Il automne - Des crabes, des pinces, de l'or et beaucoup de chaleur
170e devoir de Lakevio du goût
La consigne proposée par Le Goût (le blog du Goût) :
«Aujourd’hui, histoire de rester dans « l’air du temps » comme disait Nina Ricci, la température me semble un bon sujet de conversation.
J’ai donc repris « Le crabe aux pinces d’or » d’Hergé et en ai tiré cette image pour en faire le sujet du devoir.
Canicule donc il y a.
Comme vous vous en doutez, Heure-Bleue hésite entre la mort et la fusion.
Mais vous ?
Comment vivez-vous, comment survivez-vous à ces températures qui donnent une idée des conditions de travail des ouvriers de la sidérurgie.
Vous serez lues et lus lundi sans aucun doute, et avec intérêt…»
«Nous marchons vers de possibles catastrophes dans un état de rêve éveillé»
Edgar Morin
Canicula
Une chaleur intense, l’air qui brûle les poumons, un soleil sans répit, un ciel sans espoir de pluie. Les grains, qui forme ce désert, incandescents, marquent la peau qui s’y frotte, tel un fer rouge.
Il tituba, s’écroula dans la fournaise. La voiture à portée de main semblait inaccessible. Dans un effort surhumain, il dévissa le bouchon de la gourde pour quémander les dernières gouttelettes d’eau. Un sourire figea son visage. Il avait gagné son pari, il avait envoyé au monde un égoportrait, posant en compagnie d’un thermomètre fou qui indiquait 62 degrés Celsius.
Le reste ne sera que péripéties. On retrouvera ou pas son corps desséché. Les charognards ont quitté depuis longtemps cet enfer.
Il avait tout prévu, un sac isotherme pour préserver le téléphone pendant la sortie dans la fournaise. Il avait tout prévu, des bouteilles d’eau en suffisance. Il avait tout prévu, fermer les portes de la voiture et laisser tourner le moteur pour que la climatisation, au bord de la rupture, conserve un semblant de fraîcheur dans l’habitacle. Il avait tout prévu ne cessait-il de marteler à ses millions de suiveurs sur ses différents comptes numériques. Il avait signé un partenariat rémunéré avec une usine d’embouteillage d’eau minérale.
Il avait tout prévu sauf l’imprévu, le chant des sirènes virtuelles ignore l’implacable réalité de la vraie vie.
Dans la carcasse de la voiture, sur le siège arrière, une bande dessinée, « Le Crabe aux pinces d'or » d’Hergé, ouverte à la page 28-29, disparaît peu à peu sous les sables.
Affiche placardée contre l’intérieur de la porte du cabinet d’aisances du Versa bar à Berne.
Affiche d’une actualité brûlante.