Sauvetage du gardénia
Il est est presque dix heures du soir, la température plonge sous la barre du zéro degré. Il faut organiser un rapatriement nocturne du gardénia. Descente au pas de course de la colline, trajet en tram et en bus dans la nuit glaciale, arrivée aux portes de la forêt noyée dans le brouillard où, armé d'une lampe de poche le sauveteur brasse les feuilles mortes.
Le faisceau de la lampe fouille le tapis végétal à la recherche du sentier. Une ombre, masse noire, détale, un chat contrarié dans sa chasse nocturne. Le rond de lumière rencontre le chemin qui a été dégagé des cadavres de feuilles!
Le gardénia installé dans son pot trône au milieu des hellébores Niger. Les feuilles fragiles de la plante sont pailletées de givre.
Prestement l'élégant arbuste est placé dans un sac et emporté dans la nuit, hors du gel.
Installé dans l'entrée Jugendstil de la maison des delphiniums le gardénia, sauvé des rigueurs de l'hiver naissant, narre ses aventures à deux camélias compagnons d'infortune.
L'adieu à Genève
Brouillard
Le brouillard imperméable empêche le soleil de rayonner.
Sous ce couvercle nuageux les décors se déclinent en gris et blanc. Un froid humide saisi les voyageurs agglutinés aux arrêts de tramways. Patiemment, ils attendent l'arrivée du serpent d'acier à roulettes. L'intérieur du monstre est chaud. Pendant le trajet, les usagers de ce transport public communiquent avec le monde au moyen de tablettes numériques.
Soirée automnale
La bise virevolte devant le Zytglogge. Les trams et les bus s'entrecroisent, Les pantographes, avec habileté, évitent de s'égarer dans la salade de câbles. A Berne, les rendez-vous se donnent à la "Kabelsalat", au pied de la Tour de l'Horloge, ou devant le magasin Loeb. En face de la vénérable horloge, se blottit sous les arcades l'Adriano's, où en ce début de soirée automnale, quelques consommateurs languissent devant un Sekt ou une bière. Les deux ventilateurs fichés au plafond tournent mollement. A chaque entrée ou sortie, un bol d'air frais s'engouffre dans le bar. Quelques feuilles mortes poussées par les courants se glissent au pied des clients et boivent des capuccinos avec des chalumeaux géants.
Dimanche matin
Automne, un pâle soleil se glisse entre les nuages pluvieux qui ne se pressent pas de passer.
Dimanche matin, l'Adriano's déborde de consommateurs, la terrasse est désertée.
A l'intérieur, les amateurs de café sont comme harengs en caque. L'automne et sa fraîcheur rendent méfiant les fervents de terrasse. Seul les amateurs de nicotine envahissent les bancs balayés par un ventelet frais.