12 décembre 2016

Les quatre heures

Jasmine Hsiao Hui Huang
Aquarelle de Jasmine Huang

Nota Bene: le samedi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style. Lakevio, c'est à cette adresse: www.lakevio.canalblog.com

À tante May (18.. - 1965)



Dans la campagne, le temps semblait suspendu. Le brouillard s'était retiré du côté des anciens marais. Les Alpes barraient l'horizon. Le soleil rasant, ombrait l'impressionnante barre rocheuse dentelée; le décor ressemblait à une toile de Hodler.

L'envol d'un avion à destination de Münich troubla le silence. Des chiens aboyèrent avec rage, des corneilles répliquèrent, un cheval éleva de la voix et le bêlement d'un mouton mis fin à ce vacarme. 
Les arbres nus attendaient la neige. Les flocons, qui ne devraient pas tarder, marqueront l'entrée dans l'hiver et précipiteront "la fin des temps" dans l'oubli.
Sur le chemin gelé, qui serpentait entre les parcelles labourées, une silhouette se déplaçait avec rapidité. Une grande dame, vêtue d'un manteau gris pastel, perdue dans ses pensées, regagnait la ville. Une écharpe bleu royal, nouée autour de son cou, rappelait le ciel d'été, du Bel Été disparut. Les battements d'ailes d'un papillon, qui s'accrochait au ruban de son chapeau, régissaient le monde. Elle aimait cette courte période entre la fin de la chute des feuilles et les premières neiges. Dans les pays germaniques, on l'appelle "la fin des temps". Chaque année, elle songeait de peindre un tableau de ce décor mort et silencieux. Chaque année, elle s'était lancée dans d'autres projets. 
Dans la cité, envahie par la nuit, une brume s'était formée. Les lumières de Noël faisaient des halos dorés dans les rues. Aux carrefours, l'armée du Salut avait dressé des marmites pour recevoir l'obole des passants. La grande dame tourna la clef dans la serrure d'une imposante porte en bois massif. Un chat jaune se frotta dans ses jambes en miaulant. Elle le caressa au creux du cou puis l'éloigna de l'entrée. 
Elle entra dans une grande pièce. Elle avait transformé une resserre, contiguë à sa maison, en atelier de peinture. 
Par la grande fenêtre, les arbres du parc, perdus dans la brume, ressemblaient, avec quelques feuilles suspendues aux branches, à des pantins dégingandés. Quelqu'un dans l'ombre manipulait les ficelles. Les feuilles, jaunies et à l'agonie, tremblotaient. 
La grande dame avait dressé sur la table, devant la fenêtre, un arrangement qui ressemblait à une nature morte. Des roses, disposées dans un vase de grès blanc, côtoyaient des bouteilles d'eau de vie, un panier remplit de pain aux noix. Des oranges de la Chine attendaient sur une coupelle. Des bols étaient garnis de confiture aux groseilles à maquereau et aux cerises. Sur un réchaud, l'eau chantait pour le thé. 
Sur l'électrophone un microsillon tournait à 33 tours 1/2 par minute. Un saphir puisait dans les sillons une musique composée par Camille Saint Saëns. On reconnaissait le prélude de l'Oratorio de Noël.
La grande dame, encore vêtue de son manteau se tenait devant un chevalet. Elle peignait les nuits d'Orient. Ces nuits d'encre parsemées de millions de points lumineux. Une étoile filait, la brise marine agitait les palmes des dattiers, trois chameaux avançaient avec élégance, ils guidaient trois rois vers une destination mystérieuse...
La cloche tinta. Les invités arrivaient pour "les quatre heures". Elle regarda le tableau, satisfaite, elle le retourna. Elle déposa le papillon qui logeait sur le ruban de son chapeau sur la corolle d'une rose, prépara le thé et alla ouvrir. Margaret et Irwin entrèrent. Dans la rue passa un chenapan qui cria, "bonjour madame". Il tira la langue et détala en chantant à tue tête, " De bon matin, j'ai rencontré le train  de trois grands rois qui partaient en voyage. De bon matin..."  Les pneus d'une Buick Riviera, noire, modèle 1971, crissèrent, le bêlement d'un mouton mis fin à ce vacarme. 
La porte de l'atelier se referma. Les premiers flocons dansaient dans la brise marine. L'hiver...

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09 décembre 2016

Fin des temps

balade dans la campagne de Wabern, nocturne dans la Ville fédérale

 

Alpes

Aar

Hêtraie

Berne

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23 novembre 2016

Coupure de presse

Le journal berlinois, de Max Frisch, vient de paraître en français chez ZOÉ.
Le quotidien Le Temps a consacré un article à cet événement, samedi 19 novembre 2016 dans son supplément littéraire.
(La photo est "découpée" dans cet article)

Par ces nuits froides de Fin des temps, la musique de Mozart réjoui les âmes. Par exemple, le concerto pour piano No 21 K.467 dans la version Pollini - Muti et l'orchestre philarmonique de la Scala, en 2004. ( http://youtu.be/i2uYb6bMKyI )

Mozart: Piano concerto n. No. 21 in C major, K.467 Pollini-Muti

Orchestra filarmonica della Scala
Maurizio Pollini
Riccardo Muti
2004

 

21 novembre 2016

VARIATIONS SUR UN POÈME DE PRÉVERT

"Rappelle-toi Barbara

Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là"

Un haut-parleur planté sur la place diffusait, dans un grésillement, une annonce presque inaudible : -La jeune fille qui est ravie, ruisselante, épanouie sous la pluie est priée de ne pas s'éloigner de la file des parapluies. Merci.

-Qui se souvient de Barbara ? Et puis il y a tellement de Barbara. 

-Je crois que Georges sortait avec une Barbara, dans les années 1950, du côté de Brest.

Il pleuvait sans cesse, et, rue de Siam, c'était un océan de parapluie. 

Soudain, un cri dans la foule : -Barbara.

-Georges sortait avec Barbara. Et tu ne m'a rien dit !

-C'était avant-guerre. Ça a commencé rue de Siam. 

Un chat des villes, d'une voix de ténor déclamait des vers : -Quelle connerie la guerre.

-Et ils se sont revus ?

-Qui ?

-Georges et Barbara

Il pleuvait, le bateau d’Ouessant lança un coup de sirène, puis Barbara embarqua. 

-Quelle connerie la guerre, reprenait en cœur une famille de souris.

-Je crois que la guerre les a séparés. 

-Et Georges...

-Il est mort en avril 1974. Il était gravement malade.

-Et sa femme ?

-Claude, elle a été veuve plus de 30 ans. Elle est morte, je crois en été 2007. 

Le haut-parleur hurla : -Je rappelle à Barbara de regagner immédiatement la file des parapluies. C'est intolérable d'être ravie, épanouie, ruisselante sous la pluie.

Un juron s'échappa d'une fenêtre ouverte : -Tonnerre de Brest !

-Voyons, capitaine, voyons... S'indigna un petit homme à barbichette.

Il pleuvait sans cesse ce jour-là.  

Rue de Siam, sous un porche, une jeune femme donnait le sein à sa petite Barbara.

Des avions s'approchaient, déluge de feu et de sang...

"Rappelle-toi Barbara

Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là".



"Barbara" est un poème de Jacques Prévert. On le trouve dans le recueil "Paroles". Il est le squelette de ces variations...
 
Nota Bene: le samedi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style. Lakevio, c'est à cette adresse: En bateau, Lakevio ! (canalblog.com)
kendra baird offering the truth

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20 novembre 2016

Fin des temps - La ballade de l'aéroport

De Wabern à l'aéroport de Belp-Berne, en passant par le bord De la Gurbe...
Les nuages, passent entre les Alpes, formant des cascades puis s'éffilochent. C'est le Foehn, vent chaud, venu du sud, qui façonne les merveilleux nuages en ces longues trainées ouateuses. 
La balade se fait sous le ciel bleu. Les corneilles donnent un concert. C'est un répertoire de musique futuriste.
Quelques buissons, piégés par une météo en dent de scie,  fleurissent avec plusieurs mois d'avance.
A midi, le vol à destination d'Amsterdam, s 'élance dans les airs.
Plus tard, les passagers débarquant de l'avion en provenance de Vienne, auront les Alpes à portées d'yeux...
ENCORE UN BEAU DIMANCHE DE FIN DES TEMPS... 

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19 novembre 2016

Fin des temps

J'aime la période située entre la chute des dernières feuilles et la première chute de neige. Les flocons mettront un terme à cette période magique, appelée, dans les pays germaniques, "la fin des temps". Nous entreront alors dans l'hiver.

MODE D'EMPLOI
de haut en bas
Café à l'Adriano's bar après les courses faites au marché. Les sacs sont remplis de choux rouges et blanc, de carottes de couleurs et de variétés différentes,  de brocoli, de choux-fleur, de concombre,  de châtaignes, d'os à moelle, d'un poulet, de côtes de sanglier,  de crosnes,  de choux de Bruxelles, de la doucette ( mâche ou rampon  selon les région), une courge hokkaido, d'un filet de saumon et de patates...
Dans le quotidien "Le Temps", daté de samedi 19 novembre 2016 , un article est consacré à Alberto Giacometti. Une exposition exceptionnel  se tient au Kunsthaus de Zurich http://www.kunsthaus.ch/fr/expositions/
Une partie de l'article parle aussi d'une exposition qui se déroule au musée Picasso à Paris. Une confrontation des oeuvres de Picasso et de Giacometti. Une longue amitié, d'une vingtaine d'année à unis les deux artistes, elle s 'est interrompue par une brouille .
 Cette huile sur toile, peinte par Picasso en 1931, intitulée "femme lançant une pierre", me plait. On voit la pierre et on distingue la femme...
Feuille morte
Il cielo

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18 novembre 2016

Fin des temps

A Berthoud, c'est la fin des temps... Ciel grandiose...

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21 novembre 2015

L'HIVER

Il ouvrit la fenêtre et hurla: "L'hiver, c'est l'hiver". L'écho propagea aux quatre points cardinaux: "L'hiver, c'est l'hiver". Pendant la nuit, alors que tout dormait, une fine couche de neige est tombée sur le Gurten et les collines voisines. Cette première neige à englouti la fin des temps. Une fin des temps qui, cette année, a été belle. Traversée de soleil,de brouillard et de pluie, elle a eu une vie exceptionnellement longue. Chaque année, c'est le suspens, une neige précoce pourrait nous priver de ces moments magiques où la nature, achevant son cycle, est immobile, comme en attente. Dans les campagnes silencieuses, seul le cri des corbeaux se fait entendre, les champs sont déserts. La neige effacera ce décor de silhouettes décharnées et tordues que sont les arbres nus. La nature semblera sommeiller, mais elle prépare sa renaissance..   
L'hiver est arrivé pendant la ronde nocturne des chats, qui ont autre chose à penser qu'aux chutes de neige sur le Gurten. Ils ont des statistiques à remplir, des objectifs de souris à atteindre. La vie d'un chat, qui nous semble une vie de rêve, est un enfer. Les DRH sont impitoyables. Mal organisés, les félins n'ont pas de syndicats et ne perçoivent pas d'indemnités de chômage. 
L'hiver est arrivé et nous avons organisé, en urgence, le rapatriement des plantes en pot du potager. On creva les chevaux et en une grande heure, les pélargoniums, les camélias, le fuchsia et le gardénia furent installés pour la journée devant la maison. En début de soirée, alors que le mercure chutait, tout ce jardin en pot prit ses quartiers d'hiver dans la buanderie. Une fois de plus, le gardénia était sauvé ICI.
Une neige timide tomba sur la ville fédérale vers 18H30...

Photos; A gauche, les collines enneigées - A droite, Le Gurten avec la neige - En bas, il neige à Berne

 

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20 novembre 2015

Fin des temps - Intempéries

Intempéries
Il pleut à averse
Le vent par moment souffle avec violence
L'Adriano's bar, niché sous les arcades, permet de boire un doppio Malabar et de lire la presse du jour loin du grain...

Sur la chaîne de télévision France 3, Thalassa fête ses 40 ans ce vendredi soir.
Sur la chaîne de radio France Inter, le masque et la plume fête ses jours ses 60 ans!
Malgré des restrictions aux frontières, dues aux intempéries humaines, les ondes passent jusque chez nous...

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19 novembre 2015

Fin des temps - Berthoud

La "Fin des temps" fut à son apogée cet après-midi à Berthoud. Un ciel gris et bas, les arbres dépouillés de leur verdure, un décor comme suspendu dans le temps. C'est l'attente d'une neige qui serait annoncée pour la fin da la semaine....

L'Arabesque No1 (Ciccolini) de Debussy épouse cette période de "Fin des temps"....

 

 

 

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