La consigne
Mais que peuvent bien se raconter ces deux femmes arpentant la plage ?
Si dans votre récit il y avait les mots
- Ventripotent.
- Curiosité.
- Indiscrétion.
- Sable.
- Vent.
- Attention.
- Surprise.
- Cri.
- Maillot.
- Découverte.
Ce serait, j’en suis sûr vraiment chouette.
Alors à lundi j’espère.
Cette fois-ci je ne vous ferai pas « faux-bond ».
Deux élégantes dînent. Elles sont attablées à la terrasse d’un restaurant au bord de la Manche. Il est midi trente ; Étables-sur-Mer somnole. Emportées par la griserie de la découverte, elles ont choisi au hasard, entrées et plats, en fermant les yeux et laissant courir leur index à l’ongle vernis de rouge sur le papier imprimé en Perpetua, police de caractères qui vient d’être créé, sur la carte des menus. C’est le mitan des années 1920, on lit « Gatsby le Magnifique » en grillant des Gitanes Maryland fixées sur d’interminables porte-cigarettes et en expirant la fumée des poumons dans de langoureuses volutes bleutées. La nuit, on danse jusqu’à pas d’heure le Charleston dans des endroits à la monde en buvant un Sidecar, un cocktail oublié des années 1920, crée par un soldat britannique devenu barman à la démobilisation de la Grande Guerre.
Une indiscrétion du maître d’hôtel a piqué la curiosité des deux femmes, elles choisiront pour le dessert la bombe glacée. Un dessert crée au cours du XVIIIe siècle, devenu un classique, Auguste Escoffier en codifia la recette dans son guide culinaire. La surprise ne vous décevra pas avait chuchoté le serveur qui poussait un chariot où reposait la bombe.. Il cria « attention » et alluma la mèche dissimulée au bas de la demi-sphère géante. Le sommet de la bombe fut projeté sur la plage. On entendit un cri aigu. La comète glacée venait de s'écraser sur un ventripotent. Du caramel fondu forme des lacs dans les plis de sa bedaine. La masse crémeuse quitte le maillot du vieux beau et s’enfonce dans le sable. Le vent sèchera cette mésaventure.
Les deux élégantes décident de faire quelques pas sur la plage pour digérer l’addition. Les pieds dans l’eau elles devisent gaiement. Mais que peuvent bien se raconter ces deux femmes arpentant la plage ? Un touriste américain a filmé la scène. Le film est en noir et blanc, muet évidemment. Néanmoins, trois gros plans du visage des héroïnes du jour permettent de reconstituer un court dialogue. On peut lire sur les lèvres des deux jeunes femmes la conversation suivante :
- Ce serait, j’en suis sûr vraiment chouette.
- Alors à lundi j’espère.
- Cette fois-ci je ne vous ferai pas faux bond.