10h20, wagon-restaurant de la Deutsche Bahn, Interlaken-Berne (le train arrivera ce soir à Hambourg Altona), espresso genre tord-boyau, croissant au beurre tiède et délicieux, lecture, une lecture qui se déguste lentement, comme un vrai espresso, un texte qui sied bien à ce train qui semble flotter au-dessus de la voie ferrée.
11h30, doppio au Versa bar. La une de la prestigieuse NZZ, consacrée à la France, titre : « La situation dans les villes françaises est explosive »
13h25, Tibits, petite collation, espresso et lecture de la presse. Le quotidien Le Temps titre en une : « Les banlieues françaises brûlent de rage. »
17h30, cafetière italienne à la maison
Après avoir ingurgité tous ces cafés, le brouillard s’est installé dans le petit village dans les montagnes !
Carrouge 24 juin [19]33 Mon cher Nicole Ton message m'a fait bien plaisir : sa promptitude, et tout cet amical souci que tu y montres de satisfaire une demande dont le sans-gêne me remplit maintenant de confusion... Accepte à tout le moins mes excuses et aussi un bien profond merci. Voici une partie de ce que tu me demandes: Adieu et Feuillets*. Ma collection d'Aujourd'hui est tout à fait incomplète, aussi vais-je demander des exemplaires à Mermod et te les faire tenir. Peut-être verrai-je Trolliet la semaine prochaine, car il y a une exposition Viollier à Genève**, et Paul (qui est au pays et est venu lundi me voir sous la pluie avec mon filleul***) me proposait d'aller la voir avec lui. J'aurais profité de l'occasion pour rencontrer Trolliet et lui demander des « mesures » exactes - mais quoi qu'il advienne de notre projet, je te renseignerai là-dessus sans trop tarder, mon cher Nicole. Au demeurant ce numéro de Présence ne paraîtra pas avant l'automne, ce qui nous donne un vaste laps. Nous voici dans l'«encore de la pluie » chaque soir à la radio. Je pense beaucoup à toi et souhaite bien fort un vif retour du soleil sur tes promenades, car j'ai vu ce qu'un mauvais mois de juin pouvait être déprimant à la montagne.
* et aussi des choses plus anciennes. Pardon pour toute cette poussière! R.
Laisse-moi te dire merci encore, mon cher ami, et reçois mes meilleurs messages.
G. Roud
P.-S. A bientôt plus long message. L'heure du courrier me talonne! R.
**Cette exposition a lieu à l'Athenée de Genève du 7 au 29 juin 1933. Le peintre genevois Jean Viollier (1896-1985) a fait partie avec Steven-Paul Robert du groupe «Le Disque ». Après une dizaine d'années passées à Paris, il est revenu en 1932 à Genève, où il fréquente les collaborateurs de la revue Présence. Roud et Viollier ont correspondu entre 1921 et 1950. ***Jean-Dominique Robert (1925-2004), fils ainé de Steven-Paul Robert ; leur visite à Gustave Roud du lundi 19 juin 1933 est mentionnée dans le journal.
Lettre extraite de : Correspondance 1920-1959 Gustave Roud Georges Nicole 1283 pages Infolio, 2009
Lundi 19 juin 1933 Je descends au train de 9 heures à Ecublens chercher Paul et Lo*. Journée pleine de gaieté et d'amitié. Magie. Cinéma. Surprise heureuse de me retrouver un langage. Avec Paul je puis causer encore - mais combien m'en reste-t-il, de ces interlocuteurs ? Je les raccompagne à E[cublens] pour le train de 7 heures. Lent retour sous la pluie et le vent.
*Surnom de Jean-Dominique Robert (1925-2004), fils ainé de Steven-Paul Robert et filleul de Gustave Roud
Chargé de souvenirs j'ai quitté, sur le coup de neuf heures et demie, le village de mon enfance pour reprendre le chemin des Préalpes et le petit village dans les montagnes. Un arrêt dans la Ville fédérale pour déguster un doppio au Versa bar, un second arrêt, à Spiez, pour une courte méditation devant un tableau lacustre que j’aime, un tableau en décor naturel. Un dernier trajet en train de 17 minutes avant de s’installer dans le car postal qui grimpe à plus de 1000 mètres, mon arrêt est à 1070 mètres. Le car poursuit jusqu’à 1100 m. Les vaches sont parties sur les alpages, bien plus haut. Ici, on fait les foins.
Le jardin de Lignières ce matin Spiez, le décor de la méditation
Pia Colombo - Un soir de mai (Maurice Fanon) (télévision, 1965)
Une main hésitante, mal réveillée, fripée par une nuit cauchemardesque, une main encore mal assurée, une main avec une forêt de poils sur les phalanges, poils qui seront taillés et brossés dans la journée, une main avec une paume striée de lignes, lignes enchevêtrées dans des gerçures provoquées par des froids polaires, lignes qui seront lues, interprétées et analysées par un oracle dans la matinée, cette main qui s’agite au-dessus d’une chaise style Louis-Philippe, chaise qui fait office de table de chevet, chaise encombrée de livres, chaise d’où jaillissent des alarmes stridentes, un déchirement de décibels qui agace cette main à moitié endormie, cette main qui lentement se referme sur elle-même formant un poing, un poing qui s’abat en un éclair sur la source sonore. Repose en paix réveil-matin !
Le réveil matin (En public) - Henri Dès - Enregistrement public (1975)
Des brumes passent et repassent au large du petit village dans les montagnes À bord d’un bolide noir, j'accoste dans le village des vacances de mon enfance Course effrénée sur le tarmacadam sec, humide, trempé des autoroutes de l'Oberland bernois et de la frontière du Seeland Course poursuite avec des poids lourds immatriculés dans des pays étranges Course disputée en écoutant Couleur 3 sur la bande FM Arrivée dans un crissement de freins en tout genre Il fait encore jour, il est 20H20 Le ciel n’est pas bleu et la mer pas verte Bref, une escale dans le pays de mon enfance Je fermerai la fenêtre à la brise
Accroché dans les Préalpes, à plus de 1000 mètres, le petit village dans les montagnes à un climat rude. Les Alpes sont à quelques kilomètres, de l'autre côté du lac. Le retour du froid a surpris les premières fleurs...
(Biographie trouvée sur la toile) Marie Dubas est née en 1894 et, tout en suivant des cours au Conservatoire d’art Dramatique (classe de P. Mounet), elle est figurante au théâtre de Grenelle (Esméralda à 14 ans, en 1908). Elle suit des cours de chant aussi et, très tôt, elle devient chanteuse d’opérette, métier qu’elle exercera jusqu’en 1926. L’année suivante, elle entame une carrière de chanteuse populaire avec “Pedro” (J. Gey et J. Rodor) qu’elle chante à l’Olympia. Succès immédiat. Elle est au Casino de Paris en 1932 puis passe en vedette à l’A.B.C. et à Bobino. Dans ses tours “de chant”, elle danse, chante, joue la comédie, mime, intercalant chansons réaliste, comiques, monologues, chansons folkloriques, chansons pour enfants et mélodies classiques. En 1932, elle inaugure la formule du récital à Bruxelles puis à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées, l’année suivante : 35 chansons, sans micro. Piaf trouve en elle une source d’inspiration. Colette la vénère. Son public l’adule. C’est elle qui crée “Quand Charlotte prie Notre-Dame” (Jehan Rictus – 1934), “La java d’un sou” (Batell, Valray – 1935), “Mon légionnaire” (R. Asso, M. Monot – 1936) … Exilée durant la guerre, en raison de ses origines juives, elle chante en Amérique, en Suisse, au Portugal, en Afrique du Nord. – Elle refait une entrée triomphale en 1945 (à l’A.B.C. et au Théâtre de l’Étoile) puis repasse du côté du théâtre (Théâtre Antoine, 1950), revient au Music-Hall (Bobino, 1953) assurant, avec Damia, la réouverture de l’Olympia en 1955. Elle tourne aussi, dans quelques films : Escale de Louis Valrey (1935 – Chanson-thème : “La java d’un sou”, Au fil des ondes de Pierre Gautherin en 1951, Une nuit au Moulin Rouge de Jean-Claude Roy (avec l’ineffable Armand Bernard) en 1955… En 1958, après cinquante ans de carrière, elle n’en peut plus : “J’ai payé trop cher : ce métier m’a tué”, dit-elle… Elle mourra 14 ans plus tard, à Paris, en 1972 après avoir donné sa dernière interview en 1962.
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"En 1950, dans le tout premier film publicitaire de la Vache qui rit, Pauline Carton (connue pour ses rôles de soubrette chez Sacha Guitry) joue une cuisinière servant une famille bourgeoise et vantant à sa nièce les mérites des fromages Bel.."
- Mais... c'est l'intervention de cette grosse femme... C'est un ptit peu... enfin... ça va très loin.
- C'est là que je me rends compte que malheureusement, je vous ai beaucoup moins bien réussi que le porc.
Pierre et Thérèse.
Le père Noël est une ordure