10 juin 2022

L'été de tous les dangers - Un concert à Yverdon, une pivoine dans un vase, un voyage en train, funiculaire, car postal, voiture

Pour prendre en photo cette pivoine blanche dans un vase, j'ai quitté le petit village dans les montagnes en car postal, un premier train avec un changement dans la Ville fédérale, un deuxième train. À la gare de Neuchâtel, funiculaire pour descendre en ville. À l’extrémité du Jardin anglais, le buste d’Alice de Chambrier, une poétesse neuchâteloise morte à l’âge de 21 ans. Passage dans une librairie située place Pury pour récupérer une commande, un livre de Pline l’Ancien : Histoire naturelle.
Montée à la gare en trolleybus. Train jusqu’à Gléresse. Je snobe le beau paysage du lac de Bienne et de l’île Saint-Pierre, où vécu brièvement Rousseau. J’ai le nez plongé dans l’Empire romain. Funiculaire Gléresse – Prêles, Prêles village du poète Francis Giauque (ICI), de là, car postal à destination du village des vacances de mon enfance.
Le soir, aller et retour à Yverdon en voiture pour assister au concert du 30e anniversaire du cœur Crescendo.

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20 novembre 2018

Poème

ensevelis hors du préau
où s'enflamment les lambeaux de l'été
nous n'auront plus qu'un ciel de boue
pour imprégner nos visages captifs
de la lourde étreinte des profondeurs

Francis Giauque (1934 - 1965)

Extrait de "Terre de dénuement"
paru dans "Oeuvres", Éditions de l'Air 2005

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19 octobre 2018

De Lisbonne à prêles, avec Les Doors et Amália...

Une version surprenante de l'adagio d'Albinoni par Les Doors,

 
THE DOORS - ALBINONI ADAGIO.

 

EN ÉCOUTANT L'ADAGIO D'ALBINONI

Je suis avec vous
angoissés
garrottés au fond des geôles
de la disgrâce
je suis avec vous
qui meurtrissez vos poings
aux aspérités
des murailles qui vous enserrent
maudits rejetés par la mer
comme des poissons crevés
ensablés dans les dunes
d'un monde hostile et muet
je suis avec vous
pendant qu'on enfonce les clous
dans les pieds et les mains du Christ

Prêles, le 2 juin 1964

FRANCIS GIAUQUE (1934 - 1965)

Amália Rodrigues Cheira a Lisboa

Amália Rodrigues Fado Português

Amália Rodrigues. Lisboa à noite. Amsterdam 1958


Lisboa à Noite

Amália Rodrigues

Lisboa andou de lado em lado
Foi ver uma toirada, depois bailou, bebeu.
Lisboa ouviu cantar o fado
Rompia a madrugada quando ela adormeceu.

Lisboa não parou a noite inteira
Boêmia, estouvanada, mas bairrista
Foi à sardinha assada lá na feira
E à segunda sessão de uma revista

Dali p'ro Bairro Alto enfim galgou
No céu a lua cheia refulgia
Ouviu cantar o fado, então sonhou
Que era saudade aquela voz que ouvia

Compositor: Fernando Santos e Carlos Dias

Uma casa portuguesa - Amália Rodrigues

 

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30 décembre 2017

...

l' vent chasse les feuilles
dans les flaques d'eau
l'hiver s'amène
givré de brouillard

et toi te v'là
ta solitude
autour du cou
comme un collier

Francis Giauque (1934 - 1965)

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28 décembre 2017

...Bourrasques de neige...

Quand je mourrai
Demain s'il se peut
Enterrez-moi
Dans une terre humide
Et lourde de chaleur
Que la voûte de planche
Etoile mon sommeil
Que personne ne pleure
Moi qui ne sus pas vivre
Je pourrai enfin m'élever
Dans la nuit au son clair

Francis Giauque (1934 - 1965)


Lentement je me délabre
comme une maison abandonnée
dont les murs disloqués
se démembrent au vent du soir

                          mars 1965

Francis Giauque (1934 - 1965)

*******************

Ce matin, dans la nuit, sous une tempête de flocons, je suivais à petite vitesse deux chasse-neige. Nous étions une file de cinq ou six voitures et deux camions. Dans l'abitacle, il faisait chaud, les haut-parleurs crachaient à plein poumon le "Concerto en sol mineur pour orgue, orchestre à cordes et timbales" de Francis poulenc. Ce cortège insolite, perdu dans les bourrasques de l'hiver, était en fusion avec la musique somptueuse de Poulenc. La voiture était devenue un vaisseau, porté par la musique des cordes, qui fendait l'éther, dans une nébuleuse au-delà de la Voie lactée... J'ai soudain pensé à Francis Giauque. Ce poète que l'angoisse et le désespoir menèrent à un fin tragique, un jour de mai 1965. Nous passions à quelques encablures de son village. A un croisement, dans une dernière envolée d'orgue, tout se dissipa.

Poulenc - Organ Concerto - Duruflé

Concerto en sol mineur pour orgue, orchestre à cordes et timbales

Orgue: Maurice Duruflé
Orchestre National de l'Office de la Radio Télévision Française (ORTF)
Direction: Georges Prêtre



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18 août 2017

L'été russe - ...

marcher encore
où sont les fontaines
d'abondance
à minuit
sur les routes
du déchirement

Francis Giauque (1934-1965)

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11 juillet 2017

L'été russe - ...

soleil éteint
rongé au ver
D'une rouille
Incertaine
J'aligne
des mots
aveugles
pour étoiler
Un ciel en
loque

Francis Giauque (1934-1965)

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24 juin 2017

L'été russe - Ô château

fontaines sans eau
puits vides
source taries
oasis asséchée
âmes à la dérive
poings meurtris
yeux brûlés
rien

Prêles, 24 juin [1964] matin

Francis Giauque

Photographie: Le château de Berthoud, mercredi 21 juin 2017

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15 juin 2017

Le ciel

comme un orage
à bout de souffle
l'angoisse s'apaise
au crépuscule
l'animal traqué
trouve enfin le repos
dans les méandres
de l'obscurité

Francis Giauque

 

Le ciel, ce soir, à Grosshöchstetten... Vers 21h00

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10 juin 2017

Nocturne

La mort est si proche
à chaque aube
que je la sens
monter en moi
comme un fleuve
souterrain
qui charrie
dans mon corps
ses éclats empoisonnés
la mort est si proche
quand je me tais
qu'il suffirait
d'une seconde d'oubli
pour qu'elle envahisse
mon sang
et me jette
dans une terre
sans soleil

Francis Giauque (1934 - 1965)

La nuit est bien avancée, la fenêtre de la cuisine est ouverte. J'écoute le Trio / Notturno, en mi bémol majeur, pour piano, violon et violoncelle "Triosatz" D897 de Schubert. Soudain, l'adagio débute et vous déchire l'âme. Le corps frissonne. Je suis mal barré, en écoutant cette musique d'une beauté vénéneuses, je lis des poèmes de Francis Giauque. Entre la musique et le texte, aucun répit pour le repos de l'esprit. Tout vacille, dans cette soirée d'été tiède.  Des effluves du philadelphus montent du jardin. Ce parfum entêtant s'ajoute au spleen ambiant. Pour rompre ces tourments de l'âme, je plonge mes lèvres dans une petite tasse blanche,  ma dose de ciguë, qui a pour nom café, m'y attend. Ce breuvage rompra le maléfice.
Au loin, un clocher égrène les douze coups de minuit...

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