Nuit 2/16 - Compagnie des wagons-lits
Dans le salon télé de la Maison des delphiniums le maître des lieux regarde un épisode de Le Floch enregistré la veille sur une bande magnétique. Les coccinelles ont volé du deuxième au premier étage. Elles tricotent des moufles pour la Croix-Rouge, des moufles à trois doigts pour les lépreux de Djakarta! Elles se sont installées dans le petit salon Charles X - Louis XV. Sur un écran à plasma sanguin où est projeté "Le père Noël est une ordure", Thérèse apprend les points de croix aux bêtes à bon Dieu. Devant la Maison des delphiniums passe une route en tarmacadam. Des automobiles s'y faufilent croisant parfois un bus rouge, le 26 de Bernmobil. En contrebas de la chaussée, une ligne de chemin de fer longe le flan de la colline du Gurten. Tard dans la soirée passe un train international, un train de nuit. Parti de Londres, il relie Venise. Une puissante locomotive tracte des voitures de la Compagnie des wagons-lits, un wagon restaurant situé au milieu du convoi et en queue de train une voiture bar. Dans les luxueux compartiments dorment de petites filles qui rêvent de princesses... A une table du wagon restaurant un couple hors d'âge rabâche des histoires de la vieille Europe... Dans la voiture bar envahies par la fumée de cigares, un pianiste joue "jolie môme" chanson de Ferré. Le train de nuit disparait dans une courbe. Deux phares rouges, cul du train, s’estompent dans la nuit. Les barrières du passage à niveau se lèvent libérant le passage. A cette heure proche de la mi-nuit seul un chat traverse les voies. Il part en chasse. Dans la cuisine de la Maison des delphiniums, le vent hurle dans le conduit d’aération. Un Super Constellation atterrit dans la tempête sur la piste de l’aéroport de Belp-Bern. Les coccinelles, depuis la fenêtre du petit salon Charles X - Louis XV distinguent les lumières de l’élégant avion qui arrive de l’Amérique.