Les mois d'hiver - La caserne
Hier après-midi et hier soir, Canalblog avait disparu des écrans radar. Impossible de consulter les blogs et pas d'accès à l'envers du décor. Il m'étais donc impossible de poster mon devoir du lundi. Il semble que ce mardi matin, la liaison soit rétablie...
Nota bene: le vendredi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style.Lakevio, c'est à cette adresse: (ICI)
Dix mots à caser, histoire de trouver des serrures à ces clés...
Tardivement
Symphonie
Eclat
Bordure
Ergot
Influence
Grenat
Correct
Fracasser
Parloir
Ouverture, lundi !
La caserne
Un carton, de couleur GRENAT circule dans le PARLOIR de la caserne construite sur une falaise. À force de se FRACASSER contre la paroi de craie blanche, l’océan ronge, grignote, par un ressac incessant, les assises de l’ouvrage militaire.
Des figuiers de barbarie forment une BORDURE autour de la caserne, fragiles remparts contre l’envahisseur, des hordes de lapins affamés. Un ECLAT de verre, abandonné dans la cour d’honneur, ultime vestige du monocle d’un général, un homme CORRECT, démobilisé depuis de longues années, brille quand le soleil est au zénith. Les jours de beau temps offrent, en fin de journée, une SYMPHONIE visuelle, un camaïeu de rose qui vire au rougeoiement quand l’astre de feu s’enfonce dans l’horizon pour prendre ses quartiers de nuit. Ce spectacle fugace a une INFLUENCE positive sur le moral de la troupe.
Cette année, c’est TARDIVEMENT que la nouvelle s’est répandue, novembre est proche, toute la compagnie, réunie dans le parloir retient son souffle. L’énigme, qui permettra à l’un deux de partir en permission, passe de main en main, parmi les hommes en tenue de gala. Un mot unique est écrit sur un rectangle de carton grenat, ERGOT. Celui qui résout ce problème peut choisir entre une grande ou une petite clé. Elles sont accrochées à côté de la porte, la porte que tous espèrent franchir. Une seul clé fonctionne.
Un jeune soldat marche avec détermination dans un long couloir. De lourdes grilles s’ouvrent puis se ferment sur son passage. Dans une de ses poches, roulée dans un étui, la permission convoitée par tous. Ce jeune soldat est le seul qui a osé retourner le carton sur lequel figurait l’énigme. Un épi de seigle, dessiné à l’encre de chine, côtoyait les contours de la petite clé, esquissée à la mine de plomb.
Le couloir où chemine la jeune recrue, creusé pendant un siège de la caserne, débouche à mi-hauteur de la falaise, dans un endroit découpé. Un pont permet de passer l’anfractuosité sous lequel se déchaîne l’océan.
Le visage joyeux du militaire, en une fraction de seconde, devient livide. Le pont en bois, rongé par les intempéries et le sel, a disparu depuis longtemps. Les multiples grilles qui se sont refermées sur son passage s’ouvriront à nouveau lors de la prochaine énigme, dans dix ans.
Une larme ou un embrun coule sur la joue du soldat.
Ergot : Petit corps oblong et vénéneux formé par un champignon parasite des céréales. L'ergot du seigle.