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Rêveries
lakevio
2 octobre 2017

L'offre et la demande, jusqu'à saturation...

Nota bene: le vendredi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style. Lakevio, c'est à cette adresse: (ICI)

Parfois, comme cette-fois-ci, il y a une consigne supplémentaire:

Jeu des Papous

1) Commencez impérativement votre texte par la phrase suivante : "Ça a débuté comme ça." (emprunt à Louis-Ferdinand, qui voyage au bout de la nuit.)

2) Terminez impérativement votre texte par la phrase suivante : "En fait, Madame Polant déléguée par la famille avait seule suivi le corbillard." (emprunt à Maurice des Grandes familles.)

Entre les deux, casez ce que vous voulez !

°°°°°°°°°°°°°°°°°

Ça a débuté comme ça. Le père Maxime, béret vissé sur la tête, vêtu d'un costume aux couleurs indéfinissables, s'est penché vers la vitrine pour regarder un éclair au chocolat. Il en avait envie. Il soupira, réfléchit, il regarda longuement la pâtisserie et se décida. Il franchit la porte de la boulangerie-pâtisserie. La patronne fut surprise de voir le père Maxime dans son magasin. On chuchotait, dans le village, qu'il dormait sur un magot et que son porte-monnaie avait des toiles d'araignée.
-C'est un pingre et un grippe-sou disait de lui Martha, une parente éloignée.
-Bonjour, monsieur...
-Bonjour, bonjour, je voudrais l'éclair au chocolat qui est dans la vitrine.
La patronne mit la pâtisserie dans un petit carton. Elle encaissa, le père Maxime salua et sortit.
Le lendemain il restait une tartelette aux framboises. Il salua et emporta la fine pâtisserie. Personne, dans le village ne se souvenait l'avoir vu faire des dépenses, encore moins pour des sucreries.
Le troisième jour, il restait un diplomate et un baba au rhum. Le père Maxime salua prestement en emportant son butin.
Le village commença à jaser. Que se passait-il?
On interrogea Martha, sa proche parente. Elle criait à qui voulait l'entendre:
-Balivernes que tout cela. C'est un pingre et un grippe-sou.
Au fil des jours les pâtisseries se mirent à fourmiller dans la vitrine. Il prenait tout.
Les semaines passèrent et l'on vit le père Maxime à l'étroit dans son costume aux couleurs indéfinissables.
Madame Polant, une autre parente, qui suivait tous les cortège funèbres, disait à voix basse:
-Si c'est pas malheureux de dilapider son patrimoine dans de la pâtisserie.
Madame Polant et Martha étaient les principales héritières du père Maxime. Elles veillaient à leur façon sur le magot. Il y avait bien de la famille à Paris, mais on oublierait de les prévenir. Martha en ferait son affaire auprès du notaire, un cousin à elle.
La patronne de la boulangerie-pâtisserie avait engagé un commis. On ne cuisait presque plus de pain. On faisait des pâtisseries jour et nuit. Il n'y en avait jamais assez.
Le père Maxime devint énorme. Une fillette le poussait désormais dans une fauteuil roulant.
On passait directement à l'arrière-boutique située sur le côté du magasin. Les cartons de babas, de Paris-Brest, d'éclairs au chocolat, au café ou à la vanille, de tartelettes et de bien d'autres merveilles étaient entassé sur une charrette que tirait le frère de la fillette.
Les saisons rythmaient le choix de la garnitures des différentes pâtisseries. Les années passaient. Il y avait maintenant 3 commis qui faisaient les 3 huit. On avait testé toutes les recettes existantes.
A trois heures de l'après-midi, l'activité du village cessait. Les habitants se massaient dans la rue principale pour regarder un étrange cortège. Une fauteuil roulant avançait lentement au milieu de la rue. Trois fillettes, poussaient l'énorme masse de chair du père Maxime. Trois garçons tiraient une charrette lourdement chargée de cartons débordant de pâtisseries. Les six enfants du clerc de notaire avaient étés réquisitionnés au fil du temps.
Martha courrait les ruelles du village en chemise de nuit en braillant:
-Du baratin, c'est un pingre et un grippe-sou.
Madame Polant scrutait avec anxiété la diminution du magot.
Le notaire se décida à écrire une lettre urgente aux cousins de Paris de son client, pour décrire le chaos qui régnait au village. Tout cela est crée par votre oncle Maxime. Je vous signale qu'il y a un testament. Il écrivit en lettres minuscule la suite. Il ne devrait pas, mais la situation l'exigeait. Les deux folles du village pensent hériter, mais elles ne toucheront que le minimum légal. C'est vous les héritiers. Le magot sera dans quelques mois dilapidé sous forme de sucre, farines diverses et avariées (parfois), d'oeufs, de vanille et autres cerises sur le gâteau. Bientôt il n'y aura plus que quelques miettes de baba.
Marthe mourut un matin d'octobre. Madame Polant jubila, la voie était libre.
Elle se précipita chez le père Maxime. En ouvrant la porte, elle resta interdite sur le palier, blanche comme un linge.
Une ribambelle de cousins de Paris, attablés à la cuisine dévoraient le stock de pâtisserie de la veille. Le père Maxime se noyait lentement dans sa propre graisse. Il n'avait rien pu manger depuis la veille.
-Entrez, ma très lointaine cousine. Il faut que vous alliez chercher Marthe.
-Oui, cette autre lointaine cousine, ajouta une autre voix.
-Elle est morte Marthe. On l'enterre dans trois jours.
Il y eu un long silence. On entendait juste le bruit des mandibules des cousins de Paris, qui s'empiffraient, et le ronronnement de la liposuceuse qui dégonflait l'oncle.
On vit madame Polant, ressortir de chez sont très lointain oncle, cramoisie de colère, un baba au rhum en travers de la gorge. Elle ne digérait pas cette humiliation que lui infligeait les cousins gloutons de Paris.
L'enterrement de Marthe se déroula dans l'indifférence générale.
En fait, Madame Polant déléguée par la famille avait seule suivi le corbillard.

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4 septembre 2017

L'été russe - Le tableau vérité

Nota Bene: le samedi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style. Lakevio, c'est à cette adresse: www.lakevio.canalblog.com

La cafetière italienne grésille sur les flammes de la gazinière.
Lundi, jour de congé, jour propice pour faire la balade dite de "la classique de l'aéroport".
Une petite heure de marche de Wabern jusqu'à l'aéroport de Belp-Berne. Le ciel est un peu voilé. La température agréable laisse songer que l'arrière-été va se prolonger jusqu'à Noël!  Les asters fleurissent, les framboisiers remontent, les pommes arrivent à maturité et les vaches ruminent, couchées en ligne à la lisière d'un petit bois de sapin. Pendant la pause café, au restaurant de l'aéroport, arrivée du vol SX0601 en provenance de Vienne et du vol AGV33L, vol affrété par Air Glacier, en provenance de "La Madrague" (Saint-Tropez). Les passagers pour Berlin ne vont pas tarder à embarquer...
La cuisine embaume le café. C'est un Candelaria, torréfié à l'Adriano's bar.
Lundi soir, les chefs du monde imaginent, comme tout les débuts de semaine, des scénarios pour déclencher une guerre thermonucléaire.
Lundi soir, je sèche en regardant un tableau qui pourrait nourrir un billet. Ce tableau a été entrevu à l'aéroport. Un passager l'a reçu d'un coursier à vélo. Il a décloué du chassis, roulé et glissé la toile dans sa besace. Il a tranquillement passé la sécurité et s'est installé dans la salle d'attente. On le distingue sur la photographie ci-dessous, en ombre chinoise, portant une casquette. Il a embarqué sur le vol de Berlin.
Lundi soir, l'odeur du café titille les narines. La TSF annonce, au journal de 22h00, le vol d'un tableau au musée d'art de la Ville fédérale. Une toile de valeur. On y voit deux personnages. Les couleurs de cette toile disparue sont automnales. La particularité de ce tableau, est que les deux personnages sont des personnes réelles qui jouent un morceau de leur vie. La police recherche donc un tableau et signale la disparition d'un homme et d'une femme. Après la téléréalité, le tableau vérité remplit les musées de visiteurs avides d'histoires croustillantes.
Je suis donc un témoin clé de cette étrange histoire. Je suis enfermé chez moi. Les chats du quartier font le guet. Une bande très organisée est à l'origine de ce vol.
Lundi soir, je vais me mettre au vert quelques temps. Je quitterai mon appartement par la tuyauterie du lavabo et je passerai une quinzaine à Gspon...

                                                  

Ci-dessous, le tableau...

27 août 2017

L'été russe - Nouvelles de la nuit

Un papillon veille sur la nuit. Une nuit d'arrière été...
Un gramophone distille le thème d'Amarcord, mon film culte de Fellini.
Une annonce dans le quotidien Le Temps daté de samedi 26 donne envie d'aller au cinéma. Deneuve-Depardieu, deux monstres, plein de souvenirs sur grand écran...
Vendredi, vu à la librairie Payot, à La Chaux-de-Fonds, la ville de mon enfance, le nouveau Notomb... Déjà! encore? J'ai pas encore lu l'opus 2016...
Quand Amélie émerge au-dessus des piles à lire, c'est signe de fin d'été, de reprise, de rentrée, d'automne, la saison préférée de Lakevio et de Ric.
La musique de Rota passe en boucle...
Les chats du quartier, totalement hermétiques à la musique de Nino et de Schubert, partent à la chasse aux scoops...

14 août 2017

L'été russe - La rentrée

Nota Bene: le samedi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style. Lakevio, c'est à cette adresse: www.lakevio.canalblog.com
marc chalme

CANULAR

Deux fous, orgueilleux et sourds aux conseils, brûlent d'impatience d'expérimenter, grandeur nature, la guerre thermonucléaire...

 ... Pendant ce temps, attablé au Colonial bar , Jim sirote des espressi en lisant "Ada", un roman d'Antoine Bello. Les perspectives de cette histoire sont inquiétantes...

 ... Une jeune femme, vêtue d'une robe de couleur vert bouteille, tenant un livre à la main, descend avec nonchalance l'escalier de la maison familiale. Elle lit "L'Exil et le Royaume" de Camus. Copyright Librairie Gallimard 1957, Achevé d'imprimer 4 mars 1957, Dépôt Légal 1er Trimestre 1957...

 ... 4 mars 1957, un peu plus de deux mois après la parution du livre, naissait un humanoïde, qui, soixante ans plus tard, se saoulera d'espressi dans la Ville fédérale. Dans deux autres capitales, les maîtres joueront au jeu de "qui perd gagne" afin de savoir qui déclenchera le premier le cataclysme nucléaire...

 ... Pendant ce temps, la jeune femme à la robe de couleur vert bouteille, cherchait sa mère dans les pièce du rez-de-chaussée. Elle avait trouvé dans le recueil de nouvelles une lettre datée de mars 1967. Elle avait reconnu l'écriture de sa grand-mère et la dessinatrice semblait être sa mère...

 ... A Paris, Lakevio, la célèbre galériste, peaufinait l'accrochage de son exposition automnale. Une entreprise de transport réputée venait de lui livrer un tableau mystérieux. Aucun document n'accompagnait cette peinture. On voyait une jeune femme descendant nonchalamment l'escalier de la maison familiale. Elle tenait dans une main les feuillets d'une lettre. La jeune femme, d'une trentaine d'années, vêtue d'une robe de couleur vert bouteille, cherchait sa mère. Elle voulait des explications concernant un embriolo familial dont elle n'avait eu que des explications de façade et qui était détaillé dans une missive oubliée dans un bouquin. Lakevio décida de placer cette toile mystère à l'entrée de la galerie...

 ... - j'ai placé des notes à mettre au propre de façon à créer une histoire, à côté de votre ordi.
- Bien chef, répondit une jeune femme vêtue d'une robe couleur vert bouteille.
- Il faudra faire un effort. La semaine passée, nous avons fait une audience nulle, votre texte était nul. On a perdu 26% de parts de marché. Encore un faux-pas et nous nous quitterons en bons termes....

 ... Pendant ce temps, Jim pensif imagine Ada, intelligence artificielle, vêtue d'une robe vert bouteille. Selon les magazines de mode, la tendance de l'automne 2017 est à la robe de couleur vert bouteille unisexe...

 ... Dans son bureau paysager, la jeune femme ruminait. Elle ne voulait pas être virée. Elle composa un numéro sur le cadran d'un vieil appareil. Elle murmura dans le combiné: - Allô New-York, je voudrais le 22 à Asnières...

 ... Un feuillet du précieux manuscrit par un curieux courant d'air c'est retrouvé dans la rue. Il a échoué sur le comptoir d'un food truck et a servi de cornet pour une portion de frites...

 - c'est toi Amélie? -Oui, Ada -Je t'envoie le brouillon du patron. Il faut que tu me fasses un texte brillant. Je suis virée au moindre point virgule de travers. - Je ferai mon possible, mais je suis en tournée promotionnelle pour mon nouveau roman qui va sortir.

 

NOTES DE BAS DE PAGE Le début du texte est un gazouillis envoyé dimanche. Le compte Twitter peut être identifié en sachant que deux mots ont un #, guerre et thermonucléaire. L'auteur de ce gazouillis tient un blog où la rêvasserie est de mise. Ce n'est pas @pontifex_in. Le feuillet qui a servi de cornet, gras d'huile et de mayonnaise, est illisible. Il contait la brève arrestation de Lakévio par la police des douanes. Accusée de trafic de tableaux et de séquestration de la mère d'une jeune fille vêtue d'une robe couleur vert bouteille, elle a finalement été lavée de tout soupçon, cette veille de 15 août.

 La canicule a repris son bâton de pèlerin, dans la villa familiale résonne la 7e symphonie de Bruckner jouée par le Symphoniaorchester des Bayerischen Rundfunks dirigé par Eugen Jochum. C'est une oeuvre difficile d'accès, mais après quelques écoutes, elle devient plus familière. Elle évoque l'été.

 Les devoirs de vacances me donne des céphalées. Je vais prendre un cachet. Sur la boîte d'Alka-Seltzer, il est écrit: À prendre à minuit, parce qu'il est minuit à Alka-Seltzer!

 Si le temps le permet et la technique ne s'y oppose pas, les entrées du journal électronique sont mises en ligne à 22h15.

 ... Dans la nuit tombante, une voiture noire, conduite par Jim, ralentit. La glace arrière se baissa. Une jeune femme, vêtue d'une robe couleur vert bouteille se pencha et cria: - Et les chats, vous avez oublié de parler des chats du quartier. La voiture accéléra et se fondit dans la nuit. Furtivement il avait été possible de voir Lakevio, assise à côté de la jeune femme, tapotant sur une tablette. Elle composait les invitations pour son exposition d'automne...

 

(A SUIVRE)

7 août 2017

L'été russe - Un été à Cumberland

Nota Bene: le samedi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style. Lakevio, c'est à cette adresse: www.lakevio.canalblog.com

James Durden, été à Cumberland (1925)

Un canapé coudé en toile était adossé à la baie vitrée. Au loin, on voyait un paysage de plaine, de lac au pied de montagnes abruptes. Les couleurs étaient celles d'un été finissant, tirant sur le jaune et l'ocre. Devant le canapé, une table basse nappée de blanc sur laquelle reposait un plateau garni de tasses, soucoupes, théière et coupelles remplies de biscuits signalait au chat, qui ne se trompait jamais en matière de gastronomie, que l'heure du goûter avait sonné. Yvonne et Eva s'assirent de part et d'autre du canapé. Le chat jouait le séducteur, il savait qu'il gagnerait quelques miettes du festin. Un diamant, à la vitesse de 33 tours et demi minute, sillonnait un vinyle.
Le haut parleur situé au-dessus de la machine à café... [Ce plan a été intégré par erreur. Ceux qui suivent l'actualité auront reconnu un fragment de l'Adriano's bar. Le lobby du café a imposé à la production cette fraction de seconde subliminale.] La musique de Mozart emplissait la pièce. Marc arrivé de l'extérieur se tenait dans l'embrasure de la fenêtre ouverte. Yvonne remplit les tasses d'un thé vert japonais de premier ordre, un Sencha No5 de la région de Kagoshima, cueillette 2016, et tendit une tasse reposant sur une soucoupe à chacun. L'Été, le bel été dansait. Vieillissant, il ne tarderait pas à disparaître, rongé par l'automne qui en catimini prenait ses marques. L'image se figea, le mot FIN apparut en surimpression, les lumière se rallumèrent. Trois secondes de silence, qui parurent des siècles, s'égrenèrent avant que les 8000 spectateurs de la Piazza Grande, debout, ne fassent une très longue ovation au film "Un été à Cumberland". Une fois encore, la magie de la place avait agit. La voûte étoilée avait inspiré les spectateurs. Ce qui, selon les rumeurs, devait être un navet, un film de série Z, était un chef-d'oeuvre. Les réseaux sociaux étaient saturés, le public applaudissait depuis une demi-heure. "Un été à Cumberland" semblait bien parti pour obtenir le Léopard d'or. Le 70ème Locarno Festival - Films battait son plein. Il se produisit ce dimanche soir 6 août un événement qu'aucun festivalier n'avait jamais vécu et qui probablement ne se reproduirait pas avant septante ans, le film fut projeté une seconde fois. Minuit sonnait au clocher d'une église voisine de la place. Le chat du film, grisé par le triomphe dévorait des sardines en cachette au "Bar de l'entracte". Il flottait un air de fête sur la Piazza Grande. Le cinéma n'était pas encore mort.

 

NOTES:
Le Locarno Festival-Film se déroule cette année du 2 au 12 août.
En plus des sept salles de cinéma utilisées, la Piazza Grande peut accueillir chaque soir jusqu’à 8 000 personnes. La récompense principale décernée par le jury est le Léopard d'or (Pardo d'oro).
Plus d'infos: https://www.rts.ch/info/culture/cinema/8806501-le-festival-du-film-de-locarno-fete-ses-70-ans.html

(Photos tirées de la toile)

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24 juillet 2017

L'été russe - Le rocker

Nota Bene: le samedi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style. Lakevio, c'est à cette adresse: www.lakevio.canalblog.com

 

Il pleut. C'est soir de fête chez les gastéropodes. Des lampions, protégés par de grandes feuilles d'hosta, éclairent la piste de danse. Des grillons jouent des polkas endiablées. Limaces et escargots se trémoussent jusqu'à pas d'heure. Un voisin, agacé par le tintamarre, lance une pantoufle par la fenêtre. Elle s'écrase sur une fourmilière. La panique, crée par cette astéroïde tombée du ciel, provoque une grande agitation chez les fourmis, qui, selon la légende ne sont pas prêteuses.
Il pleut.
Médor, le bouvier bernois, dort sur le canapé à côté d'Odile qui fait ses devoirs de vacances. Ce mois de juin est particulièrement pluvieux et Odile a sauvé quelques fleurs de pivoine. Disposées dans un vase en verre de Murano, placé sur la table basse, devant le canapé, les rescapées de la pluie égaient la soirée pluvieuse. La pluie abîme les fleurs de pivoine.
Odile s'applique à décrire cinquante nuances de gris, un tableau chic peint par un artiste de choc.
Gygé, son mari, chasse, armé d'une boîte Agfa modèle 1927, les papillons de nuit planqués dans la maison. Le poste à galène diffuse "La truite" de Schubert. Soudain le concert est interrompu. Un speaker annonce la mort de Polo Hofer. il s'est éteint samedi à l'âge de 72 ans, communique sa famille. «Samedi peu avant minuit, ma dernière heure a sonné et je me suis endormi paisiblement à la maison», peut-on lire en suisse allemand dans l'avis de décès qu'il a lui-même écrit. «Je dis au revoir tout le monde, c'était bien».
Polo Hofer a su lier comme personne avant lui le dialecte et la musique rock, a aussitôt réagi le ministre de la culture Alain Berset.
Considéré comme le fondateur du «Mundartrock» en Suisse, littéralement «rock en dialecte», il a marqué la musique rock des années 1970 et 1980 avec son groupe Rumpelstilz, souligne le quotidien "Le matin"
A noter que son morceau «Alperose», qu'il a composé avec Hanery Amman, a été élu hit de tous les temps par les téléspectateurs helvétiques en 2006.
Polo hofer chantait en dialecte bernois.
Odile abandonne son devoir. Elle ne distingue que du gris dans ces cinquante nuances. Un éclaire de magnésium embrase la maison. Gygé vient de surprendre un papillon qui pose pour la postérité. Coup de tonnerre chez les collectionneurs.
Odile choisit un disque de Polo et met le volume à font. Elle se trémousse jusqu'à pas d'heure sur le tapis de tante Violaine.
Soudain une vitre vole en éclat et une pantoufle expédiée dans la nuit par un voisin agacé s'écrase sur la truffe de Médor. Il pousse un hurlement de loup et disparaît sous le canapé.
Le mardi matin, le canard était toujours vivant, un gars en pyjama, pieds nus, cherche ses pantoufles dans le dédale des rues de son quartier. Odile dort, elle a dansé le rock toute la nuit. Une famille d'araignées, adepte des plats à l'emporter, grignote les restes calcinés de papillons de nuit grillés par les éclairs de magnésium. Médor rentre bredouille de sa chasse aux chats. Les félins bronzent sur une plage à Agay. La pluie s'est éclipsée. Les dernières gouttes s'étirent sur le feuillage d'un lilas. Des coins de ciel bleu annonce le retour de Phébus (Φοῖβος). Il est 08h05, les cloches d'une église voisine sonnent. C'est l'enterrement des illusions.

Alperose - Polo Hofer

10 juillet 2017

L'été russe - Le rouge est mis... Moteur!

Nota Bene: le samedi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style. Lakevio, c'est à cette adresse: www.lakevio.canalblog.com

PUZZLE

Les jours d'été, les notes égrenées par une pianiste, s'enfuient par les persiennes entrouvertes et ruissellent dans la rue inondée de soleil, déserte et brûlante.
Persiennes, ce mot évoque des souvenirs d'été.
Les persiennes entrouvertes laissent entendre une musique inlassablement répétée par une pianiste déchiffrant une partition. Absorbée par les fa# du monde, elle sursaute, quand une paire de chaussures rouges à talon tombe sur le clavier, provoquant une dissonance du plus bel effet...

Ding ding dong!
- Maman, on a sonné à la porte
- J'y vais
Elle se trouve nez à nez avec la bande de gosses du quartier.
- 'Jour M'dame. Si ces chaussures sont votre pointure, vous pourrez épouser le prince charmant.
Tous les regards se tournent vers Jules, un pré-adolescent boutonneux et rouge comme une pivoine.
Une gamine brandit, devant les yeux ébahis de la mère de famille, une paire de souliers à talon de couleur rouge.
- D'où sortent ces godasses demande la M'dame.
- On les a trouvées sous la haie, près de la boucherie.
Elle essaye les chaussures, elle lui plaise.
- Pas de chance M'dame, votre pied est beaucoup trop petit.
On lui arrache les escarpins et la bande s'en va.
En refermant la porte, la mère entend un bonhomme haut comme trois pommes dire gravement à son copain:
- Dommage, Jules, elle était bien roulée la nana...

- Tu pourrai mettre des annonces sur les réseaux sociaux.
- Tu as une photo?
- Oui.
- Montre.
Isis montra le cliché qu'elle venait de récupéré du Cloud.
- Elles sont belles
- Tu les a perdues où?
- Oubliées à la piscine. Je suis effondrée, je venais de les recevoir.
- A nous trois on a un large réseau. On met des avis sur Twitter, Instagram, Snapchat et une vidéo sur Youtube.
- On va les retrouver, tes belles chaussures rouge à talon...

- Lot No 434, une paire de chaussure rouge à talon. Nous démarrons à 5 francs.
Chaque année, les objets trouvés mettent en vente une partie des objets orphelins de leur propriétaire.
Roseline, la fille de la chanson, patiemment, par tranche de cent sous, obtient le lot pour 20 francs.
Roseline, la fille de la chanson, était à la traine. Son amoureux marchait loin devant. Les belles chaussures rouges la faisaient atrocement souffrir. Ses pieds meurtris refusaient d'avancer.
Son amoureux se porta à son secours. Il la saisit dans ses bras. Il retira les souliers des pieds gonflés et les expédia aussi loin que possible. Ils virent les chaussures rouges à talon disparaitre, engloutie par une persienne.
Ils éclatèrent de rire, s'embrassèrent longuement et poursuivirent leur route.

LE CHAINON MANQUANT
La pianiste, dépourvue d'intérêt pour une paire de chaussures rouges à talon a discrètement égaré les souliers sous la haie près de la boucherie...

3 juillet 2017

L'été russe - L'écharpe rouge

 

Nota Bene: le samedi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style. Lakevio, c'est à cette adresse: www.lakevio.canalblog.com

VOYAGE EN CHEMIN DE FER, COURTE FANTAISIE
Les chats avaient discrètement quitté le quartier. Chargés de bagages, ils avaient contacté un Uber. C'est un hérisson, plutôt jeune, qui les a conduit à la gare à bord de son Alfa Roméo. Le train pour Lecce partait de la voie 6 à 15h07. Les félins, après avoir semé le chaos dans la gare, s'engouffrèrent dans un wagon de 1ère classe. Ils bousculèrent une dame, vêtue d'une robe et de talons aiguilles blancs qui rêvassait dans le couloir.
Un coup de sifflet retentit sur le quai
- En voiture, cria le contrôleur.
Le train s'ébranla.
L'Été, le bel été sirotait un verre de bulles au wagon restaurant.
Un téléviseur installé dans le wagon fumoir, permettait de voir,en noir et blanc, l'arrivée de l'étape du jour du Tour de France.
Un air de vacances flottait dans le train qui filait vers le talon de la botte italienne.
Un hippopotame faisait des arabesques devant la grande porte de Kiev.
A New York, sur la scène de Radio City, les girls faisaient des claquettes.
Oublié sur une banquette de seconde, "La modification", roman ferroviaire de Butor, attendait une lectrice (chérie).
"Marie-Chantal contre le docteur Kha", un film franco-italo-hispano-marocain réalisée par Claude Chabrol, sorti en 1965, comporte une scène, avec Marie Laforêt, qui se déroule dans un wagon restaurant.
Au petit matin, alors que le train roulait dans la campagne italienne, un voyageur trouva la dame aux talons aiguilles pendue à son écharpe rouge dans les WC. Son corps se balançait doucement.
Les chats avaient quitté le train depuis longtemps.
On pouvait voir, sur Instagram, des égoportraits en maillot de bain de ces chères félins...
Le commissaire Montalbano, dépêché sur les lieux, par autorisation spéciale de Camilleri, élucida le mystère de la pendue en deux minutes. Au pied du cadavre un billet disait ceci: "J'ai perdu tous mes amis FB. Adieu monde cruelle."
Encore une victime des chimères virtuelles.
Ce soir le coucher de soleil fut de toute beauté.
Dans la rue on peut humer les derniers parfums des tilleuls.
Tout est calme, les chats du quartier sont en vacances.
A l'Adriano's bar, un client écrit, sur un carnet de moleskine, une histoire abracadabrante. Les deux ventilateurs, fichés au plafond, sont à l'arrêt. Le haut-parleur, situé au-dessus de la machine à café diffuse un nocturne de Schubert.

19 juin 2017

L'imprimante

Nota Bene: le samedi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style. Lakevio, c'est à cette adresse: www.lakevio.canalblog.com

Aujourd'hui, on pouvait choisir un des sept portrait proposé. Il fallait faire une biographie ou évoquer le portrait choisi.

 

- Salut.
- Salut.
- C'est qui ce mec sur l'imprimante?
- Je n'ai aucune idée. J'ai fait un clic erroné en voulant imprimer un rapport et voilà, un inconnu s'est pointé. En plus je n 'ai plus de connexion depuis une heure.
- Ce mec me dit quelque chose.
- Salut les ploucs, c'est la bourre? 
- Salut Julie. Georges est en panne de connexion.  Il est imbuvable. Dis, tu connais ce mec qui est sur l'imprimante?
- Tu es naze ou quoi, Mireille? Tu ne reconnais pas François Barrière?
- Le fils d'Alain? Ironisa Georges.
- Non, je ne crois pas précisa Julie. J'ai l'impression d'avoir affaire à des ploucs de chez plouc... François Barrière, un acteur qui casse la baraque en ce moment, ajouta-t-elle.
- Le cinéma, pour moi c'est un peu dépassé. A part ça, il est sexy ce mec, ajouta Mireille en regardant la photo sur l'imprimante. 
- Il a 28 ans, il a raflé le César du meilleur acteur en début d'année, le grand prix d'interprétation à Cannes au printemps. Il est en couple avec Lucia, une actrice italienne...
- Julie, au lieu de débiter le bottin mondain, au boulot, tonna Georges.
- Je prends la photo, annonça Mireille.
- Je prends la photo, imita Julie.
- Bon, les midinettes, la connexion est revenue. On bosse.
On entendit les mouches voler dans le bureau.
Le portrait de François Barrière, oublié dans le bac de l'imprimante, termina sa carrière dans la poubelle.
Le philadelphus parfume les interminables soirées de juin.  L'Été, le bel été se pavane...
Adieu donc
Enfants de mon coeur
5 juin 2017

Portrait minute - L'Été, le bel été

Nota Bene: le samedi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style. Lakevio, c'est à cette adresse: www.lakevio.canalblog.com

 

Il somnolait sur une banquette mal commode. Il avait peu dormi. La veille, un orage avait éclaté et la pluie s'était installée pour la nuit. Les chats du quartier, peu enclins à se mouiller, avaient organisé une rave party clandestine dans les combles d'une maison voisine. Ils se moquent des lois, qu'ils ignorent, ne sachant pas lire et font un vacarme toute la nuit. Le volume est poussé à fond, les basses font trembler toute la Ville fédérale, les félins éructent, pissent dans les coins, fument de l'herbe, boivent des litres de bière et font des égoportraits qu'ils envoient sur la toile virtuelle.
Un crissement de freins, l'ouverture des portes automatiques le tira d'un cauchemar. Il était en train d'épouser les thèses du président des États-Unis. Une vitre le séparait d'une dame lisant une revue vegan. Elle portait des lunettes de soleil et ressemblait à la fille qui joue Lolita dans le film de Kubrick. Soudain il tressaillit. Derrière la Lolita se tenait une femme. Il la voyait de profil. Il reconnaissait les traits d'un visage familier, elle avait vieilli, comme lui. Elle portait les boucles d'oreille qu'il avait offertes à Gabrielle il y a près de cinquante ans. Il avait devant lui l'amour de sa jeunesse. Il se leva et se précipita vers la porte de sortie, mais le bus démarrait. Il vit la femme disparaître dans la foule puis le bus obliqua... Il retourna s'asseoir au fond du bus.
Le vol SX021, en provenance de Berlin Tegel, passa au-dessus de la vieille ville.
Les nuages s'étaient dissipés, le soleil commençait à chauffer l'air. Les philadelphus embaumaient, de leur parfum enivrant et entêtant les rues de la ville verte.
L'Été, le bel été s'installait...

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- Mais... c'est l'intervention de cette grosse femme... C'est un ptit peu... enfin... ça va très loin.
- C'est là que je me rends compte que malheureusement, je vous ai beaucoup moins bien réussi que le porc.

Pierre et Thérèse.
Le père Noël est une ordure 

 

GUERRE

Valéry

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