Essai
- Nota Bene: le samedi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style. Lakevio, c'est à cette adresse: www.lakevio.canalblog.com
... Ma grand-mère nous racontait que notre grand-père et son père fauchaient à La faux, en six semaines, l'herbe, qui séchée et engrangée, servira de fourrage pendant l'hiver. Cela se passait dans les années 1915, mon grand-père avait 13 ou 14 ans. Dans ce village, au pied du Chasseral, personne n'avait les moyen d'avoir 15 ou 20 faucheurs. Les faucheurs, faux sur l'épaule, passaient de ferme en ferme pour se faire engager une ou plusieurs journées.
la faux doit être bien aiguisée et il ne faut pas toucher le sol. Le faucheur porte à la ceinture un coffin rempli d'eau contenant la pierre à aiguiser. Il faut régulièrement aiguiser la lame. J'ai dans l'oreille le bruit exact de l'aiguisage. Mon père m'avait enseigné les rudiments du maniement de la faux. Je n'avait guère progressé.
Il y a 100 ans aujourd'hui que naissait Danielle Darrieux...
... La belle lumière du soir s'installe en fin d'après-midi. Très présente en été, elle se fait plus discrète en hiver. Ce sont ces instants où le temps semble arrêté, une quiétude baigne le décor. La fenêtre est ouverte, une odeur d'herbe coupée flotte dans l'air. Les oiseaux tiennent des discours incompréhensible et le tracteur du paysan voisin ronronne. Une souffleuse déverse l'herbe coupée et rassemblé en andins réguliers dans un char. Les vaches seront nourries de ce fourrage frais le lendemain à l'heure de la traite matinale.
De nos jours, tout est différent. Je pourrais paraphraser le poète Gustave Roud, qui à la fin des années 1950 parlait "des campagnes perdues". Perdues signifiant pour lui rattrapée par la modernité. Il pleurait ses chères faucheurs disparus, remplacés par des machines. Ce sont les logiciels qui pilotent l'organisation d'une ferme. La belle lumière du soir, électron libre, échappera toujours à l'appât du gain. Rêvons encore un peu...
Armand Mestral le credo du Paysan