Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Rêveries
16 décembre 2019

Les mois d'hiver - Dites, si c'était vrai

20ème devoir de Lakevio du Goût

Le Goût ICI dit :
"Cette toile de Claude Guilleminet, avec son bœuf et son âne gris, me rappelle quelque chose, mais quoi ?
Je trouverai bien quelque chose à vous en dire.
Je suis sûr qu’à vous aussi elle va inspirer une belle histoire.
Alors lectrices et rares lecteurs mais chéris aussi, je compte bien vous lire lundi…"

claude-guilleminet-ane,-vache-et-poules-dans-une-étable.jpg

La chaîne avait cédé sous la cisaille, un coup de pied dans la porte laissa une ouverture.
-Viens Marie.
Le temps était exécrable, des vents violents balayaient le globe. Les banquises fondaient, les océans se gonflaient. Les plaques tectoniques se percutaient avec violence. Une pluie diluvienne gorgeait le sol d’eau glaciales. Le chaos régnait sur la terre.
La énième conférence sur le climat avait échoué. Cela faisait des décennies que l’on tergiversait. Il était trop tard.
- Marco ? … Ta meuf est là ? … Tu peux me la passer … Marie va accoucher …
Il faisait nuit, le vent s’engouffrait dans l’étable que Joseph venait de squatter. Il tenta de refermer la porte, alluma une torche électrique et vit qu’ils n’étaient pas seul.
- Merde mon téléphone n’a plus de batterie, 12%, grogna Joseph.
Des tuile s’envolait du toit sous la violence du vent. Plusieurs gouttières transformaient peu à peu le sol en magma boueux.
Ils n’étaient pas seuls, un âne et un bœuf tremblaient dans un coin de l’écurie.

« Entre le bœuf et l'âne gris
Dort, dort, dort le petit fils

Mille anges divins
Mille séraphins
Volent à l'entour
De ce grand Dieu d'amour »

Ce chant oublié depuis longtemps, gribouillé sur une feuille de papier jaunie était punaisé sur le mur de l’étable.
Il fut un temps ou l’on fêtait Noël, la naissance de Jésus. De Noël, cela avait glissé en fêtes de fin d’année, en folies commerciales.
Ce 24 décembre au soir, personne ne pensait à ces traditions de Noël. Il fallait trouver des abris, se battre pour se nourrir.
Une cloche battue par les vents, quelque part au loin, sonnait le tocsin.
- Enfin te voilà Julie, cria Joseph.
Le vent faisait tellement de bruit que les conversations étaient impossibles.
Joseph trouva un recoin à l’abri des courants. Il alluma une clope, pendant que Julie s’occupait de Marie.
Des pleurs retentirent. Un enfant venait de naître. Aussitôt le ciel se couvrit d’étoiles. Le silence se fit. Un puit de lumière éclaira l’étable. L’âne et le bœuf réchauffaient de leur souffle l’enfant nouveau-né. Des anges chantaient dans les cieux.
Des bergers qui passaient par-là, s’empressèrent de colporter dans le voisinage l’étrange scènes qu’ils avaient vu dans cette étable délabrée.

Assis sur les ruines de sa maison, détruite par un tremblement de terre, un enfant d’une voix aigrelette chantait
« Mille anges divins
Mille séraphins
Volent à l'entour
De ce grand Dieu d'amour »

Jacques Brel - Dites, si c'était Vrai (Poème) 1958

Commentaires
Y
Beaucoup de pudeur et de tendresse dans ce texte. De l'espoir aussi. Peut être faudrait-il une autre naissance pour que la lumière revienne sur terre.
Répondre
J
Une nativité moderne, pourquoi pas ! Sans portable, comment vivre ! Comment on a fait pour s'en passer pendant des millénaires ? Dire qu'il y a 40 ans, il n'existait pas…<br /> <br /> Hier, j'étais sur la route et j'ai rebroussé chemin au bout de 5Km, n'imaginant pas être sans mon portable, portable qui était en charge...Hier, c'était justement aussi l'annif de ma petite fille. Je pensais qu'elle aurait droit à un portable, maintenant qu'elle est en 6e. J'ai posé la question à sa mère "N va avoir droit à un portable en cadeau ?" "non, j'ai vu l'exemple avec les 2 autres qui ont le nez scotché dessus. On peut se parler et elle n'en demande pas.<br /> <br /> Texte bien agréable à lire, comme d'hab..
Répondre
L
Cette Nativité me semble terriblement prémonitoire...<br /> <br /> A rapprocher de "Dites, si c'était Vrai" de Jacques Brel autant que de la chanson "Les loups sont entrés dans Paris" d'Albert Vidalie (Serge Reggiani 1967, ce qui ne nous rajeunit pas...)<br /> <br /> Bref, j'ai beaucoup aimé.
Répondre
H
Que voila un texte poétique.
Répondre
Rêveries
Rêveries
Newsletter
CINÉMA

- Mais... c'est l'intervention de cette grosse femme... C'est un ptit peu... enfin... ça va très loin.
- C'est là que je me rends compte que malheureusement, je vous ai beaucoup moins bien réussi que le porc.

Pierre et Thérèse.
Le père Noël est une ordure 

 

Lecture
GUERRE

Valéry

Archives