Les mois d'hiver - Majorque
Un feuillet extrait de mon journal
(50 ans du journal ICI)
C'est le printemps d'hiver...
De minuscules crocus éparpillés sur les contreforts de l'épine dorsale de Majorque, la Serra de Tramuntana dressée dans un dernier effort avant de s'engloutir dans la mer, s'épanouissent avant d'être broutés par des boucs puants. Les figuiers "se dépenaillent" feuille par feuille, les plaqueminiers rougeoient donnant une illusion d'automne eurosibérien. Un tilleul poussant par hasard, presque incongru au milieu des yeuses et autres pins d'Alep, hésite, lui, à se déshabiller.
La Tramontane balaie le Cap Formentor.
La mer écume et moutonne de rage.
Dans la nuit d'encre, des étoiles scintillent.
Majorque un soir de novembre.
23 novembre 2005
Les mois d'hiver - Spiez
(50 ans du journal ICI)
L'eau du lac de Thoune, couleur des glaciers,
Les mois d'hiver - Brumes opaques
Un feuillet extrait de mon journal
(50 ans du journal ICI)
BRUMES OPAQUES
Lentement le brouillard envahi le village. Tout est ouate et le prunier au bout du jardin ressemble à un squelette gigantesque. La nappe s'èvapore enfin, le chat est pris en flagrant délit d'oiseaucide.
Les fermes, accolées le long de la rue, échangent des souvenirs d'avant, avant. Les hirondelles, de plus en plus rares, sont parties en voyage depuis longtemps.
Le silence règne sur le village. Il ne se passe rien en apparence, mais dans les maisons les conversations vont bon train. D'inépuisables ressacs sur la pasteure qui quitte son ministère fin mars, sur les permis de construire qui...
Les fontaines sont muettes pour l'hiver, sauf une, au bas du village.
Lentement le brouillard envahi le village. Tout est ouate et le prunier qui gesticule au fond du jardin en imitant un squelette s'enfuit à grandes enjambées.
-Bonjour, Marta.
-T'es qui toi?
-Jean-Jacques, Le petit fils de feu Adrienne.
-Ah! T'es toujours à Genève ?
-Oui !
Marta est morte cette année à 87 ans, seule son ombre passe silencieusement dans les rues du village. Au loin, dans le brouillard il m'avait semblé que...
-T'es qui toi ?
-T'es qui toi ?
Le silence.
Le brouillard s'en va. Une fine pluie tombe et efface les souvenirs.
Bien au chaud dans une ferme
Lignières, le 25 novembre 2002002
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Novembre
NOVEMBRE
Les lampions se sont éteints. Le gel a effacé le feu d'artifice. Prises au piège, les feuilles ont bruni ou sont tombées. Les arbres nus, carcasses brunes ou noires se dressent immobiles vers le ciel laiteux.
La bourrache, cadavre de verdure, gît sur la terre froide du jardin silencieux. C'est dans ce décor de fin des temps que le soleil offre un dernier rayon avant que la nuit ne tombe.
Berne
"Tibits"
4 novembre 2006
[Extrait de mon journal]
1968 - 2018, mon journal a 50 ans...
Belle journée, fraîche, avec une bise assez présente.
A 17h15, heure de Paris, c'est l'équinoxe de printemps. Le printemps astronomique commence par un froid intense!
Les beaux jours qui commencent, annoncent aussi le retour des grues. Ces élégants échassiers sont nombreux dans la Ville fédérale...
Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de mes carnets, des mes plumes. Je fête mes 50 ans de diarisme. 20 mars 1968 - 20 mars 2018...
J'avais 10 ans, 10 mois et 10 jours quand j'ai commencé cette aventure. Je n'imaginais pas à cette époque là, que le diarisme passerait du papier à la virtualité. Je n'imaginais même pas tenir 50 ans. Quel vertige cela procure... (ICI)
Champagne
Jacques Higelin - Champagne.
Cher journal..!
Parfois, je lis des bouts de mon journal. Je tombe sur des moments heureux, des voyages, des projets, la constitution d'une collection, des trucs futiles pour lesquels, à plusieurs souvent, on s'est investis, des événements qui paraissaient importants, des délires ou des moments tristes. Ces notes remplissent des carnets, des cahiers, des agendas, des classeurs; les feuilles volantes sont regroupées dans une grande enveloppe. A quoi servent toutes ces phrases, écrites avec passion? Elles sont le combustible de mon spleen...
Ce métier secret, que j'exerce, généralement le soir, en catimini, en buvant un café, est peu connu. Je suis diariste. J'ai imité mon grand-père maternelle. C'est la seule activité, de toutes les activités de loisirs entreprises, qui ne s'est pas essoufflée, qui n'a pas disparue. Il y a eu des trous dans le tricot des mots, mais le journal tient, vaille que vaille. Il fêtera ses 50 ans le 20 mars! J'en ai le vertige.
Paris...
Nota bene: le vendredi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style.Lakevio, c'est à cette adresse: (ICI)
La consigne dit: "Texte libre".
Cette semaine, c'est une photographie de Paris, que nous propose Lakevio. Une photo magnifique, un très beau noir et blanc. Les branches des arbres font des signes, ils miment l'hiver. Une mère tire son enfant vers la station de métro que l'on devine au loin. Le boulevard est inondé de soleil. Un mystérieux personnage vêtu d'un imperméable et d'un chapeau, semble échappé d'un roman de Simenon. La datation par le radiocarbone, le célèbre carbone 14, dit que la photographie à été prise vraisemblablement vers le milieu du siècle passé. Les voitures sont nombreuses et ne sont pas dessinées comme en 2018. Ce doit être la période du Tabou.
« Très vite, le Tabou est devenu un centre de folie organisée. Disons-le tout de suite, aucun des clubs qui suivirent n'a pu recréer cette atmosphère incroyable, et le Tabou lui-même, hélas ! ne la conserva pas très longtemps, c'était d'ailleurs impossible. » Dixit Boris Vian.
Paris
Sept heures. Octobre.
Brume matinale. La Seine.
Gare de Lyon. Débarquement.
Une tour. Eiffel.
Un arc. Triomphe.
Trois âmes déambulent dans les rues.
Une feuille jaunie s'écrase sur le sol.
Un sourire.
Café-tabac, heure de lecture.
France-Soir. Le Monde Diplomatique.
Quelques cartes postales lancées à travers l'univers.
Il fait bon.
Les grands boulevards, Haussmann, Poissonnières, Capucines.
Nocturne. Saint-Germain-des-Prés. Lumières.
Musique.
Ô Paris.
Trois âmes frôlent les murs, inquiètes, en regagnant leur hôtel.
Nuit. Silence.
Aube naissante, klaxons de voiture.
Bruits matinaux.
Les trois âmes repartent à l'assaut de la vie parisienne.
Métro. Couloirs. Escaliers. Fatigue.
Quelques moments de bonheur.
Rires. Plaisanteries. Cinéma.
Stations de métro.
Huit heures. Soir.
Les trois âmes se serrent la main et s'éloignent chacune dans une direction.
Balard. Créteil.
Un dernier signe depuis le quai.
Le métro démarre, la ville se referme sur les âmes.
Au loin un violon déchire la nuit.
Le rêve s'estompe, la réalité reprend ses droits.
Paris, le 5 octobre 1979
Extraites de mon journal, ces notes racontent un court séjour passé dans la capitale française aux portes des années 1980. J'avais emmené deux collègues de travail, Johanna et Hugo. Ils arrivaient d'un petit village des Grisons et la Ville lumière était, pour eux, un perpétuel émerveillement. Ils n'avaient jamais visité de musées et l'exposition Paris-Moscou au Centre Georges Pompidou les avait fasciné.
Coupure de presse
Le journal berlinois, de Max Frisch, vient de paraître en français chez ZOÉ.
Le quotidien Le Temps a consacré un article à cet événement, samedi 19 novembre 2016 dans son supplément littéraire.
(La photo est "découpée" dans cet article)
Par ces nuits froides de Fin des temps, la musique de Mozart réjoui les âmes. Par exemple, le concerto pour piano No 21 K.467 dans la version Pollini - Muti et l'orchestre philarmonique de la Scala, en 2004. ( http://youtu.be/i2uYb6bMKyI )
Mozart: Piano concerto n. No. 21 in C major, K.467 Pollini-Muti
Orchestra filarmonica della Scala
Maurizio Pollini
Riccardo Muti
2004
Été 14 - L'enfance s'achève...
Il y a 40 ans, je vivais mon ultime jour de vacances "d'écolier". Le 5 août, commencera l'apprentissage d'un métier et l'immersion dans la vie d'adulte.
Je note dans mon journal en date du 4 août 1974: "Le soir, je finis les vacances en apothéose. Je vais au cinéma avec André et Francine voir 'Fantômas se déchaine'".
Été 14 - 11 juillet 1974
Dans mon journal de vacances, en date du 11 juillet 1974, je note:
Jeudi 11 juillet 1974
LIGNIÈRES, LA NEUVEVILLE, NEUCHÂTEL, CORCELLES
Il fait beau temps. (...) Il fait une chaleur insupportable. (...) Il fait chaud, chaud. Heureusement, je crois qu'il n'y aura pas d'orages
En 1974, c'est dans des cahiers que l'on tenait un journal, 40 ans plus tard, les journaux se sont mués en blogs et tout est virtuel. Il faut un moyen technique, ordinateur, tablette ou téléphonne mobile pour consulter ses archives. Elles ne nous appartiennent plus. Elles sont rangées quelque part dans un grand ordinateur. Dans les greniers, qui ont disparu des constructions modernes, les descendants d'une famille ne retrouveront plus la collection de cahiers contenant les secrets de famille tus, ni les lettres d'amour enrubanées et parfumées. Il ne restera qu'un tas de textos illisibles tant les abréviations absconses nous sont étrangères.
Vendredi 11 juillet 2014, il ne fait pas chaud et la pluie continue d'arroser une campagne verdoyante...