Les mois d’hiver - Couché de soleil sur la Tamise - Nuit 6/11
« Je voudrais bien l'an prochain
réduire ma vie à l'essentiel
(...) et vous êtes dans cet essentiel. »
Albert Camus, Lettre à René Char
La cathédrale Saint-Paul vue depuis une salle du Tate Modern
C’est lundi, c’est raviolis à Paris
En revanche, à Londres, le lundi c’est le Tate Modern
2 janvier 2023
Images, montage, réalisation Jeanjacques666
Les mois d’hiver - La Tamise - Nuit 2/11
Londres, du côté de la Tamise, un jour sans pluie...
Les mois d'hiver - C'est la belle nuit de Noël
Adeste fideles laeti triumphantes,
Venite, venite in Bethlehem.
Natum videte Regem angelorum.
Venite adoremus, venite adoremus
Venite adoremus,
Dominum.
Aeterni Parentis splendorem aeternum,
velatum sub carne videbimus.
Deum infantem, pannis involutum;
Venite adoremus, venite adoremus
Venite adoremus,
Dominum.
Les mois d'hiver - Charles
Une charogne
Charles Baudelaire
Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d’été si doux :
Au détour d’un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l’air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d’une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d’exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu’ensemble elle avait joint;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s’épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l’herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D’où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague
Ou s’élançait en pétillant
On eût dit que le corps, enflé d’un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l’eau courante et le vent,
Ou le grain qu’un vanneur d’un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.
Les formes s’effaçaient et n’étaient plus qu’un rêve,
Une ébauche lente à venir
Sur la toile oubliée, et que l’artiste achève
Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d’un œil fâché,
Épiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu’elle avait lâché.
– Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !
Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l’herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j’ai gardé la forme et l’essence divine
De mes amours décomposés !
Les mois d'hiver - le solstice d'hiver 2022 s'est produit ce 21 décembre à 22h48 minutes 10 secondes
Il y a un sapin dans le salon !
Les mois d'hiver - La neige fond en silence, aucunes ONG pour alerter de cette mort lente des flocons de neige !
Le petit village dans les montagnes peu avant la tombée de la nuit.
Les mois d'hiver - Bibliothèque
Soror dolorosa
Reste. N'allume pas la lampe, Que nos yeux
S’emplissent pour longtemps de ténèbres, et laisse
Tes bruns cheveux verser la pesante mollesse
De leurs ondes sur nos baisers silencieux.
Nous sommes las autant l’un que l’autre. Les cieux
Pleins de soleil nous ont trompés. Le jour nous blesse.
Voluptueusement berçons notre faiblesse
Dans l’océan du soir morne et délicieux.
Lente extase, houleux sommeil exempt de songe,
Le flux funèbre roule et déroule et prolonge
Tes cheveux où mon front se pâme enseveli…
Ô calme soir, qui hais la vie et lui résistes,
Quel long fleuve de paix léthargique et d’oubli
Coule dans les cheveux profonds des brunes tristes.
Catulle Mendès
Extrait de « Soirs moroses »
Ce poème figure dans l'anthologie des poètes français contemporains, tome premier, Paris Delagrave éditeur, 1918