Les Rois
Aujourd'hui, c'est l'Épiphanie
Aujourd'hui, c'est l'Épiphanie
Il neigeait, hier soir vers 11 heures.
Ce matin, en ouvrant les volets, le décor était blanc... Le Ville fédérale sommeillait sous une fine couverture de flocons. Une couverture qui fondra rapidement dans le centre.
Sur les hauteurs, la neige ravi les enfants, qui font des combats de chevalerie dans une impasse sous le regard effrayé de Léo, le chaton jaune...
C'est mardi, jour de marché sur la Place fédérale. Le marchand de pommes propose un choix important du fruit préféré des suisses
Jean-Roger Caussimon est un auteur-compositeur-interprète et acteur français, né le 24 juillet 1918 dans le 14e arrondissement de Paris et mort le 20 octobre 1985 dans le 13e arrondissement. Il est notamment l'auteur de la chanson Monsieur William, mise en musique et popularisée par son ami Léo Ferré.
Jean-Roger Caussimon - Les cœurs purs
Les cœurs purs
paroles : Jean-Roger Caussimon
musique : Eric Robrecht
1959
Ils ne sont pas encore amis
Des notaires et des notables
Ils ne sont pas encore admis
A dîner, le soir, à leur table
Ils ne sont pas encore polis
Comme Papa le fut toujours
Ils ne sont pas encore salis
Par les combines au jour le jour...
Mais on leur dit que ça viendra
Et, bien sûr, ils ne le croient pas
Les coeurs purs
Les coeurs purs...
Ils ne sont pas encore rusés
Ni blasés d'être un peu bohèmes
Ils ne sont pas encore usés
Par le métro des matins blêmes
Ils ne sont pas encore conscrits
Bien qu'ils soient souvent "engagés"
Ils ne sont pas encore inscrits
Ni au chômage, ni aux congés...
Mais on leur dit que ça viendra
Et, bien sûr, ils ne le croient pas
Les coeurs purs
Les coeurs purs...
Ils ne sont pas encore lassés
D'écouter chanter leur idole
Ils ne sont pas encore blessés
Par le Temps qui tant nous désole
Ils chantent des "songs" sur un banc
Ils n'ont pas honte de la rue
Ils ne sont pas encore perdants
Ils ne sont pas encore perdus...
Mais on leur dit que ça viendra
Et, bien sûr, ils ne le croient pas
Les coeurs purs
Les coeurs purs...
Novembre s’achève dans le froid.
Le mercure passe sous la barre du zéro degré…
Pour se réchauffer, il faut s'engouffrer dans la salle de l'Adriano's bar, choisir le banc sous lequel les tuyaux du radiateur, chauffés à blanc, tentent de rivaliser avec les chaleurs de l’été… On peut alors disséquer son spleen en buvant des doppio Malabar. La lecture de la presse du jour plonge l'esprit dans la terreur!
Une carte de A., jetée pêle-mêle, avec les factures ordinaires, dans la boîte aux lettres, me donne l'envie de répondre sur le champ. Cloué au lit, rongé par la vieillesse, lui, a des mots plus crus pour évoquer son état, il se plaint gentiment de l'assèchement du réservoir de ma plume...
Cet appel au secours laisse songeur. D’un côté, il y a cette correspondance, commencée il y a plus de 20 ans, avec mon ami A. Un échange de lettres et de cartes qui rythme les saisons. De l'autre côté, il y a une vie virtuelle, envahissante, qui bien souvent flatte l'égo. Ces sirènes d'un nouveau temps retiennent captif leur victime par des artifices grotesques, qui gonfle d'orgueil l'imprudent voyageur qui chemine sur la toile électronique. Elles laissent miroiter au pauvre hère, une notoriété universelle, des millions de suiveurs, des tonnes de « j'aime » au bas de chaque photo publiées, une vie sociale en « live » partagée avec des centaines d'amis, la moindre miette de pain est une nouvelle importante, objet de toutes les attentions, elle sera balancée sur les réseaux sociaux sous forme de pixels de divers formats!
Mon ami A. est totalement ignorant des applications qui permettent de gonfler le compteur de suiveurs, des algorithmes qui en une fraction de seconde savent tout de notre vie et nous bombardent de publicités ciblées.
Je vais saisir ma plume et essayer de raconter à mon vieil ami, de façon poétique, ce fatras électronique qui peu à peu englue nos esprits vers une pensée unique…
Le soleil se fout complètement de ces histoires d'adresses IP. Il se couche en beauté alors qu'un avion emporte au loin le dernier carré de nos libertés.
Dimanche 28 février 2016
Un bouquet de jonquilles, installé dans un vase couleur printemps, posé sur le guéridon du salon de l’appartement des papillons, illumine le spleen de fin d’hiver. On dirait un soleil égaré de son orbite. Le monsieur de la météo, qui distille des informations sur les chaînes de télévision, prévoit une tempête de neige lundi. Les flocons tourbillonneront dans les airs avant de blanchir le paysage. Après des records de chaleur pour un mois de février, le mercure, dimanche passé, est monté dans son tube de verre jusqu’à la graduation 17 du côté de la Ville fédérale, pour ensuite, fatigué de cette audace, retomber comme un soufflé aux fruits de mer sorti trop tôt du four, dans le tréfonds du thermomètre.
La nature est épuisée par les sautes d’humeur du général hiver incapable de discipliner ses troupes. Les bourgeons s’ouvrent, se ferment, s’ouvrent…
(De notre envoyé spécial)Les 3 chats de Rubynessa (ICI)ont décampé à la faveur de la nuit. Ils vont rejoindre la bande de félins qui sévit sur les pentes du Mont-Blanc (ICI). Ils ont sauté dans un hélicoptère qui faisait du rase motte sur leur terrain de jeu, la terrasse de Ruby. La maîtresse de maison est au bord de la crise de nerf.
Comme la terre entière le sait, Horatio a 12 ans. Il est parti sans sa cortisone. Un médicament qu'il doit prendre avec régularité. Ça lui redonne de l'énergie et lui permet d'imiter 007 dans des cascades à couper le souffle. L'inconvénient, c'est que ce médicament lui donne des pieds de poule, qu'il se prend pour un coq et que ses cocoricos réveillent tout le canton de Fribourg dès l'aube naissante.
Moustique, surnommé Moustique national, ses frasques sont connues dans tout le pays, est muni d'un GPS. Pendant l'Été, le bel été, il prend la clef des champs. Il vit une vie de patachon dans la campagne à la saison des fenaisons.
La timide Baghi, après une seconde d'hésitation, elle qui passe ses journées à observer le monde depuis le canapé, d'un bond a sauté dans l'hélicoptère pour rejoindre ses frère d'arme.
Ruby, penchée sur son ordinateur suit les aventures de ses félins à la trace. Le GPS envoie des signaux bleus sur l'écran plasma indiquant le trajet de la machine volante.
Aux dernières nouvelles, les 3 chats ont bâillonné et ligoté le pilote et ils ont pris les commandes de l'hélico. Ils ont mis le cap sur le Mont-Blanc. Ils ont envoyé un égoportrait sur lequel on peut les admirer tirant la langue (ICI)
Notre envoyé spécial précise, à l'attention de Ruby, qu'Horatio trouvera une pharmacie du côté de Chamonix. Il suffira de faxer l'ordonnance et d'envoyer les valises par porteur spécial.
Affaire à suivre...
Il pleut à averse sur la Ville fédérale.
La nuit s'installe.
Les chats du quartier de l'appartement des papillons, en vacances aux sports d'hiver, ils font de la glisse sur les pistes du Mont-Blanc, ont envoyé une carte postale. Seule la signature est lisible. C'est l'empreinte d'une patte. Le texte est envoyé sous pli cacheté chez un traducteur. Il est impossible de lire ces hiéroglyphes. Ces chats sont givrés...
Il est l'heure de déguster un esquimau.
Entre-acte.
Le vase où meurt cette verveine
D'un coup d'éventail fut fêlé;
Le coup dut effleurer à peine:
Aucun bruit ne l'a révélé.
Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
D'une marche invisible et sûre
En a fait lentement le tour.
Son eau fraîche a fui goutte à goutte,
Le suc des fleurs s'est épuisé;
Personne encore ne s'en doute;
N'y touchez pas, il est brisé.
Souvent aussi la main qu'on aime,
Effleurant le coeur, le meurtrit;
Puis le coeur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt;
Toujours intact aux yeux du monde,
Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde;
Il est brisé, n'y touchez pas.
René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907)
C'est un bouquet printanier qui inaugure le vase offert par Magnolia. Une faïence de Charolles peinte à la main. Ce bouquet printanier pourrait chasser l'hiver. Un hiver qui vagabonde entre neige, bise et chaleur...
Le patineur
Dans une ville où je passais,
Bien au Nord du mois de juillet
Sur un grand lac, un lac gelé,
Un homme en noir glissait glissait
Il avait un drôle d'habit noir
Qui avait dû faire des grands soir
De l'Autriche et de la Hongrie
quand elles étaient réunies
C'était un échassier bizarre,
Il ne sort pas de ma mémoir
Sur une jambe et jusqu'au soir
Il glissait là sur son miroir
Il patinait, il patinait;
Sur une jambe il patinait
Et puis la nuit est arrivée
Il lui a fallu s'arrêter
Car les enfants devaient rentrer
Le spectacle était terminé
Une belle femme aux cheveux blancs
Est venue vers lui gentiment
Mettre une canne dans sa main
Et un long manteau sur ses reins
C'était un échassier bizarre,
Il ne sort pas de ma mémoir
Sur une jambe et jusqu'au soir
Il glissait là sur son miroir
Il patinait, il patinait,
Sur une jambe il patinait
Dans une ville où je passais
Bien au Nord du mois de juillet
Sur un grand lac, un lac gelé,
Un homme en noir boitait boitait
Il patinait, il patinait, sur une jambe il patinait
Le Patineur est un tableau peint par Gilbert Stuart en 1782. Il mesure 245,5 cm de haut sur 147,4 cm de large. Il est conservé à la National Gallery of Art à Washington, aux États-Unis.
Chaque année, une petite patinoire portative est installée, pour quelques semaines, sur la Place fédérale, en face du Palais fédéral (Parlement). Les patineurs font des arabesques sur la glace avec leurs patins ou en louent sur place. Un café, sous tente, permet de se réchauffer après le sport ou en attendant que la bise s'en aille...
(Photos de la patinoire prisent par Ric et transmisent via I-Truc le 16 fév.16)
Dans le petit jardin de l'appartement aux papillons, un perce-neige va fleurir, tandis que l'hellébore niger est en fin de floraison...
Quelques floraisons, vues dans la ville fédérale, ce dimanche pluvieux, un hamamélis aux couleurs magnifiques, une viorne parfumée, un jasmin d'hiver et la floraison d'un noisetier... Sans oublier l'élégante dépouille d'un hortensia bonnet de grand-mère...
Le noisetier fleurit pendant l'hiver. Pour pallier l'abscence d'insectes, c'est le vent qui transporte le pollen. L'hamamélis, la viorne et le jasmin d'hiver fleurissent en hiver dès le moindre redoux.
La balade dans la campagne de Wabern fut morne et grise, accompagnée d'une pluie persistante.
(De notre envoyé spécial) Les chats ont déserté le quartier. Ils sont partis en autocar faire du ski dans les Alpes. Ils dévalent, chaussés de skis, de surfs, ou de patinettes, les pentes du Mont-Blanc. L'Angora turc de ma soeur, pour se distinguer des autres, fait du monoski. Un moyen de skier très à la mode dans les années 1960. Un peu périlleux pour un skieur à quatre pattes. Des chatons de riche, qui miaulent en cyrillique, se font déposer au sommet de la perle des Alpes en hélicoptère.
Les journées se passent en de joyeuses descentes dans un nuage de neige soulevée par la gente féline. Prudents, le skieurs confirmés, les profs et leurs élèves débutants se cachent derrières les sapins à l'approche de cette avalanche de poil de toutes races. Les loups égarés dans la région hurlent à la mort en voyant ce dîner dévaler les pistes noires.
Le soir, après de copieux apéritifs et des repas sortis des sacs à dos, généralement du rôt de souris lyophilisé, les fauves, écrasés de fatigue font une courte sieste. Ils rêvent à "Titi et Gros Minet", un classique des années 1960.
Vers minuit, ils sortent. Ils vont dans une boîte de jazz tenue par un matou jaune, un peu escroc par passion. Il est en relation avec la pègre de Chicago. Il faut montrer patte blanche pour entrer dans ce lieu à la mode, connu des chats du monde entier. WhatsChat, FaceChat ou TripRats, une application qui note les meilleurs lieux de chasse, ne tarissent pas d'éloges pour cette boîte de jazz installée dans un vieux container rouillé, abandonné dans le cul d'un sac.
Les chats boivent des boissons qui font des bulles millésimées, dansent des cha cha cha effrénés en fumant des Havanes ou des Gitanes.
Au petit matin, ivres mort, ronflants sur la chaussée enneigées, les félins sont jetés dans un panier à salade par le concierge du Palace voisin et se retrouvent à la fourrière. Ils cuvent le jus de raisin bu sans discernement pendant la nuit. Analphabètes, les chats ne savent pas que la fumée tue, qu'il faut boire avec modération et bouffer cinq fruits et légumes par jour. Ces carnivores font la nique au régime. Ils déguerpissent par une discrète chatière... Ils ont une gueule de bois carabinée et on peut, rivé à de puissantes jumelle, les voir zigzaguer sur les flancs du Mont Blanc...