02 juin 2023

Un été au pied des Alpes - Laissez-vous emporter par le souffle du vent jusqu'au sommet de l'Augstmatthorn

te croire humide et fécondée 
lumière qui gît
dans l'ossature de mes rêves obscurs 
te croire blanche et fraternelle 
comme une main qu'on serre 
lorsque tout semble perdu 
te loger dans la prunelle 
de l'aurore grise 
sous l'éventail des fougères 
que le vent ne peut déployer 
lumière qui n'a jamais 
fécondé l'or devenu cendre 
au creux de mes mains 

Prêles, au soir 3 juin 1964

Francis Giauque (1934-1965)
Extrait de « Œuvres », Edition de l’Aire bleue 2005




ORTF 1961
Francis Poulenc
Concerto en sol mineur pour orgue, orchestre à cordes et timbales

Orgue : Maurice Duruflé
Orchestre National de l'Office de la Radio Télévision Française (ORTF)
Georges Prêtre




21 décembre 2021

Les mois d'hiver - Franciscae meae laudes - Nuit 18/18 supplément X, Doit-on payer un supplément pour les bagages à main ?

Tuba, palmes, masque, me voici prêt pour une plongée dans les abysses de « Charles Baudelaire - La passion des images - œuvres choisies » paru aux Éditions Quarto Gallimard. Un volume composé de 1824 pages, la photographie de l'ouvrage (ICI) 
Lors d’un road movie sur les routes de France, dans une région océanique où les nuages filent tout droit en rasant la terre ou presque, les haut-parleurs coincés dans les portières d'une berline noire diffusaient en boucle une chanson de Juliette. C’était la leçon de latin matinale, « Franciscae meae laudes », écoutée sur des centaines de kilomètres avalés à des vitesses frôlant le vertige des radars à l’affût d'un excès de vitesse pour subsister jusqu’à la saison nouvelle. 
A  Étretat, nous avons garé la berline dans une file sans fin de voitures remplie de touristes. Nous avons pris un bain de mer, nous avons arpenté les falaises et en humant le grand large nous avons eu une pensée pour Gustave.
Soudain, le spleen a envahi nos pensées. Le reste du voyage fut peut-être sous la lune ou dans une nuit d'encre.
J'ai trouvé "Novis te cantabo chordis" à la page 1137. Sur un petit poste à galène j'ai écouté Juliette.

"Franciscae meae laudes"

Charles Baudelaire

Novis te cantabo chordis,
O novelletum quod ludis
In solitudine cordis.

Esto sertis implicata,
O femina delicata,
Per quam solvuntur peccata!

Sicut beneficum Lethe,
Hauriam oscula de te,
Quae imbuta es magnete.

Quum vitiorum tempestas
Turbabat omnes semitas,
Apparuisti, Deitas,

Velut stella salutaris
In naufragiis amaris …
Suspendam cor tuis aris!

Piscina plena virtutis,
Fons æternæ juventutis,
Labris vocem redde mutis!

Quod erat spurcum, cremasti;
Quod rudius, exaequasti;
Quod debile, confirmasti.

In fame mea taberna,
In nocte mea lucerna,
Recte me semper guberna.

Adde nunc vires viribus,
Dulce balneum suavibus
Unguentatum odoribus!

Meos circa lumbos mica,
O castitatis lorica,
Aqua tincta seraphica;

Patera gemmis corusca,
Panis salsus, mollis esca,
Divinum vinum, Francisca !

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10 juin 2017

Nocturne

La mort est si proche
à chaque aube
que je la sens
monter en moi
comme un fleuve
souterrain
qui charrie
dans mon corps
ses éclats empoisonnés
la mort est si proche
quand je me tais
qu'il suffirait
d'une seconde d'oubli
pour qu'elle envahisse
mon sang
et me jette
dans une terre
sans soleil

Francis Giauque (1934 - 1965)

La nuit est bien avancée, la fenêtre de la cuisine est ouverte. J'écoute le Trio / Notturno, en mi bémol majeur, pour piano, violon et violoncelle "Triosatz" D897 de Schubert. Soudain, l'adagio débute et vous déchire l'âme. Le corps frissonne. Je suis mal barré, en écoutant cette musique d'une beauté vénéneuses, je lis des poèmes de Francis Giauque. Entre la musique et le texte, aucun répit pour le repos de l'esprit. Tout vacille, dans cette soirée d'été tiède.  Des effluves du philadelphus montent du jardin. Ce parfum entêtant s'ajoute au spleen ambiant. Pour rompre ces tourments de l'âme, je plonge mes lèvres dans une petite tasse blanche,  ma dose de ciguë, qui a pour nom café, m'y attend. Ce breuvage rompra le maléfice.
Au loin, un clocher égrène les douze coups de minuit...

Posté par jeanjacques1957 à 23:52 - - Commentaires [6] - Permalien [#]
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31 janvier 2017

SPLEEN

 

Jules      Laforgue (1860-1887) Spleen
(Le Sanglot de la terre,      1901)

Tout m'ennuie aujourd'hui. J'écarte mon rideau.      
En haut ciel gris rayé d'une éternelle pluie.      
En bas la rue où dans une brume de suie
Des ombres vont, glissant parmi les flaques d'eau.

Je regarde sans voir fouillant mon vieux cerveau,      
Et machinalement sur la vitre ternie      
Je fais du bout du doigt de la calligraphie.      
Bah! sortons, je verrai peut-être du nouveau.

Pas de livres parus. Passants bêtes. Personne.      
Des fiacres, de la boue, et l'averse toujours...      
Puis le soir et le gaz et je rentre à pas lourds...

Je mange, et bâille, et lis, rien ne me passionne...      
Bah ! Couchons-nous. - Minuit. Une heure. Ah ! chacun dort !      
Seul je ne puis dormir et je m'ennuie encor.

7 novembre 1880

Jules LAFORGUE–Spleen

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12 octobre 2014

Les colchiques - Guillaume Apollinaire

LES COLCHIQUES

Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violatres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne

Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément

Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne

Guillaume Apollinaire

                                                              Photo prise le 28.09.14 à Sörenberg, au pied du Brienzer Rothorn

Posté par jeanjacques1957 à 22:24 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
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19 juillet 2003

Sat

SMS reçu:
Ravi de recevoir de vos nouvelles cher poète, puissiez-vous profiter de la vacance de l'esprit. Prenez soin de vous...

Transmis par Sat le 19.07.03 à 23H23

Posté par jeanjacques1957 à 23:23 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
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