Instantané : Un coin du village des vacances de mon enfance
"Colin terminait sa toilette. Il s'était enveloppé, au sortir du bain, d'une ample serviette de tissu bouclé dont seuls ses jambes et son torse dépassaient. Il prit à l'étagère de verre le vaporisateur et pulvérisa l'huile fluide et odorante sur ses cheveux clairs. Son peigne d'ambre divisa la masse soyeuse en longs filets orange pareils aux sillons que le gai laboureur trace à l'aide d'une fourchette dans de la confiture d'abricots. Colin reposa le peigne et, s'armant du coupe-ongles, tailla en biseau les coins de ses paupières mates, pour donner du mystère à son regard. Il devait recommencer souvent, car elles repoussaient vite."
Extrait du début de "L'écume des jours" de Boris Vian
Une souris bleue galope dans le ciel moutonneux à la recherche d'éléphants roses et de girafes, une pluie de poissons rouges oblige la souris à remettre les pieds sur terre grâce à un magnifique parachute doré !
Le Niesen vu depuis l’ICE 278 (Interlaken Ost - Berlin Ostbahnhof), à 10h21 samedi 5 mars 2022
Cette photographie date de la fin du XIXe siècle. C'est l'Atelier de Photographie Jean Rossi, via à vis de la gare à La Neuveville, qui a opéré, "on opère tous les jours. Les clichés sont conservés". Ces informations sont imprimées au dos de la photo. Nous ne savons pas si la photographie à été prise à Lignières ou à La Neuveville. Au premier plan Rose et Théophile Junod. Au second plan, de gauche à droite, leurs fils : Robert, Arthur et Adrien. Adrien est mort en 1903, laissant une veuve et une petite fille de 3 ans. Trente ans plus tard, cette petite fille, prénommée Adrienne, mettra au monde ma mère.
Le gardénia passe l’hiver dans les coursives d’une maison déguisée en chalet pour respecter l’unité architecturale du petit village dans les montagnes. Ses fleurs embaument les couloirs. Cette floraison à la fin avril est inhabituelle. Il y a un peu plus de dix ans, le gardénia a échappé de peu à un gel mortel (ICI).
Les pissenlits sèment à tout vent dans le jardin de Lignières
Seong-Jin Cho Concerto pour piano n° 21 de Mozart (Suntory Hall Tokyo. 19.06.2013)
En écoutant l'andante de ce concerto le portrait de Lucile me vient automatiquement à l'esprit. J'aime ce texte de François-René extrait des Mémoires d'outre-tombe.
"Lucile était grande et d’une beauté remarquable, mais sérieuse. Son visage pâle était accompagné de longs cheveux noirs ; elle attachait souvent au ciel ou promenait autour d’elle des regards pleins de tristesse ou de feu. Sa démarche, sa voix, son sourire, sa physionomie avaient quelque chose de rêveur et de souffrant.
Lucile et moi nous nous étions inutiles. Quand nous parlions du monde, c’était de celui que nous portions au-dedans de nous et qui ressemblait bien peu au monde véritable. Elle voyait en moi son protecteur, je voyais en elle mon amie. Il lui prenait des accès de pensées noires que j’avais peine à dissiper : à dix-sept ans, elle déplorait la perte de ses jeunes années ; elle se voulait ensevelir dans un cloître. Tout lui était souci, chagrin, blessure : une expression qu’elle cherchait, une chimère qu’elle s’était faite, la tourmentaient des mois entiers. Je l’ai souvent vue, un bras jeté sur sa tête, rêver immobile et inanimée ; retirée vers son cœur, sa vie cessait de paraître au dehors ; son sein même ne se soulevait plus. Par son attitude, sa mélancolie, sa vénusté, elle ressemblait à un Génie funèbre. J’essayais alors de la consoler, et, l’instant d’après, je m’abîmais dans des désespoirs inexplicables.
Lucile aimait à faire seule, vers le soir, quelque lecture pieuse : son oratoire de prédilection était l’embranchement des deux routes champêtres, marqué par une croix de pierre et par un peuplier dont le long style s’élevait dans le ciel comme un pinceau. Ma dévote mère, toute charmée, disait que sa fille lui représentait une chrétienne de la primitive Église, priant à ces stations appelées laures.
De la concentration de l’âme naissaient chez ma sœur des effets d’esprit extraordinaires : endormie, elle avait des songes prophétiques ; éveillée, elle semblait lire dans l’avenir. Sur un palier de l’escalier de la grande tour, battait une pendule qui sonnait le temps au silence ; Lucile, dans ses insomnies, allait s’asseoir sur une marche, en face de cette pendule : elle regardait le cadran à la lueur de sa lampe posée à terre. Lorsque les deux aiguilles, unies à minuit, enfantaient dans leur conjonction formidable l’heure des désordres et des crimes, Lucile entendait des bruits qui lui révélaient des trépas lointains. Se trouvant à Paris quelques jours avant le 10 août, et demeurant avec mes autres sœurs dans le voisinage du couvent des Carmes, elle jette les yeux sur une glace, pousse un cri et dit : « Je viens de voir entrer la mort. » Dans les bruyères de la Calédonie, Lucile eût été une femme céleste de Walter Scott, douée de la seconde vue ; dans les bruyères armoricaines, elle n’était qu’une solitaire avantagée de beauté, de génie et de malheur."
A partir de 6h30, il était impossible de dormir dans le petit village dans les montagnes. Aujourd'hui, c'est l'inalpe, la montée à l'alpage. Les troupeaux arrivent de Bort, de Bohlseite, de Schwendi. Les vaches portent les plus belles cloches ou les toupins les plus gigantesques. Les troupeuax sont rassemblés tout en haut du village. En fin d'après-midi, se sera la montée aux différents alpages. Une montée dans l'orage, sous une pluie battante. Au loin, dans la montagne, on voit les troupeaux monter, monter ...
Randonnée de mise en jambe, 16 kilomètres, 6 heures de marche dans les alpages aux alentours du petit village dans les montagnes. Le point culminant de ce circuit improvisé autour du village, "Haglätsch 1735 m." Là-haut, le chalet était fermé. Les vaches sont descendues un peu plus bas. Cette année les désalpes ont lieu 15 jours plus tôt que l'an passé. Elles s’étaleront sur plusieurs jours à partir de demain, Certaines années, le retour des vaches est prématuré à la suite de chutes de neige. Cette année c'est le manque d'herbe qui précipite le retour. Le paysage était grandiose, les champignons abondants. Quelques bolets bais ont terminé leur existence dans la poêle ce soir. Un souvenir gustatif de cette première randonnée de l'année. Une mise en jambe tout de même assez corsée !
La journée ressemble à une journée d’été des années septante. Le feuillage des arbres nous rappelle que c’est l’arrière automne qui traîne à notre regard. La luminosité est exceptionnelle. Assis à la terrasse d’un tea-room, sous des marronniers d’Inde, dans le centre d’Interlaken, il fait bon lire en buvant un doppio et en se gavant de vermicelles.
J'ai réalisé un vidéogramme lors du concours de la plus belle vache du village, la semaine passée :
…Ce soir je serai la plus belle pour aller danser, danser… Saison 2 Le retour Filmé le 12 et 13 octobre 2022 à Habkern Images, montage, réalisation Jeanjacques666
La « Pomme Cloche » est une variété de ProSpecieRara depuis 2009. Auparavant, cette pomme décrite avant 1865 était encore relativement courante, tant dans les cultures fruitières professionnelles que dans les jardins privés. Cependant, la population de pommiers se compose essentiellement d’arbres très âgés et a diminué rapidement ces dernières années. ProSpecieRara a pris la « Pomme Cloche » sous sa protection et met tout en œuvre pour qu’elle trouve un nouvel élan.
Le Géranium des prés (Geranium pratense) est une plante de la famille des Géraniacées. Ce géranium vivace eurasiatique est aussi cultivé comme plante ornementale.
Le Géranium Herbe à Robert (Geranium robertianum), est une plante (annuelle ou bisannuelle) de la famille des Géraniacées. C'est une plante commune dans une grande partie des zones tempérées de l'hémisphère nord.
Ci-dessous, dents-de-lion et en haut à droite, ail des ours en fleur
Un vendredi sans gains, il est peu probable que je devine les numéros gagnants de la loterie européenne ! Un vendredi sanguin n’est pas à l’ordre du jour. Un teint blafard, une mollesse d’esprit , un transit en grève et une fatigue musculaire n’indiquent pas le coup de sang propice au coup de gueule. Je suis le cours des choses comme ces chiens vieux, aux moustaches blanchies par le poids des ans, qui, à pas lents et résignés, suivent par habitude leur maître. Les cieux sont à l’unisson, ils se déclinent d’un camaïeu gris avec deux trous bleus sur le côté droit ; trous si petits que le ciel peut attendre. Je clame depuis longtemps que je vivrai un an de plus que Jeanne. J’ai reçu par courriel confidentiel un code QR qui, le 30 novembre 2080, un samedi, m’ouvrira les portes du paradis.
Bref passage dans la Ville fédérale pour admirer les jeux d'eau sur la Place éponyme et boire un doppio au Versa bar.
Toutes affaires cessantes, oubliant le devoir du lundi, j’ai posé mes valises hier, dans le village des vacances de mon enfance. Je jardine, jardine, jardine…
Photographies du jardin de Ligniéres de haut en bas : Un insecte dans les fleurs de ciboulette Graines d'un pissenlit prêtes à l'envol Ail des ours en floraison Giroflées
Les travaux continuent dans le jardin de Lignières. Désherbage, désherbage… Peu à peu les massifs reprennent forme et les vivaces émergent des pissenlits géants. Des pissenlits hauts comme des clochers, sur lesquels une fourmi de dix-huit mètres avec un chapeau sur la tête se balade à vélo.
Jardinage et désherbage, désherbage et jardinage, jardinage et désherbage, désherbage et jardinage… Une légère bise agitait les graminées qui, de cette caresse, disséminaient aux quatre points cardinaux le pollen source de toussotements chez les allergiques à la campagne. Cela s’appelle le rhume des foins.
Jardinage et désherbage, désherbage et jardinage, jardinage et désherbage, désherbage et jardinage…
La Suisse alpestre est en ébullition. Depuis une semaine et pour quelques jours encore, les troupeaux descendent des alpages. Les villages, du Valais au lac de Constance, sont traversés par des troupeaux de vaches. Les bovins sont ripolinés, décorés et leurs sonnailles résonnent dans les vallées. Le petit village dans les montagnes n’échappe pas à la règle. Hier, le premier troupeau à traversé le village. J’ai réalisé un vidéogramme.
Alpabfahrt – Désalpe Habkern 2023 25. september 25 septembre Filmé le 25 septembre 2023 Images, montage, réalisation Jeanjacques666 Jean-Jacques - Rêveries
Une fois par an, je me retrempe dans la Cité de Calvin. C'est à Genève que j'ai vécu le plus longtemps, 35 ans, de juin 1976 à novembre 2011.
En 1982, le sculpteur Gérald Ducimetière, alias John Aldus à installé quatre statues en bronze au Rond-point de Plainpalais. L’homme à la valise est moulé d’après Michel Butor, l’auteur de la «modification».
Le petit village dans les montagnes Un soir d’octobre 2023
J’ai regardé cet épisode, le 352, du journal filmé dans un état d’esprit « euphorique ». Hier soir, je suis rentré chez moi après une semaine passée dans ma famille. Dans la boîte aux lettres une enveloppe matelassée attendait mon retour. Au dos de l’envoi, une note de l’expéditeur indique que ce colis arrive des environs du Lac de Grand-Lieu. Une belle surprise, le texte du Journal filmé avec une dédicace du filmeur/auteur. Un scénario improbable s’est construit, en quelques minutes. J’ai récupéré le petit paquet dans la boîte aux lettres, pendant que j’ouvrais l’envoi une notification signalait que l’épisode 352 était en ligne. À la fin du film : « ouverture d’un colis reconditionné par La Poste / mains du filmeur / Journal filmé, le texte, tomes 1 et 2 ». J’ai regardé le vidéogramme, une main posée sur la version papier du journal. « Journal filmé, le texte, tome 4, du 18 février 2019 au 16 février 2020, Arnaud de la Cotte, collection Prose de vue ». Sur la 1ère de couverture, l’ombre du filmeur, un extrait du Journal filmé 238, j’ai pensé à Yasujirō Ozu…
Après Anne-Françoise Coulomy et ses portes dont on se demande toujours où elles mènent ou ce qu'elles cachent, voici Fernando Saenz Perdrosa et ses attentes d’un train qui mènera je ne sais où pour rejoindre je ne sais quoi ou échapper à je ne sais qui. C’est toute l’histoire de « Le je ne sais quoi et le presque rien ». A vous, et à moi, de jouer d’ici lundi…
Aujourd’hui, nous évoquerons « Le Je-ne-sais-quoi et le presque rien » de Vladimir Jankélévitch avec la philosophe… Elle coupa la radio de bord. Ils s’embrassèrent langoureusement. Ils avaient passé la fin de semaine dans un gîte sur un plateau balayé par de puissants vents d’arrière-automne. Ils avaient redéfini le kamasoutra plutôt que de battre la campagne dans la tempête. Ce premier dimanche de novembre s’achève sous des averses glaciales. En début de soirée un bulletin météorologique spécial annoncera des températures négatives pour la nuit.
Elle quitta l’habitacle en agitant la main, il lui fit un clin d’œil. La Ford Galaxie disparu dans le virage au loin. Elle gagna le quai de la gare de X. La pluie avait laissé ses empreintes sur le béton du quai. Dans les flaques, le ciel, morne, bas et gris se reflétait. Dans l’une d’elle, la fine silhouette de la voyageuse oscillait au gré de minuscules vagues provoquées par les pattes d’un chat, un chat qui s’était aussitôt fondu dans la brume naissante. Pour échapper à l’averse, elle se tenait sous parapluie gris. Un imperméable sanglé à la taille par une ceinture élançait son corps vers le ciel. Un sac à main pendait à sa main gauche, son bagage abandonné derrière elle prenait la pluie.
Tout à l’heure, en quittant le gîte, elle avait constaté la perte de la ceinture de son pardessus. Ceinture qu’un des rares voyageurs fréquentant la gare de W. avait accrochée à la rambarde du sous-voie. Mal fixée, la lanière d’étoffe s’était égarée sur le quai, vendredi, quand le train l’avait déposée dans cette station au milieu de la campagne et qu’elle avait couru à son rendez-vous.
Une locomotive tirant trois wagons avançait sans peine malgré la pluie, un vent léger, une brume grandissante. Le halo des phares de la motrice se faisait de plus en plus précis. Quand le train entra en gare, elle arracha le sac de voyage du sol et se précipita en bordure de quai. Le machiniste actionna le sifflet de la locomotive…
Il alluma la radio de bord. Une jeune femme a été trouvée morte sur le quai de la gare de W. ce lundi matin. Elle serait morte de froid indique la police. Une autopsie est ordonnée et une enquête ouverte. Les enquêteurs sont intrigués par la présence de cette femme dans ce lieu. La gare est désaffectée depuis la fermeture de la ligne il y a quinze ans…
L’exercice, le défi, réaliser un vidéogrammes de 30 secondes chaque jour de décembre. Un calendrier de l’Avent numérique qui se poursuivrait jusqu’au 31. Vais-je relever le défi ? Vidéogramme 13/31
« Bun di » Una giornata particolare Élection du Conseil fédéral 13. Dezember 2023 Images, montage, réalisation Jeanjacques666
Après plusieurs jours de pluie, un petit crachin neigeux de quelques minutes Des mandarines de Corse, des friandises, une carte d’Yvonne Ce matin, l’élection du Conseil fédéral Nous approchons de Noël
L’exercice, le défi, réaliser un vidéogrammes de 30 secondes chaque jour de décembre. Un calendrier de l’Avent numérique qui se poursuivrait jusqu’au 31. Vais-je relever le défi ? Vidéogramme 15/31
Wien Abendempfindung 15. Christmonat 2023 Vienne Impression du soir Images, montage, réalisation JeanJacques666
Photographies de haut en bas
Cathédrale Saint-Etienne, Basilique Saint-Charles, Église des Jésuites (le baroque absolu), café et lecture (lire Thomas Bernhard à Vienne, l’extase…), La Hofburg, le balcon depuis lequel Hitler harangua les Viennois le 15 mars 1938, après l’Anschluss du 9 mars.
L’exercice, le défi, réaliser un vidéogrammes de 30 secondes chaque jour de décembre. Un calendrier de l’Avent numérique qui se poursuivrait jusqu’au 31. Vais-je relever le défi ? Vidéogramme 16/31
Vienne promenade 16 décembre 2023 Images, montage, réalisation Jeanjacques666
Choses vues à Vienne ce samedi de décembre Un léger vent pannonien soufflait sur la ville
- Mais... c'est l'intervention de cette grosse femme... C'est un ptit peu... enfin... ça va très loin.
- C'est là que je me rends compte que malheureusement, je vous ai beaucoup moins bien réussi que le porc.
Pierre et Thérèse.
Le père Noël est une ordure