Un été au pied des Alpes - Laissez-vous emporter par le souffle du vent jusqu'au sommet de l'Augstmatthorn
te croire humide et fécondée
lumière qui gît
dans l'ossature de mes rêves obscurs
te croire blanche et fraternelle
comme une main qu'on serre
lorsque tout semble perdu
te loger dans la prunelle
de l'aurore grise
sous l'éventail des fougères
que le vent ne peut déployer
lumière qui n'a jamais
fécondé l'or devenu cendre
au creux de mes mains
Prêles, au soir 3 juin 1964
Francis Giauque (1934-1965)
Extrait de « Œuvres », Edition de l’Aire bleue 2005
ORTF 1961
Francis Poulenc
Concerto en sol mineur pour orgue, orchestre à cordes et timbales
Orgue : Maurice Duruflé
Orchestre National de l'Office de la Radio Télévision Française (ORTF)
Georges Prêtre
Les mois d'hiver - Franciscae meae laudes - Nuit 18/18 supplément X, Doit-on payer un supplément pour les bagages à main ?
Tuba, palmes, masque, me voici prêt pour une plongée dans les abysses de « Charles Baudelaire - La passion des images - œuvres choisies » paru aux Éditions Quarto Gallimard. Un volume composé de 1824 pages, la photographie de l'ouvrage (ICI)
Lors d’un road movie sur les routes de France, dans une région océanique où les nuages filent tout droit en rasant la terre ou presque, les haut-parleurs coincés dans les portières d'une berline noire diffusaient en boucle une chanson de Juliette. C’était la leçon de latin matinale, « Franciscae meae laudes », écoutée sur des centaines de kilomètres avalés à des vitesses frôlant le vertige des radars à l’affût d'un excès de vitesse pour subsister jusqu’à la saison nouvelle.
A Étretat, nous avons garé la berline dans une file sans fin de voitures remplie de touristes. Nous avons pris un bain de mer, nous avons arpenté les falaises et en humant le grand large nous avons eu une pensée pour Gustave.
Soudain, le spleen a envahi nos pensées. Le reste du voyage fut peut-être sous la lune ou dans une nuit d'encre.
J'ai trouvé "Novis te cantabo chordis" à la page 1137. Sur un petit poste à galène j'ai écouté Juliette.
"Franciscae meae laudes"
Charles Baudelaire
Novis te cantabo chordis,
O novelletum quod ludis
In solitudine cordis.
Esto sertis implicata,
O femina delicata,
Per quam solvuntur peccata!
Sicut beneficum Lethe,
Hauriam oscula de te,
Quae imbuta es magnete.
Quum vitiorum tempestas
Turbabat omnes semitas,
Apparuisti, Deitas,
Velut stella salutaris
In naufragiis amaris …
Suspendam cor tuis aris!
Piscina plena virtutis,
Fons æternæ juventutis,
Labris vocem redde mutis!
Quod erat spurcum, cremasti;
Quod rudius, exaequasti;
Quod debile, confirmasti.
In fame mea taberna,
In nocte mea lucerna,
Recte me semper guberna.
Adde nunc vires viribus,
Dulce balneum suavibus
Unguentatum odoribus!
Meos circa lumbos mica,
O castitatis lorica,
Aqua tincta seraphica;
Patera gemmis corusca,
Panis salsus, mollis esca,
Divinum vinum, Francisca !
Nocturne
La mort est si proche
à chaque aube
que je la sens
monter en moi
comme un fleuve
souterrain
qui charrie
dans mon corps
ses éclats empoisonnés
la mort est si proche
quand je me tais
qu'il suffirait
d'une seconde d'oubli
pour qu'elle envahisse
mon sang
et me jette
dans une terre
sans soleil
Francis Giauque (1934 - 1965)
SPLEEN
Jules Laforgue (1860-1887) Spleen
(Le Sanglot de la terre, 1901)
Tout m'ennuie aujourd'hui. J'écarte mon rideau.
En haut ciel gris rayé d'une éternelle pluie.
En bas la rue où dans une brume de suie
Des ombres vont, glissant parmi les flaques d'eau.
Je regarde sans voir fouillant mon vieux cerveau,
Et machinalement sur la vitre ternie
Je fais du bout du doigt de la calligraphie.
Bah! sortons, je verrai peut-être du nouveau.
Pas de livres parus. Passants bêtes. Personne.
Des fiacres, de la boue, et l'averse toujours...
Puis le soir et le gaz et je rentre à pas lourds...
Je mange, et bâille, et lis, rien ne me passionne...
Bah ! Couchons-nous. - Minuit. Une heure. Ah ! chacun dort !
Seul je ne puis dormir et je m'ennuie encor.
7 novembre 1880
Jules LAFORGUE–Spleen
Les colchiques - Guillaume Apollinaire
LES COLCHIQUES
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violatres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne
Guillaume Apollinaire
Photo prise le 28.09.14 à Sörenberg, au pied du Brienzer Rothorn
Sat
SMS reçu:
Ravi de recevoir de vos nouvelles cher poète, puissiez-vous profiter de la vacance de l'esprit. Prenez soin de vous...
Transmis par Sat le 19.07.03 à 23H23