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Rêveries
5 décembre 2022

Les mois d'hiver - Il a neigé cette nuit dans le petit village dans les montagnes

145e devoir de Lakevio du Goût

Consigne :

Devoir de Lakevio du Goût_145.jpg

J’aime la façon dont Mark Keller use pour nous faire comprendre que les choses ne se passent pas toujours comme prévu…
Mais vous ?
Que pensez-vous qu’il nous dise là ?
On en saura peut-être plus lundi.
Du moins je l’espère…

Yves

Je connais Yves depuis l’école primaire. Nous avons passé quatre années scolaires à nous côtoyer. Nous nous sommes revus quarante ans plus tard. Un de nos camarade avait réussi à réunir la classe entière le temps d’une soirée. Seize ans se sont écoulés depuis cette soirée, et, dans cette auberge baignée par l’océan, plantée au milieu de nulle part, où je passe une nuit, je reconnais Yves qui mange seul à une table, comme moi. Nous avons passé un bout de soirée à bavarder. Une conversation neutre, les souvenirs communs sont si diffus et lointains que la conversation s’égrène de banalités.
Ce matin avant de quitter l’auberge je suis passé dans la salle du petit déjeuner pour prendre congé d’Yves. Rien n’indique que nous nous reverrons un jour.

Yves est assis au bout d’une longue table. La tête appuyée contre ses mains, il a l’air sombre. Il sera sombre, renfermé et grognon tant qu’il n’aura pas avalé un premier café. Devant lui sont disposés un panier en osier tressé rempli de croissants, une motte de beurre à la crème crue et un pot de confiture aux abricots, l’inégalable confiture « Marillen aus dem Weinviertel » produite tout à l’est de l’Autriche. Le café déposé par le serveur détend les traits du visage et Yves ne tarde pas à en commander un second. Il a posé sa guitare devant un sucrier, un poivrier et une salière. Ces éléments en verre à fermetures métallique marquent le milieu de la table.

À l’autre bout de la table, un jeune couple tente, comme Yves, d’émerger des limbes du sommeil. Ils ont la gueule de bois. Ils sont rentrés de la ville voisine au petit matin. En regagnant leur chambre à grand fracas, ils ont réveillé les occupants des trois autres chambres. Ils en sont à leur troisième café et essayent d’organiser la journée. Ils passeront vraisemblablement cette journée de beau temps enfermés dans leur chambre, volets clos.

À travers les fenêtres à croisillons de la salle du petit déjeuner on voit la plage et l’océan. La marée est descendante. On voit aussi Lise de dos. Cette jeune fille, vêtue d’une jupe et d’un chandail de couleur bleu pastel, fixe l’horizon. Elle passe quelques jours dans cette auberge pour apprendre un texte. Dans deux mois elle sera sur scène, jouant dans un classique du répertoire français.

Un client est entré dans la salle du petit déjeuner et à commander une bière. Il a garé sa voiture à côté de celle d’Yves. Il est de passage. Il doit avoir une vingtaine d’années. Il regarde dans le vide. Il est vêtu d’une paire de bottes noires, d’un jeans et d’une veste en cuir. Discrètement il vérifie si son couteau est en place dans sa botte gauche. Il braconne parfois.

Le jeune couple a finalement décidé de faire une promenade le long de la côte. Le serveur affalé dans l’office, yeux rivés sur l’écran de son téléphone, joue à un jeu virtuel. Le client s’est dirigé vers les toilettes. Lise songe à regagner sa chambre. Yves est parti en voiture à la recherche d’un coin de plage tranquille pour mettre au point une chanson qui figurera sur son prochain album.

Lise est surprise, elle pensait en entrant dans sa chambre avoir fermé la porte à clé.
La lame du couteau sortie de la botte, le corps de Lise qui s’affale sur la moquette, la clé tombée ramassée par une main gantée, la porte de la chambre refermée, la clé remise sur le porte-clés des chambres à la réception, trois minutes de temps suspendu brouillé par le moteur d’une Ford Galaxie qui démarre en trombe.

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Commentaires
E
Histoire très intéressante, on apprécie tous les détails, on visualise bien les scènes, même ce que l'on ne voit pas ! On a l'impression que c'est du vécu, que l'auteur est assis dans la salle de restauration de l'hôtel, qu'il a noté tout ce qu'il s'y passe et puis, on arrive au dernier paragraphe et là, chute brutale à laquelle on ne s'attendait pas ! <br /> <br /> Brrr, dos glacé, yeux effarés, on respire difficilement, on imagine le regard vide, froid, la main gantée du jeune homme -aux bottes noires- et le couteau de l'assassin qui s'abat cruellement sur Lise ! Félicitations pour la chute !<br /> <br /> PS : Va-t-on retrouver la Ford Galaxie dans un prochain épisode ? brûlée au cœur d'une forêt ou le siège ensanglanté et le conducteur disparu ?<br /> <br /> glaglagla ...
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J
Quel luxe dans les détails, j'aime toujours autant. Qui eut cru à une telle fin, tout paraissait si paisible ?
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G
Hercule Poirot ou Jules Maigret vont s'atteler à la recherche du meurtrier (de l'assassin plutôt). Ils te contacterons sûrement...<br /> <br /> Dès que tu en sauras davantage, tu nous le fais savoir ?
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D
En voilà au moins une qui fini bien la journée ! Ton devoir est parfait, quant au crime, le mobil en sera-t-il connu un jour ? Peut être lors d'un prochain devoir, qui sait ?
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P
Et voilà ! encore un exemple où peut mener la célébrité ! mais pourquoi, qu'a-t-elle fait, ou pas, cette pauvre Lise ?<br /> <br /> On aura droit à l'enquête ?
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L
Qui est sûr que personne n'a remarqué le gamin qui est passé ?<br /> <br /> Le crime parfait est celui dont personne n'a jamais entendu parler, absolumpent personne...
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- Mais... c'est l'intervention de cette grosse femme... C'est un ptit peu... enfin... ça va très loin.
- C'est là que je me rends compte que malheureusement, je vous ai beaucoup moins bien réussi que le porc.

Pierre et Thérèse.
Le père Noël est une ordure 

 

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