L'été de tous les dangers - La déesse blanche (au second plan, à droite du manche de la cuillère, au-dessus du verre)
Berne, 15h34, Versa bar
Iced doppio
Écoute-moi, Sommeil : lasse de sa veillée,
La lune, au fond du ciel, ferme l'œil et s'endort
Et son dernier rayon, à travers la feuillée,
Comme un baiser d'adieu, glisse amoureusement,
Sur le front endormi de son bleuâtre amant,
Par la porte d'ivoire et la porte de corne.
Les songes vrais ou faux de l'Érèbe envolés,
Peuplent seuls l'univers silencieux et morne ;
Les cheveux de la nuit, d'étoiles d'or mêlés,
Au long de son dos brun pendent tout débouclés ;
Le vent même retient son haleine, et les mondes,
Fatigués de tourner sur leurs muets pivots,
S'arrêtent assoupis et suspendent leurs rondes.
Ô jeune homme charmant ! couronné de pavots,
Qui tenant sur la main une patère noire,
Pleine d'eau du Léthé, chaque nuit nous fais boire,
Mieux que le doux Bacchus, l'oubli de nos travaux ;
Enfant mystérieux, hermaphrodite étrange,
Où la vie, au trépas, s'unit et se mélange,
Et qui n'as de tous deux que ce qu'ils ont de beau ;
Sous les épais rideaux de ton alcôve sombre,
Du fond de ta caverne inconnue au soleil ;
Je t'implore à genoux, écoute-moi, sommeil !
Je t'aime, ô doux sommeil ! Et je veux à ta gloire,
Avec l'archet d'argent, sur la lyre d'ivoire,
Chanter des vers plus doux que le miel de l'Hybla ;
Pour t'apaiser je veux tuer le chien obscène,
Dont le rauque aboiement si souvent te troubla,
Et verser l'opium sur ton autel d'ébène.
Je te donne le pas sur Phébus-Apollon,
Et pourtant c'est un dieu jeune, sans barbe et blond,
Un dieu tout rayonnant, aussi beau qu'une fille ;
Je te préfère même à la blanche Vénus,
Lorsque, sortant des eaux, le pied sur sa coquille,
Elle fait au grand air baiser ses beaux seins nus,
Et laisse aux blonds anneaux de ses cheveux de soie
Se suspendre l'essaim des zéphirs ingénus ;
Même au jeune Iacchus, le doux père de joie,
A l'ivresse, à l'amour, à tout divin sommeil.
Tu seras bienvenu, soit que l'aurore blonde
Lève du doigt le pan de son rideau vermeil,
Soit, que les chevaux blancs qui traînent le soleil
Enfoncent leurs naseaux et leur poitrail dans l'onde,
Soit que la nuit dans l'air peigne ses noirs cheveux.
Sous les arceaux muets de la grotte profonde,
Où les songes légers mènent sans bruit leur ronde,
Reçois bénignement mon encens et mes vœux,
Sommeil, dieu triste et doux, consolateur du monde !
Théophile Gautier
L'été de tous les dangers - Un chalumeau recyclable
L'été de tous les dangers - Le soir, quand la nuit est tombée, on entend le Lombach qui coule dans les gorges
Bref interlude à Berne, le temps de faire les courses au marché et de boire un doppio au Versa (ex-Colonial bar).
Il pleuvait, tôt ce matin, dans le petit village dans les montagnes.
Pour se rendre dans la Ville fédérale, il faut 17 minutes de car postal, 11 minutes d'attente et 52 minutes de train.
Pour le retour, il faut choisir un train qui permet la correspondance avec le car postal. Le temps de trajet est le même qu'à l'aller.
Ce soir n'on entend pas les cloches des vaches sur les alpages, elles sont sur l'autre versant. On entend la Lombach qui creuse les gorges
Le bouquet au Versa est toujours superbe
Un lecteur sur la terrasse du Versa
Doppio (sans croissant !)
Cailles parfumées à l'alcool de coing, rôties au four accompagnées d'asperges blanches vapeur et de chips
Berne aux alentours de midi, on dirait le sud, le temps dure longtemps...
Samedi soir, les cailles passent à la casserole dans des effluves d'alcool de coing. Chips et asperges blanches complètent le menu. Un souper inédit dans le petit village dans les montagnes où l'on consomme des saucisses et du fromage d'alpage !
Nuit 9/9 - Petit déjeuner pris dans le wagon restaurant, d'un train reliant Interlaken à Berne
Café insipide, croissants élastiques, paysages somptueux
Déjeuner du matin
Jacques Prévert
Il a mis le café
Dans la tasse
Il a mis le lait
Dans la tasse de café
Il a mis le sucre
Dans le café au lait
Avec la petite cuiller
Il a tourné
Il a bu le café au lait
Et il a reposé la tasse
Sans me parler
Il a allumé
Une cigarette
Il a fait des ronds
Avec la fumée
Il a mis les cendres
Dans le cendrier
Sans me parler
Sans me regarder
Il s'est levé
Il a mis
Son chapeau sur sa tête
Il a mis son manteau de pluie
Parce qu'il pleuvait
Et il est parti
Sous la pluie
Sans une parole
Sans me regarder
Et moi j'ai pris
Ma tête dans ma main
Et j'ai pleuré.
Les bords de l'Aar
Le jour de Pâques, j'ai filmé quelques plans de la balade dominicale au Bord de l'Aar, entre Berne et Belp. Pendant que l'on déguste des sorbets dans une certaine insouciance, le dernier plan du vidéogramme tourné dans la gare de Berne nous plonge dans la tristesse et l'incompréhension face à l'agitation de certains dirigeants de cette planète.
Les bords de l’Aar - Impromptu no7
Les actualités Balade de Berne à Belp
Filmé le 17 avril 2022
Images, montage, réalisation Jeanjacques666
Dimanche de Pâques