Nota bene: le vendredi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style. Lakevio, c'est à cette adresse: (ICI)
Antoni Caba - Portrait de la marquise de Castellflorite - 1880
"Voici votre carte d'embarquement, sortie F16, siège 22a, embarquement à 12:30. Bon voyage".
Le secteur français de l'aéroport de Genève/Cointrin est minuscule. Les passagers patientent sur des chaises inconfortables. Un magasin de souvenirs, de journaux et de chocolat suisse permet d'écouler les devises restantes avant de s'envoler. Un vague restaurant propose des boissons et quelques nourritures, hors de prix. On règle en € ou en CHF.
Le tableau affichant le départ des vols est clair, c'est la pagaille.
Départ retardé de 30 mn, en raison de l'arrivée tardive de l'avion..!
La prochaine fois, on ira à pied, comme Rousseau.
La salle de bain ressemble à un sauna, la marquise aime les bains très chaud. Elle paresse depuis une heure dans la mousse aux effluves de verveine.
Le téléphone couine, un messager apporte des nouvelles par TEXTO "Le départ du vol AF1743 est maintenant prévu à 13:45 le 04/12. Merci de respecter l'heure limite d'enregistrement initiale indiquée sur la carte d'embarquement".
Des toiles d'araignées se forment entre les sièges de la salle d'attente et les passagers. Un concierge époussette tous les quart d'heure ces méfaits provoqué par l'engorgement du ciel.
Hortense, la bonne à tout faire, habille, parfume et coiffe la marquise. C'est lundi, jour de réception. La marquise reçoit de 5 à 7.
Trois petites notes de musique puis une voix masculine, enjoué et encourageante annonce que le vol AF1743 décollera à 13:50.
Une jeune femme se ronge les ongles, elle ne trouve pas de fumoir et le temps d'attente de sa correspondance à CDG, pour La Havane, fond comme neige au soleil.
La marquise ne prend jamais l'avion, ni le bateau. Elle commande, pour aller vagabonder, des Uber, c'est si émoustillant.
13:00, secteur français de l'aéroport de Genève/Cointrin, l'encéphalogramme est plat.
La marquise déjeune. Hortense lui a préparé des pieds de porc au madère. La marotte du moment avec les carottes Vichy et le rösti au lardon. Pour le dessert elle dévore une Sacher XXL, envoyée de chez Demel, café/pâtisserie situé à deux pas de la Hofburg à Vienne. Le meilleure moment de la journée, pour aller chez Demel, c'est le matin vers 10:00. La foule dort encore. Commander un café et un morceau d'Apfelstrudel, c'est un moment de grâce avant d'entamer une journée viennoise. Le lyonais, le tourangeau et même le parisien ignore le Gemütlichkeit qui se pratique de Vienne à Berlin en passant par la Ville fédérale.
"PNC, décollage dans une minute"
Le vol AF1743 décolle avec son lot de passagers entassés, 6 par rangée dans un Airbus A318 d'Air France. L'avion survole le Léman avant de faire un virage, de passer au-dessus de la Dôle et de disparaitre à l'horizon. Les sommets jurassiens sont enneigés.
Des sandwichs au fromage de brebis et poivronade et des boissons chaudes, thé ou café, sont servis à bord. Deux hôtesses de l'air en font la distribution.
La marquise habite au 132 Boulevard Richard-Lenoir, dans le 11e à Paris. La cuisine, et, en enfilade, la salle à manger, le salon de musique et la bibliothèque occupent le rez-de-chaussée. Le lundi de réception, le valet de pied ouvre les cloisons pour former un grand salon. les chambres sont à l'étage.
"Charles!", s'écrie la marquise.
Malgré un espace aérien surchargé, le tapis des bagages en panne, un RER B bondé, Charles arrive à temps pour un baise main conventionnel.
La marquise est vêtue d'une robe bleue, assortie au papier peint de la cage d'escalier.
La marquise et Charles s'éclipsent pour un 5 à 7 en tête à tête dans un pied à terre avec terrasse, situé dans une impasse du 11e.
Dans le murmure des conversations une bouche de ténor, remplie de petits four, lance "Et la Marquise?" Une basse, se gargarisant au Dom Perignon 1966, répond "La marquise sortit à cinq heures"." Paul Valéry" ajouta Jim, qui ne manquait aucun goûter dînatoire concocté par la marquise et qui louchait sur le béluga. "Phrase attribuée au poète par André Breton" rectifia Miss Marpel qui avait accaparé le plat d'ortolans, spécialité prisée par Napoléon III, Alexandre Dumas et F.M."mais, il y a des doutes..." pensa Anne, trop absorbée à décortiquer un homard bleu, pour parler à voix haute.
La pendule marque 18:55 et le valet de pied commence à évacuer les invités, avec gentillesse et fermeté. Le buffet est dévasté, les cadavres de Dom Perignon 1966, s'entassent dans les rafraîchissoirs.
Il fait froid, le ciel est couvert, on entend au loin les avion qui décollent. C''est l'hiver. Rousseau arrive aux portes de Paris.
"La marquise sortit à cinq heures"...
phrase attribuée par André Breton à Paul Valéry, mais, il y a des doutes...
Devoir-Jeu Numéro 4 !
Il s'agit d'étoffer cette simple phrase pour en faire... toute une histoire !