A l’aéroport de Zaventem, à Bruxelles, des voyageurs attendent. Une grève des aiguilleurs du ciel, en France, perturbe le trafic d’une partie de l’Europe. A des millions de millimètres de là, devant la porte des arrivées de l’EuroAirport de Bâle/Mulhouse/Freiburg une foule fait les cent pas. Les gens patientent. Ils scrutent le tableau des arrivées. « Retardé/delayed/verspätung », petit mot passe partout dans le langage aéroportuaire, clignote en face de plusieurs vols. Le bouquet de fleurs aura le temps de se faner, le petit chat de mourir, les rides de se creuser, les cheveux de blanchir avant l’arrivées des avions attendus.
Il est 22H15. L’aéroport, étage des arrivées, des pas bruissent. Les passagers qui arrivent, en retard, courent en tous sens. Leur bagages montés sur des roulettes, qu’ils tirent à bout de bras, couinent. Un homme coiffé d’un béret se dirige d’un pas décidé vers l’air d’arrivée, il attend sa bien aimée. Il ignore l’ampleur des retards ! Une jeune fille avec des écouteurs rouges collés aux oreilles lit tout en écoutant les derniers airs à la mode compressés dans son I-Truc. Elle qui croyait se coucher de bonne heure en sera quitte pour lire jusqu’à la lie La Recherche… Du temps perdu à manger des madeleines en buvant des boissons cocaïnées et à jeter des regards inquiets sur le pèse personne. Soudain tout s’arrange, les avions ont tant bien que mal rattrapé un peu de retard. Les voyageurs disparaissent, happés par la nuit tiède de mai, dans des taxis, un bus ou des voitures particulières.
"Et dans 150 ans, on s'en souviendra pas de ta première ride..." chante Raphaël
Bâle, EuroAirport
15 mai 2014