Le temps des fleurs - Fin des chutes de neige et de divers objets
Chronique, 22 au 28 avril
26 avril
Pendant une semaine, il a neigé. Hier, le soleil est revenu. La neige fond rapidement, mais les fleurs des fruitiers sont brunes. Le printemps était arrivé dans le petit village dans les montagnes avant la fin de l'hiver. Un télescopage des saisons.
Le temps couvert à longueur de temps, avec parfois un clin d'œil de Phébus en fin de journée ne laissait entrevoir que de jouer aux bouts rimés.
Les chats du voisinage, déconfits, tant de blancheur brouille leurs repères, suivent à regret les routes. La neige ne prend pas sur le tarmacadam*. J'ai vu depuis la fenêtre de la cuisine, le chat noir et blanc, plutôt blanc et noir, celui à la queue coupée, s'avancer avec circonspection dans notre rue déserte. Pas le moindre abri à l'horizon. Il a disparu entre deux monceaux de neige de printemps. Une neige mouillée et fondante, perpétuellement renouvelée par les chutes de neige quotidiennes.
*TARMACADAM, subst. masc.
Matériau résistant composé de pierres concassées ou de laitier enrobés dans une émulsion de goudron, et destiné au revêtement des chaussées et des aérodromes.
Le DC-9 se pose sur le tarmacadam (Le Monde, 26 sept. 1986, p. 6, col. 6).
La chaussée brillait d'une manière inhabituelle (…). Le choc ne fut pas terrible. Je lâchai la moto puis partis sur le dos en tournoyant sur ma plaque de verglas (…). Par chance, la bretelle était déserte et n'eût été le sifflement léger de mon blouson sur le tarmacadam gelé, je me serais cru dans mon lit (Ph. Djian, Échine, Paris, B. Barrault, 1988, p. 62).
La couverture nuageuse de l’aube à la fin du jour, m’a donné envie de lire un poème de Paul Fort, « La complainte du petit cheval blanc ». Georges Brassens a mis en musique cette histoire tragique. J’avais appris la chanson à l’école, à une époque où j’étais gamin, encore naïf sur la marche du monde. Les arbres en s’agitant créaient le vent et les pharmacies distribuaient gratuitement la guérison. En grandissant j’ai rapidement déchanté, « Homo homini lupus est » !
Les poètes occupent deux rayons de ma bibliothèque. Paul Fort figure dans plusieurs anthologies, le petit cheval dans le mauvais temps dans le volume 1 de l’anthologie de la poésie française du XXe siècle, préface de Claude Roy, édition de Michel Décaudin, NRF Poésie/Gallimard, Éditions Gallimard, 2000.
Complainte du petit cheval blanc
Le petit cheval dans le mauvais temps, qu'il avait donc du courage ! C'était un petit cheval blanc, tous derrière et lui devant.
Il n'y avait jamais de beau temps dans ce pauvre paysage. Il n'y avait jamais de printemps, ni derrière, ni devant.
Mais toujours il était content, menant les gars du village, à travers la pluie noire des champs, tous derrière lui devant.
Sa voiture allait poursuivant sa belle petite queue sauvage.
C'est alors qu'il était content, eux derrière et lui devant.
Mais un jour, dans le mauvais temps, un jour qu'il était si sage, il est mort par un éclair blanc, tous derrière lui devant.
Il est mort sans voir le beau temps, qu'il avait donc du courage ! Il est mort sans voir le printemps ni derrière, ni devant.
Paul Fort
Poème extrait de « Ballades françaises »
22 avril
23 avril
24 avril
Le Stockhorn, un sommet des Préalpes bernoises qui culmine à 2190 m. vu du train entre Interlaken West et Spiez. (C'est le piton qui à la face sombre )
De retour au village, il neige !
25 avril
Jeudi, l’éclat du soleil sur le tapis de neige, éblouit jusqu’à l’aveuglement. Quelques mouches nées pendant l’épisode du printemps prématuré et ayant survécu au retour de l’hiver chaussent fièrement des lunettes de soleil. Elles prennent un bain de soleil, s’agrippant à la façade du chalet. Las, la semaine plutôt fraîche et remplie de neige provoquant un affaiblissement général du système nerveux des diptères, elle tombent, mortes comme des mouches. Au pied de la façade un amas de lunettes de soleil griffées par le plus grands lunetiers.
Le soleil qui émerge des nuages grisâtres, le retour du printemps, la sublimation de la neige m’a rappelé un poème de Pierre Albert-Birot, le 4e poème des « Trente et un poèmes de poche » datant de 1917.
Le 29 avril 1917, en séance privée, ces poèmes ont été présentés par Guillaume Apollinaire et lus par Germaine Albert-Birot ; Juliette Daesslé : Marguerite Renault ; Marcel Herrand.
« Trente et un poèmes de poche » font partie d’un recueil intitulé « Poésie 1916-1924 », Éditions Gallimard 1967. Pierre Albert-Birot est mort pendant la préparation du recueil. Je possède l’un des deux mille cinq cents exemplaires de l’édition originale composé en elzéir corp 10, achevé d’imprimer le 8 novembre 1967. Il s’agit du numéro 1332.
Afin de respecter l'ordonnance du poème, nous lirons la page 15 dans le livre :
26 avril
Le beau temps est installé.
Le Niesen 2362 mètres vu du train entre Interlaken West et Spiez.
27 avril
De passage dans la Ville fédérale, doppio et lecture de la presse à l'Adriano's bar.
Brève promenade à Interlaken
En fin d'après-midi, retour au village
28 avril
Un dimanche à la campagne
Espresso et tarte aux pommes à l'auberge du village