05 juillet 2023

Un été au pied des Alpes - Il cielo

Le ciel observé à Brigue ce mercredi aux alentours de deux heures de l’après-midi

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Traverse l'été - monte - dresse-toi,
Ô rose trémière - enjambe
le trellis de l'enclos,
toi, l'assoiffée
du jardin.

Quatre saisons, plusieurs lunes
Les poèmes trop courts
Pierre Voélin
Editions Empreintes 2022

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21 juin 2023

Un été au pied des Alpes - L'Été, le bel été

16h57, solstice d'été

 

POETES

La tristesse des illettrés dans les ténèbres des bouteilles
L'inquiétude imperceptible des charrons
Les pièces de monnaie dans la vase profonde

Dans les nacelles de l'enclume
Vit le poète solitaire
Grande brouette des marécages.

Le Marteau et l'enclume
René Char

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18 juin 2023

Un été au pied des Alpes - Encore un beau dimanche

DIMANCHES

Des champs comme la mer, l'odeur rauque des herbes,

Un vent de cloches sur les fleurs après l'averse,

Des voix claires d'enfant dans le parc bleu de pluie,

 

Un soleil morne ouvert aux tristes, tout cela

Vogue sur la langueur de cet après-midi..

L'heure chante. Il fait doux. Ceux qui m'aiment sont là..

 

J'entends des mots d'enfant, calmes comme le jour.

La table est mise simple et gaie avec des choses

Pures comme un silence de cierges présents..

 

Le ciel donne sa fièvre hélas comme un bienfait...

Un grand jour de village enchante fenêtres...

Des gens tiennent des lampes c'est fête et des fleurs..

 

Au loin un orgue tourne son sanglot de miel...

Oh je voudrais te dire...

Pour la musique
Léon-Paul Fargue

Éditions Gallimard, 1944

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11 juin 2023

Un été au pied des Alpes - Embrasse-moi

La belle lumière du matin, un dimanche
Lignières, le jardin

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EMBRASSE-MOI

C’était dans un quartier de la ville Lumière

Où il fait toujours noir où il n’y a jamais d’air

Et l’hiver comme l’été là c’est toujours l’hiver

Elle était dans l’escalier

Lui à côté d’elle elle à côté de lui

C’était la nuit

Ça sentait le soufre

Car on avait tué des punaises dans l’après-midi

Et elle lui disait

Ici il fait noir

Il n’y a pas d’air

L’hiver comme l’été c’est toujours l’hiver

Le soleil du bon Dieu ne brill’ pas de notr’ côté

Il a bien trop à faire dans les riches quartiers

Serre-moi dans tes bras

Embrasse-moi

Embrasse-moi longtemps

Embrasse-moi

Plus tard il sera trop tard

Notre vie c’est maintenant

Ici on crèv’ de tout

De chaud de froid

On gèle on étouffe

On n’a pas d’air

Si tu cessais de m’embrasser

Il me semble que j’mourrais étouffée

T’as quinze ans j’ai quinze ans

À nous deux on a trente

A trente ans on n’est plus des enfants

On a bien l’âge de travailler

On a bien celui de s’embrasser

Plus tard il sera trop tard

Notre vie c’est maintenant

Embrasse-moi !

Poème de Jacques Prévert
Extrait de « Histoires et d’autres histoires »

En été 1933, Prévert voyage en Tchécoslovaquie dans le Tatras. Il y écrit « Embrasse-moi » et « La Pêche à la baleine »

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02 juin 2023

Un été au pied des Alpes - Laissez-vous emporter par le souffle du vent jusqu'au sommet de l'Augstmatthorn

te croire humide et fécondée 
lumière qui gît
dans l'ossature de mes rêves obscurs 
te croire blanche et fraternelle 
comme une main qu'on serre 
lorsque tout semble perdu 
te loger dans la prunelle 
de l'aurore grise 
sous l'éventail des fougères 
que le vent ne peut déployer 
lumière qui n'a jamais 
fécondé l'or devenu cendre 
au creux de mes mains 

Prêles, au soir 3 juin 1964

Francis Giauque (1934-1965)
Extrait de « Œuvres », Edition de l’Aire bleue 2005




ORTF 1961
Francis Poulenc
Concerto en sol mineur pour orgue, orchestre à cordes et timbales

Orgue : Maurice Duruflé
Orchestre National de l'Office de la Radio Télévision Française (ORTF)
Georges Prêtre




07 mai 2023

Le temps des fleurs - Orages

EN VACANCES

Le joli bras rond de l’allée

Mène à l'église du village, 

Où Camélia tire sur les mains 

Vieilles et froides de l'harmonium 

Pour la messe du lendemain...

Je l'entendais chanter

De là-bas, où j'étais,

Comme j'allais sortir de la châtaigneraie

Par le chemin couvert où planent les argynnes

Que chasse le bruit du moulin...
 

Ça faisait si bien, ce chant grêle,

Comme un plaisir chevrotant de vieille, 

Qui arrivait en lent courant, 

Coupé de minces cris d'oiseaux, 

Dans les parfums et dans les bruits,

Jusqu'au creux vert plein d'insectes drôles qui cousent

Où j'oubliais ma ville, où j'oubliais mes nuits…
 

Monsieur de Beaufort qui est un rêveur

Comme moi, je pense, 

L'écoute aussi, à sa fenêtre...

Lui, demain dimanche, il jouera du cor

Jusqu’à midi...

Pour la musique
Léon-Paul Fargue

Éditions Gallimard, 1944

 

Orage : mercredi, jeudi, vendredi, samedi et ce dimanche soir (photographies)

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28 avril 2023

Le temps des fleurs - Éclair

L’orage

Emile Verhaeren

Parmi les pommes d’or que frôle un vent léger
Tu m’apparais là-haut, glissant de branche en branche,
Lorsque soudain l’orage accourt en avalanche
Et lacère le front ramu du vieux verger.

Tu fuis craintive et preste et descends de l’échelle
Et t’abrites sous l’appentis dont le mur clair
Devient livide et blanc aux lueurs de l’éclair
Et dont sonne le toit sous la pluie et la grêle.

Mais voici tout le ciel redevenu vermeil.
Alors, dans l’herbe en fleur qui de nouveau t’accueille,
Tu t’avances et tends, pour qu’il rie au soleil,
Le fruit mouillé que tu cueillis, parmi les feuilles.

Emile Verhaeren

22h59, un coup de tonnerre retenti dans le petit village dans les montagnes
Grosse averse
Plusieurs éclairs
Coups de tonnerre
La saison des orages commence

Ici, ils sont toujours très violents
Nous sommes dans les Préalpes, à une encâblure des Alpes
La météo change très rapidement
Il faut surveiller le ciel quand on part en randonnée, surtout en été

11 janvier 2023

Les mois d'hiver - « Le dehors et le dedans »

Ce n’est pas une fantasmagorie due à l’excès de doppios bus au Versa bar, la girafe qui fait le pied de grue sur les marches du théâtre de la Ville fédérale est habillée par un grand couturier de Paris.
Une chapka en peau de castor et une écharpe en vigogne réchauffent son cou interminable quand le mercure s'enfuit de son tube de verre.

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Hommage à la géographie ancienne

Cartulaire de mon cœur
paroles du monde ancien
vieux mots usés et sages
qui pour un temps m'aviez fait compagnie 
et si souvent porté secours
d'où me revenez-vous ce soir ?
bourdonnants, suspendus à mon cou
flammèches ou abeilles
sur l'étole du prélat défroqué

Mots du secret, du souci et de l'ombre
murmures, portée de rats, fourrure du souvenir
frileusement nichés sur mes genoux
que d'anxiété dans ces brillantes prunelles
qu'attendez-vous encore de moi?
voilà si longtemps que nous nous sommes quittés

Il fait noir dans la cuisine
un peu d'alcool brille au fond du verre
tu te tais alors qu'il faudrait que tu hurles
Judas des mots
et tu n'as pas fini de payer ton silence

Genève, hiver 1977
« Le dehors et le dedans »
Nicolas Bouvier

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23 décembre 2022

Les mois d'hiver - Charles



Une charogne

Charles Baudelaire

Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d’été si doux :
Au détour d’un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l’air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d’une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d’exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu’ensemble elle avait joint;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s’épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l’herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D’où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague
Ou s’élançait en pétillant
On eût dit que le corps, enflé d’un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l’eau courante et le vent,
Ou le grain qu’un vanneur d’un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s’effaçaient et n’étaient plus qu’un rêve,
Une ébauche lente à venir
Sur la toile oubliée, et que l’artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d’un œil fâché,
Épiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu’elle avait lâché.

– Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l’herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j’ai gardé la forme et l’essence divine
De mes amours décomposés !

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10 septembre 2022

Il automne - Fin de saison

Spiez
La piscine ferme ses portes en fin d'après-midi, la saison s'achève.

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68881275-6726-40C2-A93E-85956AB52283Quoi de neuf ?
Sonate d'automne, nuit fraîche, une couverture grise dans le ciel empêche les étoiles de voir la lune pleine.


Rentrer, le soir

 Une allée de jardin botanique, avec beaucoup de ciel
rouge au-dessus des arbres humides. Et un père, une mère
des aciéries qui y ont mené leur petit enfant.

 Puis, du côté du soir, les toits sont une main qui tend à
une autre main une pierre.

 Et c’est soudain un quartier de boutiques basses et
sombres, et la nuit qui nous a suivis pas à pas a un souffle
court, qui cesse parfois ; et la mère est immense près du
garçon qui grandit.

Yves Bonnefoy (Rue Traversière)

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