.
- Mais... c'est l'intervention de cette grosse femme... C'est un ptit peu... enfin... ça va très loin. - C'est là que je me rends compte que malheureusement, je vous ai beaucoup moins bien réussi que le porc. Pierre et Thérèse.