"Le tableau du lundi" proposé par Lakevio était un délicat bouquet de violettes. Le texte était dans ma tête. Je le récitais depuis samedi. Il y avait des chats, un vieux marabout à moitié déplumé, "les planètes" de Gustav Holst, un magnifique poème symphonique, servait de décor sonore.
Lundi 24 avril, le temps était magnifique. Les fleurs du lilas se balançaient, au-dessus du portail, soulevées par un vent du sud. Les trois ruches, installées dans un coin du jardin, étaient en pleine activité. Les abeilles se pressaient aux portillons entrée/sortie des différentes "maisons à miel".
Et il y avait une lettre dans la boîte aux lettres.
J'ai fait une promenade dans le jardin. C'était le creux de l'après-midi. Il n'y avait personne. Les épées laser attendaient dans un coin de l'entrée. Les enfants du rez-de-chaussée et du premier étage allaient sans doute bientôt envahir les lieux. Le murmure du vent sera alors perturbé par des hurlements, des pleurs...
Je n'était pas pressé de vider la boîte aux lettres. L'écriture de l'adresse m'était inconnue. En retournant l'enveloppe, je fut fixé en un quart de seconde.
Depuis plus de trente ans, j'ai un échange épistolaire avec mon ami A... Ces derniers mois, il a parfois évoqué des problèmes de mobilité, des moment de fatigue, toujours avec élégance et humour, le propos tournant toujours autour de la musique, de la peinture, de la littérature, de souvenirs de voyage ou de randonnées en montagne. Aujourd'hui, c'est son épouse qui a pris la plume. Ce jour que je redoutais est arrivé...
Dans une lettre brève, elle nomme les différentes maladies que mon ami avait transformé en vague bobos, du à la vieillesse. Depuis la fin mars, il est dans un centre de soins palliatifs, sous morphine, il est en somnolence.
Submergé par diverses émotions, j'ai revissé le capuchon de ma plume et refermé mon calepin. Le coeur n'y était plus...
La belle lumière du soir était mélancolique, ce lundi de fin avril...