Il ouvrit la fenêtre et hurla: "L'hiver, c'est l'hiver". L'écho propagea aux quatre points cardinaux: "L'hiver, c'est l'hiver". Pendant la nuit, alors que tout dormait, une fine couche de neige est tombée sur le Gurten et les collines voisines. Cette première neige à englouti la fin des temps. Une fin des temps qui, cette année, a été belle. Traversée de soleil,de brouillard et de pluie, elle a eu une vie exceptionnellement longue. Chaque année, c'est le suspens, une neige précoce pourrait nous priver de ces moments magiques où la nature, achevant son cycle, est immobile, comme en attente. Dans les campagnes silencieuses, seul le cri des corbeaux se fait entendre, les champs sont déserts. La neige effacera ce décor de silhouettes décharnées et tordues que sont les arbres nus. La nature semblera sommeiller, mais elle prépare sa renaissance..
L'hiver est arrivé pendant la ronde nocturne des chats, qui ont autre chose à penser qu'aux chutes de neige sur le Gurten. Ils ont des statistiques à remplir, des objectifs de souris à atteindre. La vie d'un chat, qui nous semble une vie de rêve, est un enfer. Les DRH sont impitoyables. Mal organisés, les félins n'ont pas de syndicats et ne perçoivent pas d'indemnités de chômage.
L'hiver est arrivé et nous avons organisé, en urgence, le rapatriement des plantes en pot du potager. On creva les chevaux et en une grande heure, les pélargoniums, les camélias, le fuchsia et le gardénia furent installés pour la journée devant la maison. En début de soirée, alors que le mercure chutait, tout ce jardin en pot prit ses quartiers d'hiver dans la buanderie. Une fois de plus, le gardénia était sauvé ICI.
Une neige timide tomba sur la ville fédérale vers 18H30...
Photos; A gauche, les collines enneigées - A droite, Le Gurten avec la neige - En bas, il neige à Berne