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Rêveries

3 octobre 2022

Il automne - le dernier train pour gun hill

139e devoir de Lakevio du Goût

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D’après vous, qu’est-ce qui m’a poussé, à voir cette toile, à vous proposer un devoir ?
Oui, comme la semaine dernière, c’est une toile d’Émile Friant.
Celle-ci m’a particulièrement interpellé.
Pourquoi ?
Je vous le dirai lundi.
Mais vous ? Que vous a-t-elle inspiré ?
Ce qui serait vraiment bien, c’est que vous commenciez votre explication par :
« J’arrive tout couvert encore de rosée »
Et que vous la finissiez par :
« Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches. »

Acouphène

« J’arrive tout couvert encore de rosée », dit à mi-voix la jeune femme assise à côté de moi. Elle lit un livre. J’ai pris le train à F. J’ai trouvé une place sur une banquette entre un barbu et une jeune femme à chapeau. Le train est bondé. En face de moi, la banquette est arrondie et une petite table en métal permet d’y déposer un gobelet en carton rempli de mauvais café ou d’y laisser choir son sac. Il est occupé par une trentenaire, avachie sur la table. Elle a rassemblé ses affaires pour laisser une place à trois jeunes, un garçon et une fille. Ce sont des étudiants qui sont montés, comme moi, à F. La trentenaire, aux cheveux filasseux, de temps en temps, pêche une bouteille dans son sac. C’est une bouteille de vin blanc. Un millésime bouché par une capsule métallique. Elle boit à même le goulot de grande rasade d’un vin italien acheté dans un magasin pratiquant des ristournes. Son téléphone ne cesse de sonner.
« Michel, allô ! Michel, Je ne t’entends pas ». Elle essaye de rappeler, en vain, le téléphone resonne. « Michel ? oui, Michel, allô Michel ». Elle regarde son téléphone, attrape la bouteille de blanc, boit une rasade.
Les étudiants bavardent. Le jeune a posé son téléphone sur la table. La trentenaire le saisi et dit « Merci » puis ajoute en le reposant, « Non, je rigole ! »
Les étudiants échangent leurs impressions sur les cours qui viennent de commencer. Le jeune s’aperçoit en tripotant son téléphone, que son billet, dématérialisé, juste illustré par un code QR, ne correspond pas au train dans lequel il a pris place.
La jeune femme à chapeau, assise à côté de moi semble mémoriser le texte qu’elle lit. Elle referme sans cesse le livre en se servant d’un doigt comme marque page. Ses lèvres bougent, remuent, parfois des bribes de l’œuvre arrivent aux oreilles des voyageurs. Mes yeux son rivés sur le livre. Je peux enfin lire le titre et l’auteur. Je suis stupéfait. Je possède un même exemplaire dans ma bibliothèque. C’est un livre imprimé par Kundig Genève (Suisse), pour le compte des Éditions de Cluny, 35 rue de la Seine, Paris VIe, le 37e ouvrage de la collection « bibliothèque classique de Cluny ». Il est sorti des presses suisses en novembre 1943. C’est un recueil de poèmes de Verlaine contenant « Romances sans paroles », « Dédicaces » et « Épigrammes ».
« Michel, Michel ? Allô, je n’entends rien » La bouteille en verre vert, contenant un vin fond de cuvée fait des cercles dans l’espace restreint du wagon.
La lectrice parfois replie son bras et pose la tête sur sa main droite. Elle a un regard mutin. Le chapeau qui coiffe ses cheveux coupés à la garçonne est en paille noircie piqué d’une plume et de fleurs artificielles. Avec sa chemise rose tirant sur le rouge, une veste bleu lagon foncé et son pardessus en laine de vigogne elle semble échappée d’une toile d’Émile Friant. Ce peintre, mort en 1932, est considéré comme le dernier naturaliste. Cette voyageuse lectrice peinte par Friant aurait pu être un tableau proposé par Le Goût pour un devoir du lundi. Il aurait demandé que le texte commençât et se terminât par deux vers extraits d’un poème de Verlaine, « Green ». C’est le poème que la jeune femme assise à côté de moi tente de mémoriser, poème que l’on trouve aussi dans « Anthologie de la Poésie française » de Georges Pompidou, anthologie dédiée à Claude, page 422 de l’édition du livre poche, dans « Anthologie de la poésie française » d’André Gide, page 622 de la bibliothèque de la Pléiade, juillet 2000. « Green » que l’on peut également lire dans « Anthologie des poètes français contemporains », page 374, Delagrave éditeur Paris 1918.
« Allô, Michel, Michel je ne t’entends pas, Michel », le contenu de la bouteille de vin blanc est presque évaporé.
Mon voisin barbu compose un numéro sur son téléphone. On apprendra au fil du voyage qu’il déménage, que tout s’est bien passé, que le camion est restitué et qu’il va rechercher sa voiture à B. Il conseille à X ou Y, nous n’avons aucune indication sur la personne qui est à l’autre bout de la 7G, de faire du bénévolat, pour avoir un objectif dans sa vie d’oisiveté.
Je me demande comment nous faisions au siècle passé, les téléphones étaient fixés au mur et le mot objectif n’était pas en vogue, pourtant nous avons fait de beaux quatre cents coups.
Le devoir du lundi est un atelier d’écriture virtuel proposé par Le Goût. La classe se déroule sur les blogs. C’est très intéressant, la page blanche est disponible à l’infini. Nous noircissons l’écran avec nos histoires, tout est possible, même l’improbable. Nous avons un terrain de jeu sans limite, il faut juste bien lire la consigne et respecter les délais. A la fin de la classe, on envoie notre copie au maitre.
Le train a du retard, un signal indiquant une porte mal fermée à L et le même signal à F. a retardé le train d’une vingtaine de minutes. Il roule à vive allure. Une vitesse excessive dans ces courbes qui s’enchaînent. Il fait nuit et le brouillard automnal rôde.  
« Allô, Michel, Michel je ne t’entends pas, Michel », la bouteille de vin blanc vide est jetée dans le pied de la table qui fait office de poubelle.
La jeune femme à chapeau concentrée sur sa lecture ne semble pas posséder de téléphone. Mon voisin barbu, plongé dans la description de son déménagement, ne remarque pas l’ivresse de la trentenaire. Les étudiants babillent.
Soudain, le chaos et l’horreur s’invitent au voyage. La locomotive percute de plein fouet un train arrivant en face, un train mal aiguillé. Le choc est brutal. Dans un bruit d’enfer les wagons s’encastrent, se tordent, se disloquent. Je suis éjecté, une longue chute, je hurle. Mes hurlements me réveillent. Je suis dans mon lit, en sueur. Dans ma tête la voix de la jeune femme à chapeau, comme un acouphène, une phrase tourne en boucle dans mon crâne, « Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches. »

2 octobre 2022

Il automne - En bateau sur un lac, un peu agité du JT

Le 15 septembre, j'ai fait une brève croisière sur le lac de Neuchâtel, à bord du bateau à vapeur "Neuchâtel", dans un décor étonnant. Voici le vidéogramme.


Promenade - En vapeur sur le lac de Neuchâtel
Neuchâtel - Cudrefin - Portalban - Neuchâtel
Il automne Filmé le 15 septembre 2022
Musique : Stiller Has - Aare
Images, montage, réalisation Jeanjacques666

1 octobre 2022

Il automne - Pluie mêlée de jazz

Une semaine de pluie. Une petite pluie fine, bienfaisante pour la nature. Parfois, cette eau s’est transformée en flocons de neige. Deux matins, l’Augsmatthorn était légèrement poudré de neige.
La cafetière italienne ronronne. Le Lombach gronde au fond de la vallée. Il fait nuit, frisquet et les chats du village s’ennuient. Les vaches sont rentrées des alpages, il peut neiger.
Demain, cela fera un an que meubles et cartons sont arrivés dans le petit village dans les montagnes. Depuis, je suis retourné mainte fois dans la Ville fédérale, on y boit le meilleur café du canton.

Samedi soir, c’est jazz !

Duke Ellington - Piano In The Background (1960) (Album complet)

Duke Ellington – piano
Willie Cook, Fats Ford, Eddie Mullins, Ray Nance – trompette
Lawrence Brown, Booty Wood, Britt Woodman – trombone
Juan Tizol - trombone à valve
Jimmy Hamilton - clarinette, saxophone ténor
Johnny Hodges - saxophone alto
Russell Procope - saxophone alto, clarinette
Paul Gonsalves - saxophone ténor
Harry Carney - saxophone baryton, clarinette, clarinette basse
Aaron Bell – basse
Sam Woodyard - batterie

A1 Happy Go Lucky Local 0:00
A2 What Am I Here For
3:01
A3 Kinda Dukish / Rockin' In Rhythm
7:08
A4 Perdido
13:01
B1 I'm Beginning To See The Light
19:49
B2 Midriff
21:58
B3 It Don't Mean A Thing
26:48
B4 Main Stem
30:55
B5 Take The "A" Train
35:10

Sortie : 1960
Enregistré : 31 mai, 2, 20, 21, 28, 29 et 30 juin 1960


Artie Shaw & His Orchestra: Live At The Cafe Rouge (Diffusion: 21 octobre 1939)

Arrangé par – Artie Shaw, Jerry Gray
Basse – Sid Weiss
Batterie – Buddy Rich
Guitare – Al Avola
Piano – Bob Kitsis
Saxophone – Georgie Auld, Hank Freeman, Les Robinson, Tony Pastor
Trombone – George Arus, Harry Rogers, Les Jenkins
Trompette – Bernie Privin, Chuck Peterson, John Best

1.) Nightmare (Opening Theme) 0:00
2.) Yesterdays
1:03
3.) Melancholy Lullaby
4:19
4.) I'm Sorry For Myself 8:01
5.) Traffic Jam
12:23
6.) Last Two Weeks In July
15:08
7.) My Heart Stood Still
18:27
8.) Lilacs In The Rain
21:02
9.) Man From Mars
24:10
10.) Nightmare (Closing Theme)
27:51

30 septembre 2022

Il automne - Promenons-nous dans les bois pendant que le loup n'y est pas. Loup y-est-tu ?

Dernier jour de septembre...
Le 21 septembre, j'ai filmé quelques plans dans la Ville fédérale. Voici le vidéogramme :


Promenade - Berne
21 septembre 2022 -
Mercredi Musique : Stiller Has - Aare
Images, montage, réalisation Jeanjacques666
"Il automne"

C'est vendredi soir, Canalblog déblogue comme chaque fin de semaine. Il faudra attendre lundi pour un rétablissement, comme chaque semaine. 

28 septembre 2022

Il automne - Il pleut depuis 24 heure, le Lombach s'est réveillé, on l'entend couler au fond de la vallée.

Aujourd'hui, on ne voit pas l'Augsmatthorn (2136m). Il est enveloppé d'une fine couche de brume. Hier, surprise, des flocons tombés pendant la nuit ont décoré ses flans d’une mince couche de neige qui disparaîtra en fin de journée.

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                     Aujourd'hui

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L'unique magasin du petit village dans les montagnes, d'une surface modeste, minuscule au regard des géants plantés à l’orée des villes, fait office de boulangerie, pâtisserie, fromagerie, dépanneur, tea-room et agence postale. La quintessence des centres commerciaux qui pullulent dans les rumeurs de la ville.
Parfois trône, parmi les pâtisseries, la spécialité de ce drugstore « l’Augsmatthorn ».
Je me souviens qu’à Paris, dans un coin des Champs-Élysées, au mitan des années septante, s’était ouvert un des premiers drugstores de France. Il était ouvert toute la nuit ou du moins jusqu’à pas d’heure. J’étais allée tester tard le soir, émerveillé. J’avais envoyé une foule de cartes postales, dans mon pays, pour raconter ce fait incroyable, faire des courses à minuit. Chez nous les magasins avaient portes closes entre 12 et 14 heures, le mercredi après-midi, le samedi à partir de 17 heures et le dimanche toute la journée. Tout a changé depuis !

« l’Augsmatthorn » est une pâtisserie à la gloire du sommet qui veille sur le village. Le visuel, comme disent les cuisiniers auréolés d’étoiles, est sympathique. Je vais délibérément oublier de raconter la dégustation…

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24 septembre 2022

Il automne - Quoi de neuf dans le village des vacances de mon enfance ?

Après deux ans de disette, une pandémie en étant la cause, la désalpe s'est déroulée ce samedi. C'est la 45e ! La 45e désalpe de Lignières.
J'ai filmé, un vidéogramme est en préparation, voici quelques photographie.

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23 septembre 2022

Il automne - Désalpe

Le petit village dans les montagnes vit au rythme des désalpes. C'est le retour des vaches. Fringantes, elles descendent d'un pas rapide des alpages. Beaucoup de monde sur la place du village pour regarder le retour des troupeaux. Aujourd'hui, c'est une avant-garde qui descend. Demain ce sera le gros de la troupe, puis, jusqu'à la fin du mois il y aura encore quelques retours. Cette année, les désalpes, dans la région d'Interlaken, se font avec deux semaines d'avance. Les pluies, un peu pingre cette année, rendent les alpages secs et peu verdoyants en ce mois de septembre.

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Je prépare un vidéogramme de cette désalpe, il sera mis en ligne bientôt.

22 septembre 2022

Il automne - Des paysages fabuleux

Randonnée de mise en jambe, 16 kilomètres, 6 heures de marche dans les alpages aux alentours du petit village dans les montagnes.
Le point culminant de ce circuit improvisé autour du village, "Haglätsch 1735 m."
Là-haut, le chalet était fermé. Les vaches sont descendues un peu plus bas. Cette année les désalpes ont lieu 15 jours plus tôt que l'an passé. Elles s’étaleront sur plusieurs jours à partir de demain, Certaines années, le retour des vaches est prématuré à la suite de chutes de neige. Cette année c'est le manque d'herbe qui précipite le retour.
Le paysage était grandiose, les champignons abondants. Quelques bolets bais ont terminé leur existence dans la poêle ce soir. Un souvenir gustatif de cette première randonnée de l'année. Une mise en jambe tout de même assez corsée !

 

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20 septembre 2022

Il automne - Un grand moment de music-hall

Marie Dubas * L'amour au passé défini * 1956

(Biographie trouvée sur la toile)
Marie Dubas est née en 1894 et, tout en suivant des cours au Conservatoire d’art Dramatique (classe de P. Mounet), elle est figurante au théâtre de Grenelle (Esméralda à 14 ans, en 1908). Elle suit des cours de chant aussi et, très tôt, elle devient chanteuse d’opérette, métier qu’elle exercera jusqu’en 1926.
L’année suivante, elle entame une carrière de chanteuse populaire avec “Pedro” (J. Gey et J. Rodor) qu’elle chante à l’Olympia. Succès immédiat. Elle est au Casino de Paris en 1932 puis passe en vedette à l’A.B.C. et à Bobino.
Dans ses tours “de chant”, elle danse, chante, joue la comédie, mime, intercalant chansons réaliste, comiques, monologues, chansons folkloriques, chansons pour enfants et mélodies classiques.
En 1932, elle inaugure la formule du récital à Bruxelles puis à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées, l’année suivante : 35 chansons, sans micro. Piaf trouve en elle une source d’inspiration. Colette la vénère. Son public l’adule. C’est elle qui crée “Quand Charlotte prie Notre-Dame” (Jehan Rictus – 1934), “La java d’un sou” (Batell, Valray – 1935), “Mon légionnaire” (R. Asso, M. Monot – 1936) …
Exilée durant la guerre, en raison de ses origines juives, elle chante en Amérique, en Suisse, au Portugal, en Afrique du Nord. – Elle refait une entrée triomphale en 1945 (à l’A.B.C. et au Théâtre de l’Étoile) puis repasse du côté du théâtre (Théâtre Antoine, 1950), revient au Music-Hall (Bobino, 1953) assurant, avec Damia, la réouverture de l’Olympia en 1955.
Elle tourne aussi, dans quelques films : Escale de Louis Valrey (1935 – Chanson-thème : “La java d’un sou”, Au fil des ondes de Pierre Gautherin en 1951, Une nuit au Moulin Rouge de Jean-Claude Roy (avec l’ineffable Armand Bernard) en 1955…
En 1958, après cinquante ans de carrière, elle n’en peut plus : “J’ai payé trop cher : ce métier m’a tué”, dit-elle…
Elle mourra 14 ans plus tard, à Paris, en 1972 après avoir donné sa dernière interview en 1962.

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"En 1950, dans le tout premier film publicitaire de la Vache qui rit, Pauline Carton (connue pour ses rôles de soubrette chez Sacha Guitry) joue une cuisinière servant une famille bourgeoise et vantant à sa nièce les mérites des fromages Bel.."
19 septembre 2022

Il automne - Intox

137e devoir de Lakevio du Goût
La consigne :

 

Ce monsieur, peint par Jackie Knott semble…
Semble quoi ?
Il est d’un sérieux papal, soit.
Mais encore ?
J’espère qu’on en saura plus lundi, grâce à nos efforts communs pour lire sa pensée.

 

 

 

Fausse nouvelle

Deux allées en terre battue séparées par une plate-bande semée d’un gazon peu entretenu, une herbe folle partie à l’assaut d’une gouttière en cuivre, quelques plantes vertes dans des bacs en chêne des pierriers composent le décor d’un jardinet à l’esprit zen. Entouré de hauts bâtiments, un silence monacal s’échappe de cette oasis propice à l’introspection de l’âme. Un olivier crevotant et trois bancs complètent la scène. Les planches de ces bancs, couleur caca dauphin, sont fixées à des armatures en fer forgé terminées par des gueules de dragon.
Dans ce Gethsēmani d’un autre siècle, un oiseau picore la terre, méticuleusement, en quête d’une graine ou d’un ver. Curieux, comme tous les volatiles, son œil fixe une masse sombre sur un des bancs.
Si nous nous approchons de cette masse sombre, que l’oiseau tente de distinguer, nous verrons une silhouette humaine ; un homme assis sur un des bouts du banc du milieu. Jambes croisées, les mains occupées à tenir une liasse de feuillets, totalement immobile, il semble de marbre. Il pourrait avoir sa place dans le célèbre musée de cire de la ville.
Pantalon gris, chaussettes et chaussures noires, haut du corps enveloppé d’un imperméable gris-noir, il fixe ostensiblement ses feuillets. Une paire de lunettes montées sur deux cercles de fer forgé fixés à une paire de branches en chêne rouvre complète le portrait. Un chapeau mou, noir, cerclé d’un ruban de même couleur, rabattu sur les yeux, cache en partie le crâne rasé du lecteur statufié.
L’oiseau s’envole tenant dans son bec une branchette arrachée à l’olivier agonisant. Son plumage d’un blanc immaculé contraste avec la noirceur de l’homme assis sur le banc. La colombe regagne son colombier urbain. Le visage de l’homme n’a pas cillé. 
Huit jours se sont écoulés depuis la lune des moissons et ces menus événements qui troublent la quiétude de ce jardinet.

Un léger déplacement d’air, provoqué par les pas rapides d’un inconnu qui se dirige vers la masse sombre, agite le feuillage rachitique de l’olivier. Il se penche et ses lèvres murmurent quelques mots à l’homme en noir. En relevant son buste, l’inconnu identifie sur la liasse de feuillets tenue fermement par ce qui semble être une personne déterminée, au visage dur et fermé, une graisse « Helvetica Neue 95 Black ». Ces caractères gras lui permettent de lire l’entête de la page : « Feuille de route ».
Sans montrer le moindre signe d’une émotion, le lecteur plie les feuillets en deux et les glissent dans une des poches de son imperméable. Il se lève et suit l’inconnu. 

Un couloir obscur, une porte en chêne sessile sur laquelle est fixé un chiffre royal en fer forgé, l’homme en noir a retiré son chapeau en pénétrant sur une galerie en pierre. Cette galerie à trois mètres du sol située sur un des côtes d’une salle immense permet d’assister à un rituel qui marque la fin d’une époque.
L’homme en noir s’incline trois fois. Au milieu de cette salle, un cercueil en chêne d’Angleterre, drapé de l’étendard royal, repose sur un catafalque tendu de pourpre, entouré de chandeliers. La couronne d'État impériale posée sur un coussin violacé, le sceptre à la croix et l’orbe, ces regalia sont disposés sur le cercueil. Une couronne de fleurs blanches, mêlé de feuillage vert complète cette symbolique. Jour et nuit, des milliers de personnes défilent devant le catafalque pour rendre un dernier hommage à leur souveraine.

L’homme en noir disparaît dans une voiture grise. Assis à l’arrière de la berline sur un siège en cuir, il descend une tablette en chêne à trochets fixée au siège avant par un ingénieux système en fer forgé. Il y dépose la liasse de feuillets qu’il a retiré de sa poche.

Un oiseau, picore sur le tarmac d’un aéroport international, au pied d’un aéronef. Curieux, comme tous les volatiles, son œil fixe une masse sombre qui entre dans l’avion. Dans quelques minutes, cet avion, dans un bruit d’enfer, s’arrachera de la piste. Vladimir Vladimirovitch regagne les bords de la Moskova.

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- Mais... c'est l'intervention de cette grosse femme... C'est un ptit peu... enfin... ça va très loin.
- C'est là que je me rends compte que malheureusement, je vous ai beaucoup moins bien réussi que le porc.

Pierre et Thérèse.
Le père Noël est une ordure 

 

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Valéry

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