24 décembre. (Étude)
Nota Bene: le samedi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style. Lakevio, c'est à cette adresse: www.lakevio.canalblog.com
Andrew Wyeth
Imprimés dans la neige fraîche, des reliefs très striés, sans doute, des semelle de bottes sortaient de la forêt. Les traces d'un animal, probablement un chat, semblaient suivre ce sentier improvisé. Il neigeait. Le ciel était gris, les flocons tourbillonnaient. La chatte noire, qui accompagnait une silhouette grise, celle qui laissait des empreintes, attirait le regard dans ce camaïeux de gris. Elle ronronnait et se frottait contre les bottes du marcheur.
-Oui, Minette, on n'est pas encore arrivé.
La cloche de l'église frappa quatre coups. Le jour commençait à ce confondre avec la nuit. Le voyageur passa devant le pensionnat de l'Alice. L'hiver, une vingtaine de jeunes filles venaient de Suisse alémanique pour apprendre le français. On les voyaient parfois se promener dans le village, on les côtoyait tous les dimanches au culte. Une seule fenêtre était éclairée dans la grande bâtisse, en ce vendredi 24 décembre. Le pensionnat était fermé. Les pensionnaires avaient rejoint leur famille, en Suisse centrale ou orientale. Pendant deux semaines, elles renoueront avec leur dialecte, uranais, schwitzois ou appenzellois.
-Bonjour Martha
-T'es qui toi?
-Aline, la petite fille d'Adrienne
-Mais, je ne t'avais pas reconnue, avec ce manteau, ces bottes et cette besace.
-j'ai bien chaud.
-Tu n'est pas venue avec l'autobus. Il est pas encore cinq heures.
-je suis montée à pied, depuis Le Landeron
Elle aimait l'endroit juste au-dessus du Landeron, entre les vignes et la forêt. C'est là que viennent mourir les dernières garrigues. Aujourd'hui, la neige amortissait les sons et donnait au paysage un air vaporeux. Le paysage qui, à la belle saison, permet de voir les trois lacs, ne ne laissait entrevoir qu'un morceau du lac de Bienne et la bande de terre qui fait de l'île Saint-Pierre une presqu'île. Avant la correction des eaux du Jura, c'était une île. Jean-Jacques Rousseau, chassé de partout, y avait trouvé refuge pendant quelques semaine.