Spiez La piscine ferme ses portes en fin d'après-midi, la saison s'achève.
Quoi de neuf ? Sonate d'automne, nuit fraîche, une couverture grise dans le ciel empêche les étoiles de voir la lune pleine.
Rentrer, le soir
Une allée de jardin botanique, avec beaucoup de ciel rouge au-dessus des arbres humides. Et un père, une mère des aciéries qui y ont mené leur petit enfant.
Puis, du côté du soir, les toits sont une main qui tend à une autre main une pierre.
Et c’est soudain un quartier de boutiques basses et sombres, et la nuit qui nous a suivis pas à pas a un souffle court, qui cesse parfois ; et la mère est immense près du garçon qui grandit.
Brûlée par un dernier amour, je reste debout dans l’automne. Dans le vent d’automne habillée de noir. bordée de noir, le noir des halliers. Mais mon cœur est rouge comme la feuille du perruquier, mes mains sont deux chrysanthèmes. Et je ris de mon dernier amour, un amour d’automne ! Je ris et je pleure. Amour plus amer qu’un fils, plus dur qu’un père, plus doux que la colombe. Plus secret qu’une tombe.
S. Corinna Bille
Photographie : Premier jour d'automne dans le petit village dans les montagnes
Sommeil, fils de la nuit et frère de la mort ; Écoute-moi, Sommeil : lasse de sa veillée, La lune, au fond du ciel, ferme l'œil et s'endort Et son dernier rayon, à travers la feuillée, Comme un baiser d'adieu, glisse amoureusement, Sur le front endormi de son bleuâtre amant, Par la porte d'ivoire et la porte de corne. Les songes vrais ou faux de l'Érèbe envolés, Peuplent seuls l'univers silencieux et morne ; Les cheveux de la nuit, d'étoiles d'or mêlés, Au long de son dos brun pendent tout débouclés ; Le vent même retient son haleine, et les mondes, Fatigués de tourner sur leurs muets pivots, S'arrêtent assoupis et suspendent leurs rondes.
Ô jeune homme charmant ! couronné de pavots, Qui tenant sur la main une patère noire, Pleine d'eau du Léthé, chaque nuit nous fais boire, Mieux que le doux Bacchus, l'oubli de nos travaux ; Enfant mystérieux, hermaphrodite étrange, Où la vie, au trépas, s'unit et se mélange, Et qui n'as de tous deux que ce qu'ils ont de beau ; Sous les épais rideaux de ton alcôve sombre, Du fond de ta caverne inconnue au soleil ; Je t'implore à genoux, écoute-moi, sommeil !
Je t'aime, ô doux sommeil ! Et je veux à ta gloire, Avec l'archet d'argent, sur la lyre d'ivoire, Chanter des vers plus doux que le miel de l'Hybla ; Pour t'apaiser je veux tuer le chien obscène, Dont le rauque aboiement si souvent te troubla, Et verser l'opium sur ton autel d'ébène. Je te donne le pas sur Phébus-Apollon, Et pourtant c'est un dieu jeune, sans barbe et blond, Un dieu tout rayonnant, aussi beau qu'une fille ; Je te préfère même à la blanche Vénus, Lorsque, sortant des eaux, le pied sur sa coquille, Elle fait au grand air baiser ses beaux seins nus, Et laisse aux blonds anneaux de ses cheveux de soie Se suspendre l'essaim des zéphirs ingénus ; Même au jeune Iacchus, le doux père de joie, A l'ivresse, à l'amour, à tout divin sommeil.
Tu seras bienvenu, soit que l'aurore blonde Lève du doigt le pan de son rideau vermeil, Soit, que les chevaux blancs qui traînent le soleil Enfoncent leurs naseaux et leur poitrail dans l'onde, Soit que la nuit dans l'air peigne ses noirs cheveux. Sous les arceaux muets de la grotte profonde, Où les songes légers mènent sans bruit leur ronde, Reçois bénignement mon encens et mes vœux, Sommeil, dieu triste et doux, consolateur du monde !
Tuba, palmes, masque, me voici prêt pour une plongée dans les abysses de « Charles Baudelaire - La passion des images - œuvres choisies » paru aux Éditions Quarto Gallimard. Un volume composé de 1824 pages, la photographie de l'ouvrage (ICI) Lors d’un road movie sur les routes de France, dans une région océanique où les nuages filent tout droit en rasant la terre ou presque,les haut-parleurs coincés dans les portières d'une berline noirediffusaient en boucle une chanson de Juliette. C’était la leçon de latin matinale, « Franciscae meae laudes », écoutée sur des centaines de kilomètres avalés à des vitesses frôlant le vertige des radars à l’affût d'un excès de vitesse pour subsister jusqu’à la saison nouvelle. A Étretat, nous avons garé la berline dans une file sans fin de voitures remplie de touristes. Nous avons pris un bain de mer, nous avons arpenté les falaises et en humant le grand large nous avons eu une pensée pour Gustave. Soudain, le spleen a envahi nos pensées. Le reste du voyage fut peut-être sous la lune ou dans une nuit d'encre. J'ai trouvé "Novis te cantabo chordis" à la page 1137. Sur un petit poste à galène j'ai écouté Juliette.
"Franciscae meae laudes"
Charles Baudelaire
Novis te cantabo chordis, O novelletum quod ludis In solitudine cordis.
Esto sertis implicata, O femina delicata, Per quam solvuntur peccata!
Sicut beneficum Lethe, Hauriam oscula de te, Quae imbuta es magnete.
Quum vitiorum tempestas Turbabat omnes semitas, Apparuisti, Deitas,
Velut stella salutaris In naufragiis amaris … Suspendam cor tuis aris!
Dans l'anthologie des poètes français contemporains, Paris Delagrave éditeur, 1918, c'est sous le nom de Madame Alphonse Daudet que sont reproduit deux poèmes de l'épouse de Daudet, extraits de "Reflets sur le sable et sur l'eau", Alphonse Lemerre, éditeur, 1903 L'un d'eux est un poème sur Venise. En octobre 1985, j'ai eu un immense coup de coeur pour Venise. En 2004, j'ai eu un coup de blues en retournant dans cette ville aux souvenirs élouissants. La ville était devenue un attrape-touristes. Les chats qui 19 ans plus tôt erraient partout avaient disparu. Je ne pense pas que je retournerai à Venise.
MADAME ALPHONSE DAUDET
VENISE
Vieux canaux, vieux palais, et vieux ponts sur l'eau morte Où des ombres s'en vont hâtives et drapées Si fièrement, et se posant de telle sorte, Qu'on croit voir aux haillons luire des blancs d'épée !
Cela passe et s'engouffre au coin de quelques portes, Cependant que le flot sur les pierres trempées Pleure, et noircit de tout ce qu'il porte et rapporte Les maisons, de mystère ancien enveloppées.
Ce n'est plus la Venise inclinant ses façades Vers Saint-Georges enflammé d'un couchant toujours rose, Et mirant des balcons, des toits, des colonnades
Au grand canal, où glisse, avec les sérénades, La gondole qui porte en ses voiles moroses Le deuil silencieux et persistant des choses ! (Reflets sur le sable et sur l'eau.)
NUIT DE PARIS Le ciel des nuits d'été fait à Paris dormant Un dais de velours bleu piqué de blanches nues, Et les aspects nouveaux des ruelles connues Flottent dans un magique et pâle enchantement.
L'angle, plus effilé, des noires avenues Invite le regard, lointain vague et charmant. Les derniers Philistins, qui marchent pesamment, Ont fait trêve aux éclats de leurs voix saugrenues.
Les yeux d'or de la Nuit, par eux effarouchés, Brillent mieux, à présent que les voilà couchés... - C'est l'heure unique et douce où vaguent, de fortune,
Glissant d'un pas léger sur le pavé chanceux, Les poètes, les fous, les buveurs, - et tous ceux Dont le cerveau fêlé loge un rayon de lune. (A mi-Côte)
Léon Valade (1841-1883)
Extrait de "Anthologie des poètes français contemporains", poèmes choisis par G. Walach, tome premier, Paris Delagrave 1918
- Mais... c'est l'intervention de cette grosse femme... C'est un ptit peu... enfin... ça va très loin.
- C'est là que je me rends compte que malheureusement, je vous ai beaucoup moins bien réussi que le porc.
Pierre et Thérèse.
Le père Noël est une ordure