Un matin d’été, j’ai trouvé dans l’herbe du pré voisin, un message gravé sur un morceau d’écorce. Ce message dit :
« Bonjour Jean-Jacques Merci pour les impressions de Interlaken. Question : pourquoi toujours cette phrase : Ebrio de trementina y largos besos. Amitié Ursula »
En observant l’Augstmatthorn baignant dans la douceur d'une matinée estivale, je griffonnerai une réponse sur la tige d'une fleur.
Ursula, lectrice fidèle des Rêveries, a assisté à la projection de deux ou trois de mes films en format super-8, c’était il y a… 50 ans !
Le temps file.
La réponse à la question sera énigmatique, poétique et en espagnol. La traduction de poèmes est un exercice périlleux, le poète Gustave Roud évoque ces difficultés de traduction dans sa correspondance et son journal, il a traduit notamment Hölderlin, Novalis et Rilke.
Ebrio de trementina y largos besos,
estival, el velero de las rosas dirijo,
torcido hacia la muerte del delgado día,
cimentado en el sólido frenesí marino.
Pálido y amarrado a mi agua devorante
cruzo en el agrio olor del clima descubierto,
aún vestido de gris y sonidos amargos,
y una cimera triste de abandonada espuma.
Voy, duro de pasiones, montado en mi ola única,
lunar, solar, ardiente y frío, repentino,
dormido en la garganta de las afortunadas
islas blancas y dulces como caderas frescas.
Tiembla en la noche húmeda mi vestido de besos
locamente cargado de eléctricas gestiones,
de modo heroico dividido en sueños
y embriagadoras rosas practicándose en mí.
Aguas arriba, en medio de las olas externas,
tu paralelo cuerpo se sujeta en mis brazos
como un pez infinitamente pegado a mi alma
rápido y lento en la energía subceleste.
Pablo Neruda
Extrait de « Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée suivi de Les Vers du capitaine »
Édition bilingue
Poésie Gallimard 1998
La traduction du premier ver du poème et la clé de l’énigme se lit dans la revue « Les soirées de Paris ». L’article « De l’expression d’amour en version française » du 28 février 2024 répond à la question de cette ivresse et de ces baisers.
Les soirées de Paris, revue culturelle fondée en 1912 par Guillaume Apollinaire, resurgissent en 2010, 96 ans après leur mise en sommeil. Une équipe de passionnés se chargent de la publication, dans l’esprit de la revue initiale, mais cette fois-ci en version numérique.
L’article qui nous intéresse se lit : ICI
La semaine en Images
Un florilège de photographies
Le petit village dans les montagnes
Mercredi 7 août, on ne le savait pas encore que la fin de semaine serait brûlante, des brumes chargées de pluie allaient et venaient sur l’Augstmatthorn. Par moment, le petit village dans les montagnes disparait dans le brouillard.
Une nouveauté de cet été 24, l’espresso/banane !
Dégustation de cet OVNI culinaire sur la terrasse du restaurant de la piscine. En face du château, en oblique du grand large barré de montagnes.
Gros plan sur un massif de Rudbeckia, garde-manger des abeilles
un canna près du débarcadère, illusion du sud, là où le temps dure longtemps...
Croisière sur le lac de Thoune
Croisière de Spiez à Interlaken West à bord du « MS Stadt Thun », un bateau pouvant accueillir 1100 passagers. Construit en 1971, il a été modernisé en 2004.
À tribord passe le mythique vapeur « Blümlisalp ».
En 2018 j’avais réalisé un vidéogramme consacré à ce vapeur : ICI
« Ebrio de trementina y largos besos »